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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 18:08

 

Merci à Daniel Calin pour avoir relayé ce nécessaire coup de gueule d’un rééducateur.


"À l'attention des collègues, des collègues spécialisés psychologues scolaires, maîtres E et G des Réseaux d'Aides aux Elèves en Difficulté (RASED)

Manifestement, beaucoup de choses sont jouées depuis longtemps quant à la volonté de V. PEILLON et son équipe par rapport aux RASED. En période électorale, ils dénoncèrent les attaques du précédent pouvoir.
Mais, nous l'avions tous noté, rien de clair ne se dessinait en termes de propositions concrètes, le flou régnait. Voire, lors de plusieurs interventions PEILLON ou JULLIARD, leur méconnaissance feinte ou réelle des RASED laissait pantois. Tout indiquait qu'ils étaient porteurs d'un projet dans lequel ce dispositif n'existait pas.

Ce "projet pour l'école" est désormais dévoilé.

Aucune place n'est "réservée" aux RASED à l'exception d'une porte de sortie avec l'histoire du "plus de maîtres que de classes".

Tous en classe puisque, comme disait la rapporteuse du Comité de pilotage "Refondons l'école" Mme MONS, lorsqu'on sort les élèves en difficulté de la classe, ils s'en trouvent "complètement perdus au bout du compte". Sur quoi s'étayaient les propos de cette universitaire en sociologie ? Mystère… sans doute sur une prémonition : les conclusions de la tournée éclair des IGEN la troisième semaine d'octobre ! Ou plus sûrement sur sa connaissance des mesures concrètes projetées par ses amis pour les mois à venir.

Nous comprenons bien que Mme MONS énonce non à titre d'hypothèse mais à titre d'évidence l'inutilité future et passée des RASED. Non seulement les RASED n'ont plus leur place pour donner une chance aux élèves en difficulté, mais de surcroît les actions conduites ont été nuisibles "au bout du compte". Chacun appréciera ici :
- la violence des propos qui balaient en quelques "idées" simplifiantes le sens et le bien fondé de toute action spécialisée,
- le sort déjà réglé des RASED, avant même la pseudo évaluation amorcée quelques jours après l'émission du 6 octobre.

Tout cela semble donc cousu de fil blanc : le "plus de maîtres que de classes " a toujours impliqué "l'absorption budgétaire" des maîtres spécialisés, par tous ceux qui l'ont promu, quels qu'ils soient. Ce "plus de maîtres…" (qui concernera bien sûr un "nombre limité de classes"... à peu près le nombre de spécialisés restants ?) résonne agréablement en termes de communication.




Nous revivons exactement la même situation qu'en 2008 et l'annonce Darcos de suppression en trois ans de tous les personnels RASED : un pouvoir sûr de son fait, ignorant et/ou méprisant nos pratiques, arrondit le budget sur le dos des plus faibles. L'enrobage est différent. À l'époque l'A.P. se substituait aux RASED, désormais ce sera le "plus de maîtres…" et les devoirs réalisés en classe entière entre 15h30 et 16h30, comme l'a annoncé le 19/10 V. PEILLON. Deux mesures qui… prêtent à rire et à révolte tout pédagogue un tant soit peu averti des réalités d'une classe, des réalités de la grande difficulté scolaire. Comme je l'écrivais à l'attention de X. Darcos, des arguments ou des stratégies qui "sonnent" bien autour de la machine à café mais résistent à l'évidence du terrain.

Comme à l'époque Darcos/Chatel, nous devons affirmer nos identités professionnelles, dénoncer la mascarade. Placer un maître spécialisé en surnuméraire, dans une classe consiste à lui ôter toutes ses spécificités professionnelles en matière d'aide à l'élève en difficulté et à nier la diversité des difficultés scolaires qui exigent des traitements différenciés.
C'est vrai pour les maîtres E dont les techniques reposent sur la dynamique refondatrice d'un groupe restreint, c'est vrai pour les maîtres G dont aucune des stratégies professionnelles ne saurait s'exercer dans la classe. À nous de développer ces vérités, nous y sommes bien entraînés depuis des mois et des mois. Nous l'avons d'ailleurs tellement explicité que l'ignorance de V. PEILLON et autres décideurs ne saurait être crédible.

Quant à nos chances de réussite, quant aux soutiens que nous allons obtenir auprès des collègues, des syndicats, des fédérations de parents, des élus ? Comme ces dernières années, ils seront proportionnels à la portée, à la violence de nos attaques, tout particulièrement autour de l'inadéquation totale, évidente entre le "plus de maîtres que de classes" et les actions des maîtres spécialisés RASED.


Pour info précise :

1. 6 octobre 2012, transcription littérale des propos de Nathalie Mons, rapporteuse Comité "Refondons l'école", émission Rue des Écoles, France Culture, :
" … mettre en place des pédagogies qui sont autres, par exemple du suivi d'élèves en difficulté dans la classe alors que jusqu'à maintenant on les sortait de la classe et donc ils étaient complètement perdus au bout du compte."

2. 14 octobre 2012, transcription littérale des propos de V. Peillon, émission Tous politiques, France Inter
" … des RASED nous en avons déjà recréé une centaines de postes sur les mille qu'on avait là, là je veux qu'on organise mieux le "plus de maîtres que de classes" qui a été évoqué par Maryline Baumard tout à l'heure, puisque ce sera de l'aide à l'intérieur de la classe avec les missions des RASED. J'ai demandé une mission de réflexion, ce sera au menu des discussions avec les organisations représentatives des personnels "

3. 18 et 19 octobre 2012 : la "mission de réflexion" : enquête des IGEN auprès de quelques RASED au niveau national (très peu, a priori), conclusions à remettre début novembre
".

(Je remercie le collègue rééducateur pour n’avoir pas séparé les collègues E, G et psy)

 

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