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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 18:29

La centaine de sans-papiers qui occupait depuis une dizaine de jours l’église réformée de Fives en a été expulsé le 4 décembre par un dispositif policier écrasant. Ce faisant, le préfet du Nord et Manuel Valls s’inscrivent parfaitement dans la continuité de la politique sarkoziste. Les sans-papiers réclament des régularisations et la réadmission du CSP59 aux commissions mensuelles d’argumentation des dossiers en préfecture.

L’opération aura duré trois heures. Trois heures pendant lesquelles le quartier est resté bouclé, verrouillé par plus d’une centaine de policiers en tout genre : BAC, CRS, RG, etc. (Une vingtaine de cars ont été comptés, sans parler des véhicules de services, des voitures banalisées...) C’est le GIPN qui ouvre le bal. Dans leurs habits noirs, derrière leurs lunettes de protection, sous leur casque militaire et leur cagoule de lâcheté, fusil d’assaut à la main pour certain, pied-de-biche et bélier pour d’autres, les superflics, au pas de course, apportent d’entrée une touche de violence disproportionnée face à des personnes en grève de la faim depuis trente-trois jours. Motif de leur venue relayé par « la presse » locale : l’éventualité de barricades montées aux abords ou à l’intérieur de l’église pour empêcher l’expulsion... Une fois de plus, un crédit accordé facilement par la connivence des journalistes de Nord Éclair et de La Voix du Nord avec leurs camarades policiers. Les presbytériens du temple occupé par les sans-papiers sont restés en contact permanent avec les grévistes et s’il y avait eu des barricades, ils les auraient vues.

Les sans-papiers sont d’abord triés : les valides, les invalides. Les premiers sont sommés de quitter les lieux, sinon la police les sortira manu militari et procèdera à des arrestations. Les seconds sont pris en charge par les services de secours des pompiers et du SAMU, les deux services étant mobilisés toute la soirée pour l’occasion. C’est dans la rue et sous la pluie, au sol, enroulés dans leurs couvertures épaisses, que les sans-papiers attendront que tou-tes leurs camarades soient sortis indemnes du temple. On peut lire la fatigue sur leurs visages amaigris. Certaines personnes sont méconnaissables. Les traits sont tirés. À bout de force, certains pleurent. D’autres s’évanouissent. Ces hommes et ces femmes sont prêts à mourir pour des papiers, socialistes et préfecture leur demandent de bien vouloir aller mourir ailleurs. Il faudra bien sur remercier l’église réformée de Fives pour qui l’intervention des forces de l’ordre est « un soulagement ». Un soulagement qui sied parfaitement à l’indifférence et à l’obstination des pouvoirs publics.

Les sans-papiers n’étaient pas seul-es hier soir face à la police. Plus d’une centaine de personnes était venue les soutenir avec des chants et des slogans ; des encouragements adressés pour ne jamais perdre espoir. Leur présence leur vaudra d’être filmé encore et encore par toutes les polices en présence. Tous ces petits films viendront alimenter les fiches et le travail innocent de la police politique locale. Lorsque les sans-papiers sortent de l’église, ils se placent derrière les soutiens qui font tampon face à la police. Police dont le travail, dans ces circonstances dangereuses de solidarité, consiste à séparer les grévistes de leurs soutiens. Tout le monde est repoussé vers une rue annexe et isolée, afin de dégager la rue Pierre Legrand. Les grévistes, trop faibles pour marcher ou rester debout, s’allongent ou s’assoient une nouvelle fois sur le bitume froid et trempé. Un homme perd connaissance. Il faudra les huées des grévistes et des soutiens pour que des flics l’évacuent, en tenant chacun un de ses membre et manquant de peu de le laisser tomber par terre. Après cela, les soutiens sont écartés sous une marche déterminée de CRS dans leur traditionnelle tenue de Noël : bouclier et matraque à la main.

Les soutiens sont rabattus comme un troupeau de chèvres vers la place De Geyter. Une rapide pensée pour le compositeur de l’Internationale plus tard, ils sont entourés par un cordon de flics prêts à en découdre. Ils resteront là, à encercler les soutiens sans intervenir. Leur rôle est d’empêcher les soutiens d’être aux côtés des grévistes. Quel beau métier. Ils ne procéderont en fin de compte à aucune arrestation lors de cette soirée. Les pompiers évacuent les grévistes de la faim vers leur local, à quelques rues de là, où ils vont continuer à chanter et décider de la suite de leur mouvement. « Courage ! Gréviste ! La lutte continue ! »

 

 

Valenciennes, Dunkerque, Saint-Omer, Lens, Arras, Douai, Maubeuge, Calais, Fourmies... Depuis l’intervention de la police et du GIPN pour évacuer les sans-papiers du temple de Lille-Fives, les grévistes de la faim se sont dispersé-es dans les hôpitaux de la région. Au regard de leur état de santé, ils demandent à être hospitalisé-es. À défaut, certain-es sont placé-es en centre d’hébergement d’urgence ou dans des hôtels « sociaux » (parfois réquisitionnés par la préfecture, les mairies ou payées par les associations locales). Entre les mains du préfet, ils attendent que celui-ci prenne enfin ses responsabilités.

 

La bataille des hôpitaux

Cette situation d’éclatement géographique est la conséquence du refus du CHR de Lille d’hospitaliser durablement les grévistes de la faim. Aux services d’urgence de l’hôpital Salengro ou de l’hôpital Saint-Vincent, les mêmes scènes se répètent chaque jour : si les grévistes ne sont pas admis ils sont jetés dehors. Épuisé-es, ils se retrouvent parfois même à passer la nuit sur le trottoir, par -4°c. Pour eux et leurs soutiens, il faut alors bricoler de quoi affronter ce mois de décembre glacial, en attendant de se faire réadmettre.

Ce mardi 11 décembre par exemple, ils sont expulsés à 8h30 de l’hôpital Salengro avant d’être rabattus de force vers la station de métro Calmette par le service de sécurité de l’hôpital. Ils y seront cueillis en milieu de journée par la police nationale qui les amène au commissariat central. Quelques heures plus tard, on apprend que l’un d’entre eux (sans doute choisi à cause de son fort caractère) a été transféré vers le Centre de rétention de Lesquin et qu’il risque l’expulsion.

 

Si tous les grévistes éparpillés dans la région ne semblent pas tou-tes exposé-es aux mêmes genres de traitements, les jours passent et les témoignages édifiants se multiplient.

À l’hôpital Salengro de Lille, un médecin demande à un gréviste pourquoi « il ne se suicide pas ». À Hazebrouck, un gréviste perfusé de force se retrouve le bras couvert de sang après que l’infirmier lui ai retiré sans ménagement l’intraveineuse...

Mensonge et indifférence

Le Comité des Sans-Papiers dénonce les effets pervers de cette situation de dispersion qui a pour effet « d’invisibiliser la grève de la faim en traitant les sans-papiers non pas comme des grévistes de la faim nécessitant une surveillance médicale, mais comme des SDF avec difficultés sociales […] Le message implicite : la grève de la faim n’existe pas ». Au vue de la couverture médiatique, on ne peut pas réellement donner tort au comité. Alors, que le dernier sujet proposé par France 3 Nord-Pas-de-Calais (et remontant déjà au 6 décembre) titre sans honte : « les sans-papiers grévistes de la faim ont tenté d’envahir le service des urgences », Grand Lille TV de son côté, déclare ce mercredi 12 décembre que « Les grévistes squattent les trottoirs de l’hôpital Saint-Vincent ». On se demande si c’est la préfecture qui donne des ordres ou si ce sont les journalistes qui se comportent eux-mêmes comme de vulgaires flics.

 

Faut-il mourir pour avoir des papiers ?

 

En attendant que les journalistes fassent réellement leur boulot, les grévistes écopent et les organismes trinquent. Certain-es vomissent du sang, d’autres sont contraint-es d’arrêter la lutte pour ménager leurs reins. Pour les autres, la détermination demeure, mais les risques d’accident se font de plus en plus importants. Le préfet, dans sa grande mansuétude, promet de recevoir le CSP dans cinq jours (cinq jours !) pour étudier la liste des grévistes. En attendant, sa stratégie d’intimidation se poursuit, par -4°c dehors et jusque dans les centres de rétention : dans la matinée de ce jeudi 13 décembre, deux autres grévistes étaient embarqués par la police devant le CHR Calmette. L’un d’eux, placé en centre de rétention, s’y trouve toujours (tandis qu’un autre a été libéré par le tribunal administratif ce vendredi).

Le préfet, seul responsable de cette situation dangereuse qui dure déjà depuis trop longtemps, fait payer aux grévistes le prix de sa surdité ; mais les sans-papiers ont manifesté – et manifestent encore –, les sans-papiers ont occupé – et occuperont encore. Ils poursuivront leur grève de la faim, mobilisés avec leur soutien, pour la régularisation.

 

 

source textes : la brique 2 


 

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14 décembre 2012 5 14 /12 /décembre /2012 20:16
 
Ils ont 3, 4 ou 10 ans et regardent le monde au travers d’un Ipad, doudou glacé qui fleure bon la « modernité ». Pour l’industrie technologique, l’enfance se pense à l’ombre des machines, innovations qualifiées de nécessaires par la bien-pensance scientiste et introduites sans recul sur le marché des marmots.
Retour sur l’apparition du numérique dans l’aire du jeu et de l’apprentissage.
À propos d’éducation immatérielle et de délires matérialistes
« Parce que notre monde vit une mutation de nature comparable à ce qui s’est passé avec l’imprimerie, parce que toute la société, les sciences, la vie quotidienne et économique sont aujourd’hui conditionnées par ces bouleversements, l’École doit aujourd’hui pleinement entrer dans l’ère du numérique. »
Refondons l’école de la République », rapport remis au président de la République le 9 octobre 2011).
« Mieux vaut laisser son enfant morveux que de lui arracher le nez. »
(Montaigne, Essais).
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Nous sommes en 2004. Des hommes se lèvent, mûrs, aux joues granitées. Grattage de nez, sifflotements, fée électricité – une nouvelle journée. Se rasent, enfilent leur costume de Grands responsables, cravate en option, douche, café, emails, cellulaire, taxi, pensées fugitives, travail. Ils s’appellent Pierre, Olivier, Jean-Claude ou Laurent. Tous sont présidents ou directeurs d’entreprises du secteur micro-électronique et participent au Groupement professionnel des industries de composants et de systèmes électroniques, le Gixel. Le plus naturellement du monde, ils veulent faire prospérer les quelque 32 000 emplois et 4 milliards de chiffre d’affaires qu’ils représentent en France. Pour cela, et parce qu’ils ne se sentent pas les coudées assez franches, ils écrivent un Livre bleu, consistant en une série de recommandations à l’adresse du gouvernement pour développer le marché des circuits imprimés, composants d’interconnexion et autres cartes à puce. Parmi leurs propositions, l’une fit grand bruit, et reste bien connue chez celles et ceux qui s’interrogent sur la portée politique des nouvelles technologies :
« Acceptation par la population : La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles. Plusieurs méthodes devront être développées par les pouvoirs publics et les industriels pour faire accepter la biométrie. Elles devront être accompagnées d’un effort de convivialité par une reconnaissance de la personne et par l’apport de fonctionnalités attrayantes :
– Éducation dès l’école maternelle, les enfants utilisent cette technologie pour rentrer dans l’école, en sortir, déjeuner à la cantine, et les parents ou leurs représentants s’identifieront pour aller chercher les enfants.– Introduction dans des biens de consommation, de confort ou des jeux : téléphone portable, ordinateur, voiture, domotique, jeux vidéo – Développer les services « cardless » à la banque, au supermarché, dans les transports, pour l’accès Internet, ...
La même approche ne peut pas être prise pour faire accepter les technologies de surveillance et de contrôle, il faudra probablement recourir à la persuasion et à la réglementation en démontrant l’apport de ces technologies à la sérénité des populations et en minimisant la gêne occasionnée. Là encore, l’électronique et l’informatique peuvent contribuer largement à cette tâche. »
Des hommes qui se lèvent donc le matin pour « faire accepter » leurs produits de surveillance high-tech, par un dressage organisé des enfants dès le plus jeune âge – si l’on peut parfois imaginer un tel cynisme de la part des industriels, on en voit rarement la trace écrite. Suite aux remous occasionnés par la diffusion de ce texte dans l’espace public, il fut retiré du site du Gixel. En s’autocensurant, Pierre, Olivier, Jean-Claude ou Laurent ont-ils pensé que leur conception de l’enfance manquait de sensibilité ou que leur stratégie de communication avait foiré, nous ne le saurons jamais.
En 2012, des femmes se lèvent, modernes, aux joues satinées. Grattage de nez, fredonnements, fée électricité – une journée de septembre. Se maquillent, enfilent leur costume de Grandes responsables, tailleur en option, douche, café, emails, smartphone, taxi, pensées vagabondes, travail. Elles s’appellent Françoise, Loumia, Marie-Louise ou Isabelle. Elles sont présidentes, journalistes ou directrices dans de grands groupes et participent ensemble à un site d’actualité pour les femmes : Terrafemina
5. Cette plateforme internet a été créée par Véronique, qui participe par ailleurs au Forum des femmes pour l’économie et la société, surnommé le « Davos des femmes », en référence au Forum économique mondial, rendez-vous annuel des décideurs du monde entier pour faire avancer le libéralisme du XXIe siècle.
Que ce soit avec l’Agence France presse (AFP), ou avec le géant des télécoms Orange, elles ont mis en place un « Observatoire » des tendances, sorte de benchmarking à la française. Une veille stratégique pour ne pas finir dans les placards de l’économie : rester updated, c’est vital de nos jours. Parfois, elles partagent un bon repas, servies par une flopée de domestiques dans un bel appartement parisien, et diffusent leurs discussions sous forme de vidéo-clips sur le site Terrafemina .
Sur le thème du numérique, on voit par exemple Hélène, directrice exécutive de Mediapart et Nathalie, de Tendances institut, papotant avec d’autres copines de « l’intelligence féminine » développée sur internet, et des nouveaux services qui facilitent la vie, comme commander ses surgelés bio en ligne : « Ça rationalise complètement la productivité en entreprise, on peut faire nos courses, rentrer le soir, elles sont livrées. (…) Les femmes s’approprient cet univers-là, parce que ça nous donne une liberté incroyable et puis surtout ça nous fait gagner un temps fou. » Elles sourient, c’est frais, ça sonne comme un renouveau de l’émancipation des femmes, enfin libérées de la corvée des courses par Intermarché.com.
Autre tâche dont les nouvelles technologies peuvent affranchir les femmes : l’éducation des enfants. Comprenez que lorsqu’on veut diriger le monde et être maman, la vie n’est pas facile. Les papas refusent toujours de s’en occuper7, affairés qu’ils sont à boursicoter ou à jouer à la PSP ; et depuis qu’on répond à ses mails sur son iPhone en même temps qu’on fourre le biberon au micro-ondes, il devient difficile de concilier flexibilité professionnelle et devoirs familiaux. Pour remédier aux affres de la modernité, Orange et Terrafemina proposent des solutions, qu’ils déroulent dans une enquête réalisée en partenariat avec l’institut de sondages CSA et le Treize Articles Weblab : « Tablette tactile : la nouvelle nounou ?».
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Le document de synthèse s’adresse aux « Super parents », et leur présente des « applis pour parents parfaits » que l’on peut aujourd’hui télécharger sur sa tablette – type Ipad. Le « Traducteur de pleurs », par exemple, analyse et identifie les larmes du chérubin, puis donne des conseils pour le faire cesser. D’autres applications permettent à la famille d’être « virtuellement unie », en étant « présents à distance » : on peut ainsi « numériser sa vie de famille », éviter de « parler à son ex-mari » grâce à un planning interactif, « raconter une histoire sans être présent », découvrir les joies du « e-câlin », programmer une image de réveil qui signale à l’enfant qu’il peut sortir du lit, etc. Grâce à ces applications téléchargées sur une tablette tactile moyennant quelques euros, on peut offrir aux petits un « environnement très dématérialisé », où le « doudou n’est plus si doux » et la « Barbie n’a plus le goût de plastique » puisqu’ils s’animent sur écran. Françoise, Loumia, Marie-Louise ou Isabelle de Terrafemina aiment leurs enfants. Elles leur collent un Ipad dans les pattes, pour qu’ils étreignent leur doudou virtuel et s’en vont affronter la jungle du marché, le cœur léger, sûres de n’être importunées par leur lourdaud d’ex-mari que par tablette interposée.
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Un enfant en couche-culotte absorbé par un Ipad : Donald Winnicott, pédiatre et psychanalyste mort en 1971, serait sûrement resté dubitatif devant la scène. Dans son livre le plus connu, Jeu et réalité, il étudie comment le nourrisson passe par une phase essentielle pour la constitution de sa subjectivité : suite au rapport fusionnel qu’il entretient dès la naissance avec sa mère, le bébé crée un « espace transitionnel » en portant son attention sur des « objets » (le pouce, le nounours ou le doudou), qui introduisent une distance et un jeu avec l’extérieur, c’est-à-dire avec autre chose que lui-même. Ici se jouent donc la fabrique de l’altérité, du fantasme ou encore du sentiment d’indépendance. Que cet espace soit rempli par une machine programmée par Apple et Orange n’inquiète pourtant pas Hélène et Nathalie, ce sont des mères sereines. Comme le dit le document de Terrafemina, leurs enfants sont « sous contrôle », ils « n’auront plus de secrets » puisque « Big Brother, c’est vous ! » Leur bébé est « sous surveillance standard » ou « sous surveillance premium » grâce au « super baby phone connecté » qui leur permet de « conserver l’historique du sommeil de bébé ». Quand leur enfant grandit, elles bénéficient d’un « suivi scolaire au bout des doigts », grâce au cahier de textes numérique et leur ado sera « enfin (géo) localisé » grâce à un GPS installé dans son smartphone et la possibilité de « surveiller le contenu de ses SMS ». Ainsi, elles ont la certitude d’avoir des enfants qui « sur-performent », avec des applis qui « coachent [leurs] champions ».
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Défilent ainsi les pages du document de ce benchmarking jusqu’à l’apothéose de la conclusion, dévoilant la sève éthique de telles recherches en marketing – à méditer :
« Grâce à des applications multiples et variées destinées à la fois à faciliter la vie et à combler toutes les lacunes des parents, le numérique ouvre le chemin de l’hyper parentalité :
– omniscients, super compétents et hyper performants… les parents numériques disposent d’une multitude de solutions pour assurer leur rôle,
– ils peuvent ainsi offrir à leurs enfants hyper sollicités et archi stimulés toutes les chances de réussite…
La tablette concrétise et incarne via ses applications, les obsessions de perfection de l’époque déjà à l’œuvre dans les injonctions des magazines féminins, dans l’explosion de la littérature self-help ou des émissions de coaching à la TV... »
Le Gixel, Orange, Terrafemina ou l’AFP ne sont pas les seuls à batailler pour que les enfants soient nourris au numérique. Parmi d’autres consortiums, on peut citer l’Association française des éditeurs de logiciels et solutions internet (Afdel), Le Conseil national du numérique (CNNum, où l’on retrouve pêle-mêle Pierre, directeur exécutif d’Orange, ou Nicolas, fondateur du site d’information « engagé » Owni.fr), le Groupement des éditeurs et diffuseurs d’éducatif multimédia (Gedem) ou Cap Digital. Ce dernier se présente comme un « pôle de compétitivité de la filière des contenus et services numériques. Ses 9 communautés de domaine regroupent plus de 700 adhérents : 620 PME, 20 grands groupes, 50 établissements publics, écoles, et universités... » Lors des Assises nationales de l’éducation et de la formation numériques en 2010, le bilan que tirait Cap digital se résumait ainsi : « Les derniers travaux en sciences de l’éducation montrent le potentiel du numérique quand il est bien utilisé. (…) La place des jeunes natifs du numérique doit aussi être repensée dans ce nouveau paysage. Nous nous devons de donner une vraie réponse à leurs attentes dans ce que pourrait être “la nouvelle éducation” et à intégrer des dispositifs très tôt dans les cursus scolaires (école primaire), jusqu’aux cursus universitaires les plus poussés par la création de formations de niveau master et doctorat centrés sur le numérique afin de former dès maintenant la génération qui inventera les outils et les pédagogies innovantes de demain. » Un énoncé prophétique à comparer deux ans plus tard avec le discours de Vincent Peillon, actuel ministre de l’Éducation nationale, après sa prise de fonction : « Préparer les jeunes, travailleurs de demain, citoyens de demain, hommes et femmes complets de demain, à la société dans laquelle ils vont vivre, qui est considérablement modifiée et qui peut être considérablement améliorée, du point de vue même des valeurs républicaines, par le numérique et par l’internet. Il appartient donc à l’école de se saisir pleinement de cette révolution, dont je considère qu’elle est aussi importante que la révolution du livre ou la révolution industrielle. (...) On peut dématérialiser, on le fait d’ailleurs déjà pour une partie des relations et des apprentissages. Notre École n’est plus définie uniquement par l’enceinte matérielle qui est la sienne. »
Faire une étude comparative des discours industriels et gouvernementaux des quinze dernières années au sujet de l’économie numérique montre un parallèle saisissant, où le politique se contente d’appliquer les propositions émanant du secteur économique, avec un simple enrobage de notions morales et de valorisation républicaine par-ci par-là. Il suffit de parcourir le site actuel de l’Éducation nationale au volet Technologies de l’information et de la communication (TIC) : tout ce qui existe officiellement aujourd’hui dans l’école correspond point par point au programme de relance économique des lobbies numériques énoncés depuis le début des années 2000. Plus de 4000 collèges et lycées disposent d’un Environnement numérique de travail (ENT), le cahier de textes numérique est devenu obligatoire en 2011, les manuels scolaires numériques sont expérimentés dans presque la moitié des académies, les classes qui utilisent des tablettes numériques Ipad ou autres se multiplient à vitesse grand V, les « serious games » sont vendus à grand renfort de slogans pédagogiques pour aider ludiquement les professeurs dans leur austère mission, etc. Par ailleurs, on peut se demander comment résister à l’ordinateur en classe lorsqu’on regarde les arguments délivrés par exemple par la région Languedoc Roussillon : non seulement l’informatique supprime l’ennui des élèves, mais il permet en outre de draguer entre deux cours virtuels :
Cette numérisation de l’école a son héraut : François Hollande, qui, avant d’être Président de la République, dirigeait le conseil général de Corrèze, où tous les élèves de 5e, 4e et 3e et tous les enseignants ont été pourvus d’un ordinateur portable sous son mandat. Depuis 2010, des Ipad sont distribués gratuitement aux élèves de 6e. Sur le site de la région, on peut lire les arguments qui ont poussé à un tel choix : « L’iPad a été choisi car il présente plusieurs avantages par rapport à l’ordinateur portable : il mesure 13,4 mm d’épaisseur pour un poids de 680 grammes — ce qui le rend plus fin et plus léger que n’importe quel ordinateur portable ou netbook. L’écran haute résolution et très réactif de l’iPad... », etc. Une plaquette de pub en guise de philosophie de la pédagogie, qui permet de mieux comprendre les enjeux du discours emphatique du nouveau Président en octobre 2012 : « L’école du futur ça commence par les nouvelles technologies. (...) Donc nous devrons, vous devrez adapter vos façons de faire et utiliser ces technologies comme un levier de changement, d’ouverture. (...) Je demande au Gouvernement de prendre rapidement les initiatives pour donner à ce que l’on appelle l’e-éducation, la dimension qui doit être la sienne. Le Gouvernement donnera tous les moyens pour déployer ces ressources et réussir à relever ce beau défi du numérique. Nous ne manquerons pas le rendez-vous. Et nous devrons inscrire la devise de la République, présente sur les frontons de toutes nos écoles, dans les territoires numériques éducatifs du XXIe siècle. »
C’est éloquent, c’est moderne. Apple aime. Orange aussi. Le Gixel jubile. Terrafemina en redemande. Après de nombreuses années passées à rédiger des rapports, des recommandations, et à créer des observatoires et des instituts public/privé pour la promotion du numérique, le travail de sape a payé. En 2012, un président de gauche fraîchement élu a une priorité et une seule pour l’école : sa dématérialisation. Finies les lamentations liées à la suppression de postes dans l’Éducation nationale, aux fermetures de classes en zones rurales, à l’illettrisme, ou aux pompeux concepts bourdieusiens de reproduction sociale. Au XXIe siècle, à l’école, il faut mettre le paquet sur les Ipads.
Pourtant, certaines études élaborées par l’Institut français de l’Éducation sont extrêmement sévères quant à l’introduction des Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) : « Un faisceau d’indices suggère que la volonté de divulguer les nouvelles technologies dans l’éducation provient essentiellement des sphères économiques, puis par le relais du politique transite jusqu’aux collectivités, avant d’être prescrite aux sphères éducatives. (…) Il semble donc, a fortiori, que l’argument d’une “plus-value” pédagogique mécaniquement liée à l’introduction des TICE soit un postulat fragile. » Mais il est trop tard pour de telles appréciations critiques, le train du progrès n’attend pas. Depuis quelques années, les élèves sont sanctionnés par un Brevet informatique et internet (B2i) et les profs par un Certificat informatique et internet de niveau 2 enseignant (C2i2e). Les ENT encadrent l’éducation et font sortir l’école de ses murs : le professeur qui corrige ses copies le week-end poste ses notes et appréciations sur Pronote le dimanche, aussitôt consulté par les parents. Bref, le gamin d’aujourd’hui peut avoir sa claque avant même d’avoir sa copie corrigée entre les mains. Dans chaîne humaine élève-professeur-parents, les technologies de l’information jouent dorénavant un rôle de médiation, articulé par un langage binaire. Cela ne permet guère les sourires encourageants ou les « On passera pour cette fois ». Le culte de l’instantanéité véhiculé par les TIC dépossède surtout les enfants de l’inventivité et des ruses qu’ils pourraient développer pour retarder une sanction ou une situation de crise familiale. Exit également l’apprentissage de la responsabilité face à un échec, ou la chance de se refaire...
Peu importe, selon une autre étude menée par l’Observatoire Orange/Terrafemina auprès de professeurs, ceux-ci sont globalement « résignés face à la révolution numérique », malgré la fronde de certains réfractaires à l’éducation 2.0, protégeant leur corporation, qualifiée par nos observateurs aiguisés de « nouvelle révolte des Canuts ». Une rébellion matée en interne comme en témoigne cet enseignant interrogé dans l’étude : « On a une grille avec chaque matière qui doit valider des items du B2i. On a forcé quelques profs à s’y mettre. » Que veux-tu, mon vieux, on ne va tout de même pas s’attarder sur d’éparses jacqueries d’arrière-garde ! En ces temps de crise, l’éducation des enfants se doit d’être indexée à une optique de croissance, et leur éveil se calquer sur les besoins du marché.
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Quelques professeurs freinent du pied, certes, mais dans cette numérisation programmée de l’école, avons-nous vraiment besoin de professeurs ? Ne pourrions-nous pas remplacer les enseignants par des machines ? Car la différence entre un robot et un humain, c’est que le robot produit de la valeur en étant fabriqué, tandis qu’un humain n’en produit qu’une fois formé. Vingt ans d’investissement public en formation scolaire et universitaire pour obtenir un fonctionnaire fainéant, même pas fichu d’inculquer un programme scolaire formaté pour garantir la reproduction des valeurs de la classe dirigeante. On hurle à la gabegie ! La biométrie à la cantine devenant monnaie courante, on pourrait désormais, comme en Californie, remplacer les surveillants par des puces électroniques installées sur les gamins . Puis, après avoir calqué son programme éducatif sur les recommandations de Cap Digital (ENT, cahiers de textes numériques, distribution d’Ipad, etc.), notre bon gouvernement de gauche pourrait continuer de suivre les conseils de l’ingénieux lobby :
« En juin 2010, l’Université de Tokyo achète 30 robots français Nao afin de les utiliser à des fins éducatives. Une grande université américaine de renom, au nord de la NY City est dans la même démarche (encore confidentiel). Le programme coréen R-learning prévoit d’introduire des robots dans 8000 écoles maternelles d’ici 2013. Les robots assistent les professeurs, par exemple en lisant des histoires aux enfants, les parents peuvent également déjà interagir en se connectant aux robots à distance. Si les résultats sont convaincants, le programme pourra s’étendre aux écoles primaires. Le budget alloué s’élève à 9 M USD en 2011, 36 M USD en 2012. (...) Le Japon, la Corée et les États-Unis, ayant identifié le potentiel des robots et des technologies issus de la robotique pour l’éducation, investissent d’une manière importante dans ce domaine. Les enjeux économiques et sociétaux s’annonçant colossaux, il est temps pour la France de déployer tous ses moyens pour avancer dans ce domaine. »
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Nao, le gentil professeur.
Les attaques du marché à l’encontre de l’école ne datent pas d’hier. Après de nombreuses résistances pour tenter de prémunir l’éducation des enfants de la déferlante du marketing, le numérique avec ses tablettes, ses ordinateurs connectés à internet ou ses mignons robots semble constituer le cheval de Troie idéal. Il est vrai que les profs témoignent de leur difficulté à faire cours depuis l’apparition des nouvelles technologies à l’école. Happés par Facebook, les mails ou les forums, dans les salles de cours, les gamins ont vite fait leur choix entre le divertissement excitant de leurs smartphones et le vieux croulant qui s’escrime à rendre le Roman courtois sexy. Les confiscations et les punitions liées au divertissement 2.0 allant crescendo, on peut comprendre la « résignation » des profs dont aiment à parler Terrafemina et Orange. À l’usure, et face à l’enchaînement des réformes du système scolaire plus inconsistantes les unes que les autres, on finit par céder : il devient naturel de poser des problèmes de physique avec des exercices virtuels sur écran tactile, d’apprendre l’histoire avec des péplums hollywoodiens, et de faire la classe avec des hiboux en 3D souriants sur un Ipad et des applications Orange. Bien entendu, l’implantation de ces nouvelles technologies dans les écoles n’est pas neutre, comme le rappellent les sociologues de l’éducation Maurice Tardif et Joséphine Mukamurera : « L’introduction des TIC se traduit simultanément par la pénétration des entreprises privées dans l’école et les classes, entreprises qui non seulement fournissent des infrastructures techniques, mais aussi des contenus et des valeurs : compétition, consommation, “marketisation”, “clientélisme”, “marchandisation” des savoirs scolaires. Ces valeurs et contenus sont la plupart du temps conformes aux idéologies “managériales” néo-libérales qui souhaitent restructurer l’école pour qu’elle corresponde aux nouvelles formes organisationnelles de l’industrie et de la finance, marquées par la flexibilité, la primauté de la compétence sur la qualification, le travail en équipe, l’empowerment du travailleur autonome et responsable, la mobilité, etc.. » Avec l’e-éducation, on n’éduque pas un enfant, mais on prépare le travailleur de demain, en le rendant compatible aux nouveaux moteurs de l’économie. Pour cela, le numérique promet le nirvāṇa, et l’école, comme tous les services publics, apparaît comme un client rêvé. Imaginez-vous un instant patron d’une boîte de logiciels ou de tablettes électroniques face au marché des enfants et de l’éducation : ce serait comme donner les clés de l’Inra à un faucheur volontaire. Le saccage joyeux.
Pour Pierre, Olivier, Jean-Claude ou Laurent du Gixel, tout comme pour Françoise, Loumia, Marie-Louise ou Isabelle de Terrafemina, l’idée de confier leurs enfants de 3 ans à Nao le robot, pour qu’il leur raconte des histoires sera-t-elle aussi évidente à accepter qu’aujourd’hui celle d’installer des contrôles biométriques dans les maternelles ou bien de traduire les pleurs de bébé avec un iPhone ? Quelle conception ces personnes ont-elles de l’enfance et de l’éducation, ou plus simplement de leur rôle de parent ? Ignorent-elles la « vérité élémentaire [qui] est à la base même de cette réalité anthropologique fondamentale qu’est l’activité éducative : l’être humain est un être qui a besoin des autres pour devenir humain, et c’est par la médiation avec les autres humains que sa propre humanité est rendue possible. »
À moins que ces mêmes personnes qui discourent sur la robotisation et l’e-éducation n’appliquent pas, dans leur quotidien, leurs propres recommandations au gouvernement pour la croissance de l’économie numérique. Peut-être que Pierre, Olivier, Loumia et Marie-Louise ont compris qu’à l’ère du déferlement technologique, il n’est pas bon de saturer l’espace mental d’un enfant avec les stimulations de l’informatique. On sent la contradiction qui les anime : d’un côté vendre des tablettes au nom du sacro-saint principe de croissance, et de l’autre prendre soin de ses enfants, être présent, tendre et leur parler. Bref, les aimer comme un robot ne pourra jamais le faire. Pierre, Olivier, Loumia et Marie-Louise savent sûrement cela, comme tout parent, mais préfèrent se comporter en salauds 2.0 et vanter les mérites de gadgets high-tech dont la seule raison d’être se trouve dans l’économie de marché et le culte du progrès technique. Un précieux article du Monde dévoilait d’ailleurs le double jeu mené par les élites de l’économie numérique dans leur rapport à l’éducation de leurs enfants :
« Pas un ordinateur, pas une télé, pas le moindre petit ou grand écran à la Waldorf School of the Peninsula. En revanche, on a trouvé un four à pain dans le jardin, que les petites classes utilisent chaque semaine, des chaussettes faites main – les cours de tricot, pour filles comme pour garçons, commencent en CP –, des tableaux noirs et des craies de couleur. (…) Cette école privée – environ 20 000 dollars de frais de scolarité annuels – de la Silicon Valley recommande aux parents de limiter l’exposition aux écrans jusqu’à l’équivalent de la sixième et n’introduit l’outil informatique qu’en quatrième. Un comble pour un établissement qui compte dans son voisinage Google, Apple et une pléiade de start-ups hyperconnectées. Surtout quand on sait que les trois quarts des parents d’élèves de cette école travaillent dans les nouvelles technologies. »
Les fabricants de camelote numérique savent que ce que l’on appelle la « dématérialisation » de l’éducation provient d’un phénomène hypermatériel : l’informatisation du monde repose non seulement sur un système d’objets aussi polluant qu’énergivore et sur une économie capitaliste débridée, mais surtout sur une conception matérialiste de la société. L’imagination, la sensibilité ou l’attention aux autres s’atrophient au profit d’échanges de type cybernétique. L’article du Monde cite ainsi les paroles de Pierre Laurent, l’un de ces parents qui ont choisi de préserver ses enfants de ce qu’il fabrique par ailleurs, en les mettant dans une école sans ordinateur : « Pour apprendre à écrire, il est important de pouvoir effectuer de grands gestes. Les maths, ça passe par la visualisation dans l’espace. L’écran gêne l’enseignement. Il diminue les expériences physiques et émotionnelles. » En bon père, Pierre Laurent ne souhaite sûrement pas qu’à cause de son gagne-pain immatériel, ses enfants développent ce qu’il est devenu commode d’appeler des « Troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDA/H) », comme l’ont démontré des chercheurs de l’université de l’Iowa. Pierre Laurent n’a sûrement pas envie de gaver ses bambins de comprimés de Ritaline pour trouver un peu de paix.
Comprendre ce jeu de dupes peut nous aider à regarder nos enfants dans les yeux. Les abandonnerons-nous à cet ersatz d’éveil au monde proposé par les excitations du numérique ? Les trahirons-nous en refusant la responsabilité que nous avons de les accompagner dans la découverte sensible de ce qui les entoure ? Le système scolaire actuel n’est pas parfait, de même qu’aucun parent ne l’est dans l’éducation qu’il offre à ses enfants. La question n’est pas de sacraliser l’ancien temps, mais d’inventer de nouvelles formes de rapports humains qui nous permettent de déjouer les agressions industrielles – nous avons autre chose à transmettre qu’un devenir cyborg. Des gens s’organisent pour résister à l’invasion des nouvelles technologies dans notre intimité et nos formes de vie les plus élémentaires. De nombreux collectifs en France s’opposent au quotidien au fichage informatique des enfants (Base-élèves) dans les écoles. Un groupe se constitue actuellement autour des métiers du livre pour dénoncer le remplacement prophétisé du livre par les tablettes numériques, la disparition des imprimeries, des éditions ou des librairies à échelle humaine, au profit d’Amazon et Google. Des bergers se mobilisent pour refuser le puçage électronique de leurs brebis. Des assistantes sociales lancent des mouvements de grève pour protester contre les statistiques informatiques que l’État leur impose d’effectuer sur les pauvres. Bref, sur le terrain, des luttes contre l’informatique et le numérique sont menées avec une puissance qu’il devient difficile d’ignorer. L’offensive des industriels de l’informatique ou du numérique donne lieu à des résistances positives qui en profitent pour remettre en question l’ordre établi, avec ses logiques capitalistes, ses injustices sociales, et ses effets de domination. S’opposer au numérique à l’école revient alors à poser la question des valeurs que nous voulons transmettre à nos enfants et des expériences que nous désirons partager avec eux : pour vivre avec les autres, explorer les matières et les couleurs du monde, l’écran est la chose la plus accessoire.
(Source : article 11.info)
 
 
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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 19:04

 

Cyril s’est fait condamner en comparution immédiate fin novembre après s’être fait arrêter sur la zad par des gendarmes infiltrés sur une barricade (’y a déjà eu des articles publiés là-dessus).

Il nous répond et nous envoie une chanson qu’il nous demande de publier.

Pour lui écrire :

Centre pénitentiaire / quartier maison d’arrêt / Cyril n° d’écrou 57360 / rue de la Mainguais / 44300 Nantes

Mes chers camarades,

Un très grand merci pour votre soutien et celui des autres camarades zadistes. Pas une journée ne se passe sans que je pense à vous tous. Merci pour ces infos non muselées que tu m’apportes, cela renforce encore plus mes convictions déjà fortes et ne me désespère pas pour notre cause qui est juste, elle. Nous ne sommes peut-être qu’une épine dans le pied de ce gouvernement mais elle est assez profonde pour qu’il puisse la retirer. Remplie d’un venin qui se nourrit d’amour et de solidarité, elle envenime ceux qui sont pour la destruction, la répression violente et les constructions capitalistes inutiles pour une population pacifiste mais résistante qui ne demande que de vivre en paix et en harmonie avec la mère nature. Ils ne sont pas à leur premier coup d’essai. Mais la résistance est toujours là. Nous faisons partie de la nouvelle et de l’ancienne génération qui lutte depuis tant d’années contre ces multiples projets inutiles. Ils dépassent les bornes. Ces souffrances qu’ils infligent à nous et à la mère nature sont malheureusement irréversibles et nous ne les oublieront jamais. Qui sont-ils pour penser que la valeur de l’argent est plus importante que celle de l’être humain et de son environnement. Pour moi c’est un devoir envers les miens de crier mon opposition à tout cela. La destruction massive de notre mère la terre doit cesser car les conséquences en sont désastreuses. Que laisserons-nous à nos enfants ? Une chose est sûre, nous ne sommes pas des lâches. Nous nous battons pour des valeurs sûres, justes et ils en seront fiers. L’Etat ne peut en dire autant, car il n’en est pas à sa première erreur. Mes grands-parents et mon père ont subis les mêmes erreurs à une échelle différente et leur était reproché à l’époque le simple fait d’être juifs et de vouloir protéger cette terre qui est la nôtre. Refusant de partir de leur terre pendant la guerre, ils en ont payé le prix fort. Fusillés par les collabos de l’époque devant mon père qui n’avait que 5 ans. Certaines choses ont changés mais le gouvernement lâche et hypocrite reste ferme devant les cris et les pleurs de ses enfants qu’il dit capricieux. Je pense que le caprice vient d’eux et que la Raison vient de notre passion et de notre amour pour ces nombreuses causes justes et défendables. Ils ne l’entendent pas de même et nous poussent dans l’illégalité et la rébellion. Ma peine est celle d’un être humain qui ne se soumet pas. Comme la vôtre. Faut-il pourtant subir ? Ma réponse est Non. Nous ne lâcherons rien. Car peu importe le temps, ce qui compte ce sont les messages et le résultat ainsi que les erreurs flagrantes que le peuple voit. Ne changez rien, reste comme vous êtes, libres ! Mes bottes me manquent, vous me manquez camarades et ami-e-s et je continue la lutte d’une autre manière. Grace à vous j’ai assez de contacts à l’extérieur pour me faire entendre. Cela fait plus de dix ans que je me bats pour différents causes. Je suis originaire de cette région et je le resterais malgré mon interdiction de séjourner dans le 44 pendant 2 ans. Sauf Avessac où j’ai acheté un petit corps de ferme que je rénove pour tous ceux qui aiment la nature et la liberté. Je suis tailleur de pierre et cela me plait. Ma lutte se fait aussi dans la musique depuis 12 années et passera ces messages grâce à l’aide extérieure, étant à l’heure actuelle prisonnier. Je suis sur le projet d’un nouveau CD destiné à notre cause. Car il me semble nécessaire de faire passer ces messages. Je vous fais donc part du premier jet de la première chanson que je vous offre en espérant votre participation future d’une vérité qu’on nous demande de cacher. J’aimerais si possible que cette lettre ainsi que cette chanson soient mises sur Indymedia. Merci. Je compte sur vous et vous remercie tous pour le soutient que vous m’apportez et surtout pour cette cause juste. La terre de nos parents est la future terre de nos enfants, ne l’oublions pas. V.D.R et S

Je vous embrasse,

Cyril n° écrou 57360 prison de Nantes

Cette chanson se fredonne comme un chant de pirate

ZAD PACIFISTE MAIS RESISTANTE

Refrain :

Nous ne sommes pas des criminelles, nous sommes des enfants

Nous nous battons pour la terre et non pour l’argent

Que laisserons-nous derrière pour tous ces enfants ?

Surement pas une terre meurtrie depuis trop longtemps.

Nous ne pouvons plus nous taire car l’erreur est flagrante.

 L’Etat reflète notre misère et en est conscient.

Pousse l’humain à bout de nerf à cause des dirigeants.

 Dans une atmosphère austère et si méprisante.

Nous nous battons pour cette terre que nous aimons tant.

Pour combattre cette misère nous restons devants. L’égalité sur cette terre n’est pas si flagrante.

Regarder autour mes frères l’ampleur est dégradante.

Pour nos sœurs et pour nos frères même pour nos enfants.

Le reflet d’une misère crée par tous ces gens.

De finance et de guerre nous ’nous ne laisserons pas faire. En avant tous ensemble.

Refrain

Que laisserons-nous derrière si ce n’est le temps de réparer cette terre qui nous offre tant. Nous ne sommes pas des criminels nous sommes des enfants tous issus de la même terre celle de nos parents.

N’ayons plus peur de nous taire devant toute cette violence.

Envers nous envers la mère qui nous rend vivant.

Des cultures si différentes et enrichissantes.

Pour combattre la misère qui est juste devant.

Allons marchons mes frères unis tous ensemble.

Montrons leur ni peur ni souffrance car nous nous sommes fiers.

De combattre vacillement mais pas pour la guerre.

Pour un futur rayonnant résistons mes frères.

Que laisserons-nous à nos enfants sûrement pas la misère.

Que le ministère comprenne que l’on ne peut se taire devant toute cette violence gratuite et volontaire nous ne pouvons nous taire.

Merci pour tout et continuez à vivre

(source texte : zad.nadir.org)

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 18:47

Communiqué de l’Union Syndicale Solidaires

Mardi 18 décembre 2012 : Journée internationale des migrant-es


Manifestation 18 décembre

Une Europe solidaire pour les droits des migrants-es

Communiqué de l’Union syndicale Solidaires

La journée internationale des migrants-es demeure une initiative indispensable compte tenu des politiques migratoires européennes et nationales.

Le gouvernement Hollande, avec son premier flic de France M. Valls, poursuit sur le fond la même politique que le gouvernement précédent. De l’expulsion des Roms aux critères arbitraires de régularisation en passant par les tergiversations sur le droit de vote des étrangers, ce gouvernement cède aux pressions idéologiques de la droite et de l’extrême droite.

Cette politique s’inscrit dans la défense d’une Europe forteresse qui conduit chaque jour à la mort des milliers de migrants-es. Entre 1988 et 2012, 13 000 personnes sont mortes noyées en Méditerranée.

Après des siècles de pillage colonial, les pays occidentaux bafouent les droits élémentaires de libre circulation et d’installation des personnes qui fuient la misère, la guerre, les violences.

Ce monde là n’est pas le nôtre ! La richesse de l ‘humanité c’est sa diversité !
Liberté de circulation et d’installation des migrants-es.
Egalité de tous les droits, sociaux et civiques.
Respect des conventions internationales pour les migrants-es et leur famille.
Arrêt des expulsions et fermeture des centres de rétention.
Régularisation de tous les sans papiers et carte unique de 10 ans de plein droit.

L’union syndicale Solidaires, avec l’ensemble des organisations et associations de défense des droits des étrangers, appelle à la manifestation du 18 décembre pour l’égalité des droits et une Europe solidaire.

(Paris, rendez-vous le 18 décembre au métro Belleville à 18h30)

10 décembre 2012

Mardi 18 décembre 2012

Journée internationale des migrant-es

Uni(e)s contre une immigration jetable

Manifestons contre une politique européenne homicide et en faveur de profondes réformes en France.

Un peu plus de six mois après l’élection d’une majorité parlementaire et d’un président de la République a priori supposés moins conservateurs que leurs prédécesseurs, que reste-t-il des espoirs de changements progressistes en matière de politique à l’égard des étrangers ? A dire vrai, le bilan est consternant. Et, sans fortes pressions populaires, il y a fort a parier que, pour l’essentiel, le gouvernement ne modifiera rien ou presque de la réglementation nationale xénophobe peaufinée par la droite au cours des dix dernières années et que, à l’échelle de l’Union européenne, il s’accommode sans sourciller d’une stratégie homicide de fermeture des frontières qui a déjà tué de l’ordre de 13 000 personnes entre 1988 et 2012 dans la seule Méditerranée. De même que l’obsession de « scores » présentés comme flatteurs dans le domaine des expulsions et des enfermements, ces milliers de vies perdues donnent la mesure du cynisme des États de l’Europe qui, pour éviter tout partage de leur richesse et de droits fondamentaux en principe moins bafoués qu’ailleurs, mènent désormais une véritable guerre aux migrants, avec les conséquences liées à toute guerre : des milliers de morts et de blessés.

Dans un pareil contexte, la Journée internationale des migrants, ce 18 décembre 2012, peut être l’occasion de secouer l’immobilisme et, à travers l’expression massive d’une indignation contre cette tuerie, exiger des changements enfin fondamentaux des politiques migratoires, à commencer par celle de la France.

Défendre le respect de la vie des migrantes et des migrants entraîne, en effet, quantité d’exigences supplémentaires qui, elles, touchent aux conditions d’existence et aux droits de celles et de ceux qui vivent parmi nous :

·         les sans-papiers en attente de régularisations à ce points aléatoires qu’elles relèvent de la loterie ;

·         les gagnant·e·s à cette loterie après paiement d’une taxe démesurée de près de 700 € héritée de la droite ;

·         les familles condamnées à d’interminables séparations ou à des vies d’angoisses et de misère ;

·         les femmes, les hommes et les enfants, en instance d’expulsion, qui subissent toujours un régime d’exception sans garantie d’accès à un juge avant leur éloignement ;

·         les mineurs isolés étrangers souvent abandonnés à la rue alors que l’aide sociale à l’enfance a l’obligation de les protéger, ainsi que quantité de jeunes majeurs voués, par la même négligence, à rejoindre les rangs des sans-papiers ;

·         les malades, auxquels des titres de séjour sont refusés sans considération des conditions de soin dans leur pays d’origine ;

·         les demandeurs d’asile éjectés par la « mécanique du soupçon » ;

·         toutes celles et tous ceux pour lesquels la non-signature de la Convention pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille facilite le déni de certains de leurs droits fondamentaux ;

·         les étrangers en situation régulière qui, en dépit d’une promesse de plus de trente ans, demeurent loin d’obtenir le droit de voter là où ils résident ;

·         les personnes naturalisées et leurs enfants qui, en dépit de leur qualité de Français, subissent quantité de discriminations légitimées par le soupçon qui caractérise l’ensemble de la politique migratoire ;

·         les milliers de Françaises, de Français, d’étrangères et d’étrangers parfaitement réguliers que la couleur de leur peau ou leur « faciès » expose à des violences et à des contrôles discriminatoires incessants auxquels le ministre de l’intérieur n’entend pas mettre fin ;

·         celles et ceux que leur religion désigne, plus que jamais, à la vindicte publique, quelle que soit leur nationalité ;

·         les Roms, les Tsiganes, et toutes celles et ceux que la France, comme d’autres pays, continue de chasser de leurs campements, d’exclure de tous les droits fondamentaux et de stigmatiser comme indésirables ;

·         et puis tous ces migrants et migrantes sur la route de l’exil, que des contrôles policiers aux frontières de Europe et toujours plus loin de son territoire, par le biais d’accords de sous-traitance avec des États tiers, condamnent à risquer jusqu’à leur vie. Ces discriminations et ces violences forment un tout, que la Journée internationale des migrants doit contribuer à combattre. Elle peut être l’occasion d’un appel déterminé et massif à des réformes en profondeur soucieuses d’une égalité des droits effective et fondée sur le respect d’une liberté de circulation sans laquelle elle sera illusoire. Pour ce changement de regard sur l’immigration et pour ces réformes urgentes.

PREMIERS SIGNATAIRES

Associations : Acort (Assemblée citoyenne des originaires de Turquie) - ADTF (Association démocratique des Tunisiens en France) - ATMF (Association des travailleurs maghrébins de France) - Association des Marocains de France (AMF) - Attac France (Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne) - Collectif de vigilance Paris 12 pour les droits des étrangers - Droits Devant !! - Les efFRONTé-e-s - Fasti (Fédération des associations de solidarité avec les travailleur.euse.s immigré.e.s) - Femmes Egalité - Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré.e.s) - Mouvement du Christianisme Social - Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) - RESF (Réseau Education sans frontières)

Organisations syndicales : Fédération SUD Education - Union syndicale Solidaires

Formations politiques : Les Alternatifs - Convergences et Alternatives - FASE (Fédération pour une Alternative sociale et écologique) - Front de Gauche - Gauche anticapitaliste - Gauche unitaire - NPA (Nouveau parti anticapitaliste) - PCF (Parti communiste français) - PCOF (Parti communiste des ouvriers de France) - Parti de Gauche - République et Socialisme

A Paris, manifestation du métro Belleville à Saint-Bernard mardi 18 décembre à 18h30

·         contre des politiques migratoires homicides

·         pour de profondes réformes du droit des étrangers Apportez vos lumières : lampes, lampions, torches, flambeaux, etc.

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13 décembre 2012 4 13 /12 /décembre /2012 18:44

Voilà une information qui devrait déplaire aux tenants de la « compétitivité » : entre 1999 et 2011, la productivité des salariés dans le monde a progressé trois fois plus vite que les salaires moyens.

« Pour le dire simplement, davantage du gâteau national est allé aux profits, et moins aux salariés », résume l’Organisation internationale du travail (OIT), suite à la publication de son rapport mondial sur les salaires, ce 7 décembre.

« La part des salariés dans le revenu national s’est rétrécie dans la plupart des pays, provoquant un mécontentement populaire et augmentant le risque de troubles sociaux », souligne l’OIT. Dans les économies développées, la part de la rétribution du travail est passée de 75% du revenu national, à 65%. A l’échelle de la France, cela signifie qu’aujourd’hui environ 200 milliards d’euros (soit 10% du revenu national brut de 2011 ) ont été transférés de la rémunération du travail vers la rémunération du capital et les marchés financiers. En trente ans, la part des dividendes dans les revenus distribués a été multipliée par trois , passant de 4% à 13%. Vous avez dit compétitivité ?

Pire : désormais, au prétexte de l’austérité, les salaires au sein des économies développées commencent à baisser. En Grèce, le revenu minimum a ainsi été amputé de 22%. Résultat : « Les travailleurs pauvres représentent plus de 7% de l’ensemble des travailleurs aux États-Unis et 8% en Europe », ajoute l’OIT. Au sein des pays émergents, si les salaires continuent de croître, ils subissent la même pression de la part de la finance. « Même en Chine, où les salaires ont triplé au cours de la décennie écoulée, la part du revenu national qui revient aux salariés a baissé », pointe l’organisation. Les disparités entre salariés restent très fortes : un ouvrier grec du secteur manufacturier (13 dollars de l’heure) gagne dix fois plus que son homologue philippin (1,40 dollar), mais presque trois fois moins que son camarade danois (35 dollars).

(source : bastamag.net)

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12 décembre 2012 3 12 /12 /décembre /2012 17:17

 

Ci-dessous, la chronologie des événements qui ont marqué ces 12 derniers mois en terme de droits (in)humains. Ils sont livrés tels que sur le site d’Amnesty, c’est-à-dire sans aucun commentaire…

 

JANVIER 3 – Cambodge : une opération d'expulsion forcée menée avec violence dans le quartier Borei Keila de Phnom Penh laisse 300 familles à la rue.

17 – La Cour européenne des droits de l'homme bloque l'expulsion de l'imam Abu Qatada du Royaume-Uni vers la Jordanie.

21 – Yémen : malgré les protestations, les autorités adoptent une loi accordant l'immunité à l'ancien président Ali Abdullah Saleh.

22 – Brésil : plus de 6 000 personnes sont expulsées de force du bidonville de Pinheirinho, dans l'État de São Paulo.

24 – La Chine fait usage d'une force meurtrière pour réprimer les manifestations pro-tibétaines dans la province du Sichuan.

26 – Guatemala : l'ancien dirigeant militaire Efraín Ríos Montt comparaît devant un tribunal et est inculpé de génocide contre des populations indigènes mayas, commis en 1982 et 1983.

30 – Haïti : abandon des poursuites contre Jean-Claude Duvalier, ancien chef de l'État accusé de torture, disparitions forcées et exécutions extrajudiciaires commises entre 1971 et 1986.

FÉVRIER 3 – Cambodge : un tribunal mis en place avec le soutien des Nations unies confirme la condamnation de l'ancien dirigeant khmer rouge Kaing Guek Eav, alias Duch, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre décrits comme étant « parmi les pires de l'histoire de l'humanité ».

3 – Syrie : les forces armées lancent une vaste offensive contre la ville de Homs, qui fera un grand nombre de victimes parmi la population civile.

7 – Ouganda : le Parlement inscrit de nouveau à l'ordre du jour une proposition de loi institutionnalisant la discrimination contre les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres. Le texte devait être soumis au vote en novembre.

7 – Maldives : le président Mohamed Nasheed abandonne le pouvoir dans des circonstances controversées – il affirme avoir été renversé par un coup d'État et contraint de démissionner sous la menace d'une arme.

13 – États-Unis : Johnnie Kamahi Warren, 43 ans, meurt après qu'un policier eut tiré sur lui à deux reprises avec un Taser, à Dothan (Alabama). C'est la 500e victime de l'usage de ces pistolets incapacitants.

15 – Honduras : 300 détenus meurent dans l'incendie de la prison de Comayagua, à 85 km au nord de Tegucigalpa.

23 – Afghanistan : dans les camps de réfugiés de Kaboul, une centaine de personnes (dont au moins 28 enfants) succombent au froid ou à la maladie.

23 – Italie : arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme jugeant que l’Italie a violé les principes relatifs aux droits humains en refoulant des migrants et demandeurs d’asile africains en haute mer.

27 – Espagne : le Tribunal suprême acquitte le juge Baltasar Garzón dans le procès concernant son enquête sur les violations des droits humains commises durant la guerre civile.

28 – Somalie : pour la troisième fois en deux mois, un journaliste est tué par des groupes armés.

29 – Russie : l'Assemblée législative de Saint-Pétersbourg adopte un projet de loi homophobe qui restreint la publication de tout matériel évoquant les droits des LGBT.

MARS 4 – Russie : Vladimir Poutine est élu à la présidence.

8 – Jamaïque : en l'espace de six jours 21 personnes tombent sous les balles de la police, ce qui porte à 45 le nombre de victimes d'homicides imputables à des policiers depuis le début de l'année.

12 – Afghanistan : un militaire américain servant dans la FIAS à Kandahar ouvre le feu sur des civils afghans et tue 16 personnes.

14 – Guatemala : un ancien militaire est condamné à 6 060 années d'emprisonnement pour sa participation au massacre perpétré dans le village de Dos Erres, qui a fait plus de 250 victimes en 1982.

14 – RDC : la Cour pénale internationale prononce sa première condamnation. Elle concerne Thomas Lubanga Dyilo, chef d'un groupe armé congolais, déclaré coupable d'avoir recruté et utilisé des enfants soldats lors d'hostilités.

16 – Bélarus : la mère de l'un des deux hommes condamnés pour l'attentat à la bombe commis en 2011 dans le métro de Minsk reçoit une lettre l'informant que son fils a été exécuté. On ignore la date exacte de l'exécution des deux hommes.

17 – Azerbaïdjan : des musiciens sont frappés avec violence, arrêtés arbitrairement et torturés en détention après avoir prétendument insulté la mère du président Ilham Aliyev (décédée) durant un concert.

21 – Mali : un coup d'état militaire à Bamako, la capitale, plonge le pays dans une période de danger et d'insécurité.

27 – Cuba : répression contre les dissidents lors de la visite du pape.

29 – Le Japon procède à des exécutions – les premières depuis deux années presque entières.

AVRIL 1er – Afghanistan : l'armée américaine entame le transfert de 3 000 détenus de la prison de Bagram aux autorités afghanes.

1er – À l'issue d'une grève de la faim de 43 jours, la Palestinienne de Cisjordanie Hana Shalabi, placée en détention administrative en Israël, est transférée dans la bande de Gaza.

2 – Brésil : la Cour suprême acquitte un homme accusé d'avoir violé des fillettes de 12 ans, au motif que celles-ci seraient des « travailleuses du sexe » et étaient donc consentantes.

4 – La Cour pénale internationale ordonne à la Libye de lui remettre Saif al Islam Kadhafi, pour enquête sur des chefs de crimes contre l'humanité.

12 – Coup d'État militaire en Guinée-Bissau.

22 – Chine : assigné illégalement à domicile dans son village natal de Linyi (province du Shandong), le militant Chen Guangcheng, qui est aveugle, parvient à s'évader.

26 – Liberia : les juges du Tribunal spécial à La Haye déclarent l'ancien président libérien Charles Taylor coupable de complicité de crimes de guerre pendant la guerre civile en Sierra Leone.

26 – Serbie : près d'un millier de Roms sont expulsés de force du campement de Belvil, à Belgrade.

27 – États-Unis : le Connecticut abolit la peine de mort.

28-29 – RDC : de violents affrontements éclatent entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC, l’armée congolaise) et des déserteurs considérés comme fidèles au général Bosco Ntaganda.

30 – Iran : la militante Narges Mohammadi, présidente du Centre pour les défenseurs des droits humains, commence à purger dans la prison d'Evin, à Téhéran, une peine de six ans d'emprisonnement.

MAI 2 – Libye : le Conseil national de transition adopte une loi accordant l'immunité de poursuites aux milices armées pour les actes commis dans l'objectif de « protéger la révolution du 17 Février ».

10 – Brésil : la présidente Dilma Rousseff nomme les sept membres d’une commission Vérité chargée d’enquêter sur les violations des droits humains commises dans le passé.

14 – Azerbaïdjan : à Bakou, la capitale, la police disperse brutalement deux manifestations pacifiques organisées par l'opposition à l'approche du concours de l'Eurovision.

18 – Mexique : Marco Antonio Ávila García, un reporter spécialisé sur les questions de criminalité, est assassiné. C'est le sixième meurtre d'un journaliste en moins d'un mois.

20 – Ukraine : la première Gay Pride organisée dans le pays est annulée en raison de menaces de violences proférées par des extrémistes de droite. À Kiev, deux militants LGBT sont tabassés et aspergés de gaz lacrymogène.

25 – Syrie : des dizaines de civils, dont une cinquantaine d'enfants, sont tués lors d'une offensive militaire à Houla.

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JUIN 2 – Égypte : l'ancien chef de l'État, Hosni Moubarak, et son ministre de l'Intérieur, Habib El Adly, sont condamnés à la détention à perpétuité pour complicité de meurtre de manifestants, tués en 2011 lors de la « révolution du 25 Janvier ».

4 – Pakistan : on apprend qu'Asma Jahangir, fondatrice de la Commission des droits humains du Pakistan et avocate des droits humains connue dans le monde entier, est la cible d'un complot orchestré par les forces de sécurité.

6 – Chine : Li Wangyang, un dissident de longue date qui avait été libéré de prison en 2011, meurt dans des circonstances suspectes dans une chambre d'hôpital à Shaoyang (province du Hunan).

7 – Irak : l'ancien secrétaire particulier de Saddam Hussein est exécuté par pendaison, ce qui porte le nombre d''exécutions à 70 depuis le début de l'année.

8 – Égypte : sur la place Tahrir, au Caire, des femmes qui manifestaient contre le harcèlement sexuel sont agressées par des hommes en colère qui leur infligent des violences sexuelles.

13 – Tunisie : l'ancien président Ben Ali est condamné par contumace à la détention à perpétuité par le tribunal militaire du Kef, pour complicité de meurtre de manifestants tués lors des soulèvements qui ont entraîné son éviction. L'ancien ministre de l'Intérieur Rafiq Haj Kacem est condamné à 12 années d'emprisonnement pour les mêmes charges.

18 – Arabie saoudite : Abdullah al Hamid et Mohammad al Qahtani, fondateurs d'une organisation de défense des droits humains, comparaissent devant un tribunal pour répondre de chefs liés à leur action militante.

27 – Éthiopie : 24 personnes, dont le célèbre journaliste dissident Eskinder Nega et plusieurs opposants politiques de premier plan, sont condamnées pour terrorisme et trahison sur la base d'accusations forgées de toutes pièces.

27 – Nigeria : le gouvernement de l'État de Rivers lance la démolition du quartier d'Abonnema Wharf, à Port Harcourt, qui entraîne l'expulsion forcée de 10 000 à 20 000 personnes.

30 – Égypte : entrée en fonction du président Mohamed Morsi. Les 17 mois d'exercice du Conseil suprême des forces armées ont été marqués par la mort de plus de 120 manifestants et les procès inéquitables devant des tribunaux militaires de 12 000 civils.

JUILLET 5 – Argentine : Jorge Rafael Videla, ancien chef de l'État, et Reynaldo Bignone, sont condamnés respectivement à 50 et 15 années d'emprisonnement pour l'enlèvement, la rétention, la dissimulation et la dépossession de l'identité de mineurs sous le régime militaire (1976-1983).

5 – Italie : condamnation de 25 policiers pour violences commises contre des manifestants non armés dans l'école Diaz, à Gênes, dans le contexte du mouvement de protestation mené en marge du sommet du G8 en 2001.

13 – Russie : le Parlement approuve un projet de loi qui restreint gravement l'indépendance de toutes les ONG et renforce la campagne de dénigrement dirigée contre la société civile.

16-18 – Émirats arabes unis : deux éminents avocats des droits humains figurent parmi les 13 personnes arrêtées dans le contexte d'une répression accrue de la part des autorités contre les militants des droits humains.

19 – Syrie : au Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie et la Chine opposent leur veto à l'adoption d'une résolution envisageant des sanctions diplomatiques et économiques contre le régime syrien.

20 – Sénégal : arrêt de la Cour internationale de justice enjoignant au Sénégal d'engager des poursuites contre l'ancien dirigeant tchadien Hissène Habré pour les violations des droits humains de grande ampleur commises lorsqu'il était au pouvoir, ou bien de l'extrader immédiatement.

27 – Traité sur le commerce des armes : les États-Unis, la Russie et la Chine font échouer l'adoption d'un texte final.

31 – Soudan : les forces de sécurité ouvrent le feu sur des manifestants non armés à Nyala (Darfour méridional), tuant 10 personnes au moins – des militants étudiants pour la plupart.

31 – Syrie : 14 membres du clan Berri appartenant semble-t-il à une milice armée par le pouvoir et responsable de multiples atteintes aux droits humains sont capturés et abattus par des combattants de l'opposition à Alep.

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AOÛT 5 – Viêt-Nam : une trentaine de personnes sont arrêtées au cours d'un rassemblement pacifique à Hanoi ; ces interpellations s'inscrivent dans un tour de vis plus général visant la liberté de parole des blogueurs et des militants.

6 – Oman : un tribunal de Mascate, la capitale, condamne huit défenseurs des droits humains à une année d'emprisonnement et à des amendes d'environ 2 600 dollars des États-Unis, pour des charges liées à l'exercice pacifique de leurs droits à la liberté d'expression. Onze autres militants sont à leur tour condamnés deux jours plus tard.

7 – Grèce : plus de 7 500 étrangers sont interpellés lors d'opérations de police à Athènes.

16 – Afrique du Sud : la police ouvre le feu sur des ouvriers qui manifestent à la mine de Marikana, dans le nord-est du pays, faisant 34 morts.

16 – Bahreïn : Nabeel Rajab, défenseur de droits humains de premier plan, est condamné à trois années d'emprisonnement pour, entre autres charges, participation à un « rassemblement illégal » – une manifestation tenue à Manama, la capitale, en février.

17 – Pakistan : une adolescente de 16 ans, Ramsha Masih, est arrêtée en vertu de la loi relative au blasphème. Elle aurait été trouvée en possession de pages du Coran brûlées.

17 – Russie : un tribunal de Moscou condamne trois militantes des Pussy Riot à deux années d'emprisonnement.

19 – Gambie : le président Yahya Jammeh annonce l'exécution de tous les condamnés à mort avant la mi-septembre. Neuf hommes sont exécutés quelques jours plus tard.

22 – France : à la suite d'une série d'évacuations de campements roms dans tout le territoire, une réunion ministérielle de haut niveau est organisée sur la question de la minorité rom dans le pays.

29 – Israël : décision d'un tribunal estimant que l'État d'Israël n'est pas responsable de la mort de la militante américaine Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer de l'armée israélienne dans la bande Gaza en 2003.

SEPTEMBRE 7 – Italie : le naufrage de Lampedusa vient rappeler de façon dramatique que l'UE ne protège pas les migrants en danger.

8 – États-Unis : le ressortissant yéménite Adnan Farhan Abdul Latif est retrouvé mort dans sa cellule du centre de détention américain de Guantánamo Bay, à Cuba. Il était détenu sans inculpation ni jugement par les autorités militaires américaines depuis plus de 10 ans.

11– Irak : une vague d'attentats à la bombe et d'attaques armées dans tout le pays fait au moins 81 morts et des dizaines de blessés. Un grand nombre de civils figurent parmi les victimes.

11 – Venezuela : le gouvernement dénonce officiellement la Convention américaine relative aux droits de l'homme, se retirant de ce fait de la Cour interaméricaine des droits de l'homme.

13 – Égypte : le militant Alber Saber Ayad est inculpé de « dénigrement de la religion » en raison semble-t-il de contenus postés sur Internet et de vidéos trouvées à son domicile.

14 – Arabie saoudite : des proches de prisonniers détenus, pour la plupart sans inculpation ni jugement, dans une prison en plein désert dans la province de Qassem, organisent des manifestations isolées.

17 – Myanmar : quelque 90 prisonniers politiques sont remis en liberté dans le cadre d'une amnistie.

18 – Jordanie : le roi promulgue une nouvelle loi relative à la presse et aux publications, qui renforce les restrictions frappant les sites web et les publications électroniques.

24 – Viêt-Nam : trois blogueurs sont condamnés à 12, 10 et quatre ans de prison respectivement, pour « propagande » contre l'État.

26 – Tunisie : une femme qui avait porté plainte pour viol contre des policiers est accusée de « comportement indécent intentionnel » et citée à comparaître devant un tribunal en compagnie de son fiancé.

27 – Japon : deux condamnés à mort, dont une femme, sont exécutés. La dernière exécution d'une femme remontait à 15 ans.

29 – États-Unis : l'ancien détenu de Guantánamo Omar Khadr est rapatrié au Canada. Il avait été transféré depuis l'Afghanistan vers le centre de détention géré par les États-Unis en 2002. Il était alors âgé de 15 ans.

29-30 – Bangladesh : des foules en colère incendient plus de 20 temples bouddhistes et des dizaines d'habitations de familles bouddhistes à la suite de la publication sur Facebook d'une photo du Coran jugée diffamatoire.

OCTOBRE 1er – Cambodge : Mam Sonando, propriétaire d'une radio, est condamné à 20 années d'emprisonnement sur la base d'accusations d'« insurrection » dénuées de tout fondement.

1er – Philippines : le gouvernement fait adopter une loi sur la « cybercriminalité » qui restreint gravement la liberté d'expression sur Internet.

1er – Turquie : le directeur d'une prison et deux gardiens sont condamnés à la détention à perpétuité pour avoir torturé à mort le militant politique Engin Çeber en octobre 2008.

3 – Serbie : le Premier ministre Ivica Dacic interdit la Belgrade Pride pour la deuxième année consécutive. La marche des fiertés devait se tenir le 6 octobre.

8 – Égypte : Le président Morsi décrète une amnistie totale pour les personnes détenues ou jugées pour des faits « commis dans le but de soutenir la révolution », notamment pour avoir pris part à des manifestations organisées depuis le soulèvement de janvier 2011. Rien n'est fait en revanche pour faire en sorte que quelque 1 100 autres civils emprisonnés à l'issue d'un procès inique devant la justice militaire soient rejugés dans le cadre d'une procédure équitable.

9 – Pakistan : des talibans ouvrent le feu sur Malala Yousoufzai, une adolescente de 14 ans impliquée en faveur de l'accès des filles à l'éducation dans le nord-ouest du Pakistan.

10 – Russie : un tribunal de Moscou ramène la condamnation de la Pussy Riot Ekaterina Samoutsevitch à une peine avec sursis, ce qui aboutit à sa remise en liberté ; les deux autres membres du groupe, Maria Alekhina et Nadejda Tolokonnikova, voient en revanche leur peine confirmée.

22 – Koweït : au lendemain d'une manifestation de plusieurs milliers de personnes rassemblées pour protester contre la réforme du code électoral, jugée trop favorable au pouvoir en place, les autorités invoquent une interdiction de 1979 portant sur les rassemblements de plus de 20 personnes. NOVEMBRE 1er – Grèce : le journaliste Kostas Vaxevanis comparaît devant la justice pour avoir rendu publique une liste de noms de Grecs présumés détenir des comptes bancaires en Suisse. Il est acquitté.

6 – États-Unis : le président Obama est réélu.

14 – Israël et territoires palestiniens occupés : en huit jours plus de 160 personnes sont tuées à Gaza et six autres en Israël durant l'opération israélienne Pilier de défense. Lancée avec l'assassinat à Gaza d'Ahmad al Jaabari, chef de la branche militaire du Hamas, l'offensive a pour but déclaré de faire cesser les tirs de roquettes palestiniens contre Israël. Un grand nombre de victimes sont des civils.

19 – RDC : des dizaines de milliers de civils sont contraints de fuir lors de l'avancée du groupe d'opposition armée M23 sur Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, dans l'est du pays. Le mouvement est dirigé par Bosco Ntaganda, sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale.

21 – L’Inde met un terme à un moratoire de facto de huit ans et exécute le Pakistanais Ajmal Kasab, condamné à mort pour terrorisme en raison de son rôle dans les attentats commis en 2008 à Mumbai. Il était le seul assaillant à avoir été capturé vivant. On ignore ce qu’il va advenir de 19 autres détenus dont la condamnation à mort a été confirmée.

 

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 18:49

Clinatec : cette discrète clinique où l’on implante des nanos dans le cerveau

Un centre de recherche d’un nouveau genre s’apprête à mener ses premières expériences. Implants de nanotechnologies dans le cerveau, neurostimulation, « médecine régénérative », jusqu’à des technologies pouvant changer le comportement : tels seront les recherches menées à Clinatec, à Grenoble, sur des patients volontaires. Problème : une certaine opacité entoure ce projet, résultat d’une alliance entre industrie nucléaire, « start-up » de nanotechnologies et neurochirurgiens. Comment seront encadrées ces recherches ? Quel contrôle sera exercé sur leurs applications commerciales et industrielles ? Basta ! a mené l’enquête.

C’est une « clinique expérimentale » où l’on teste des dispositifs électroniques implantés dans le cerveau. Baptisée Clinatec, cette neuro-clinique, pilotée par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble, travaille sur les applications des nanotechnologies dans le champ des neurosciences, en particulier sur les maladies neurodégénératives, comme Parkinson. Mais difficile de savoir ce qui s’y passe vraiment : une certaine opacité entoure ses activités. Cas unique en France, l’établissement est situé en dehors du milieu hospitalier, sur un terrain du CEA dont certains bâtiments sont soumis au secret défense.

Au sein de Clinatec, on parle interface cerveau-machine, neurostimulation profonde, nano-implants dans le crâne. Ces dispositifs médicaux inédits seront testés d’ici quelques mois sur des patients. Cette alliance entre l’industrie nucléaire, celle des nanotechnologies et des chercheurs en neurosciences augure mal du nécessaire contrôle démocratique qui devrait encadrer le périlleux usage de ces sciences pour le moins futuristes. Car les nanotechnologies ne sont pas sans poser de nombreux problèmes. A Clinatec, serait-on en train d’inventer en toute discrétion l’homme bionique de demain, bardé d’électrodes et surveillé par des capteurs ?

Des implants cérébraux contre la dépression ou l’obésité

Point commun de ces recherches : le développement de dispositifs médicaux implantés dans le corps humain. Tel ce kit de stimulation électrique du cerveau qui permet d’atténuer les effets de la maladie de Parkinson. Une sorte de pacemaker cérébral. Plus de 40 000 malades dans le monde ont déjà été « implantés », selon une technique développée par le professeur Alim-Louis Benabid, l’un des concepteurs du projet Clinatec. L’objectif est aujourd’hui de développer des techniques moins invasives, de taille réduite, grâce aux micro et nanotechnologies. Autre exemple : des neuroprothèses, pour permettre à des patients tétraplégiques de contrôler un bras robotisé, via des électrodes implantées dans le crâne. Ou de se mouvoir grâce à un exosquelette motorisé.

Clinatec est le résultat d’un partenariat entre le CEA, le CHU de Grenoble et l’Inserm. Le projet est porté par Jean Therme, directeur du CEA de Grenoble et par le neurochirurgien Alim-Louis Benabid, actuellement conseiller scientifique au CEA. Clinatec s’inscrit dans le prolongement des travaux du neurochirurgien sur la stimulation cérébrale profonde et la maladie de Parkinson. Mais le champ de recherche s’élargit : épilepsie, troubles mentaux, troubles obsessionnels compulsifs (Toc)... Le directeur de Clinatec, François Berger, professeur de médecine, évoque la possibilité de traiter l’obésité ou l’anorexie par la neurostimulation . Et peut-être, demain, la dépression.

 

Ces champs de recherche inédits, avec des technologies dont on ne maîtrise pas les conséquences, ne semble pas émouvoir outre mesure les pouvoirs publics. L’Agence régionale de santé (ARS) a délivré une autorisation en 2010 pour l’ouverture de Clinatec. Après une visite de contrôle, le 16 avril 2012, un arrêté autorise l’activité du centre en tant que « lieu de recherches biomédicales dédiées aux applications des micro-nanotechnologies à la médecine ». Une définition bien vague. Qu’importe, les recherches peuvent commencer. Se feront-elles de la même opacité que celle qui entoure l’élaboration du projet dès son origine ?

Geneviève Fioraso, ministre de Clinatec

La construction de Clinatec est lancée en 2008 avec une « procédure restreinte » : le CEA en tant qu’organisme de droit public classé défense n’est pas soumis au Code des marchés publics. Le culte du secret est fortement critiqué par ses détracteurs. Pourquoi faire de la recherche clinique en dehors d’un hôpital ? Quel est le statut de Clinatec ? A-t-il un comité d’éthique ? Qui compose son « directoire », dont font partie François Berger et Alim-Louis Benabid ?

« Nous n’avons pas voulu parler du projet tant que nous n’avions pas l’autorisation (de l’ARS, ndlr), répond aujourd’hui François Berger, interrogé par Basta !. Nous commençons tout juste à communiquer. Nous avons aussi décidé de ne pas faire une communication de science-fiction, mais d’être plus humbles sur ce qu’on fait à Clinatec. » Après l’opacité, le temps de la transparence ?

Le projet Clinatec est ardemment soutenu par la ville de Grenoble. Son maire, Michel Destot (PS), en est un fervent partisan. Rien d’étonnant : ancien ingénieur du CEA, il a aussi dirigé une start-up née dans le giron de celui-ci. En tant que maire, il préside depuis 1995 le CHU de Grenoble, autre acteur clé de Clinatec. Lors des dernières élections municipales, le Professeur Alim-Louis Benabid figure sur sa liste. Le chercheur a également présidé le comité de soutien de Geneviève Fioraso, alors adjointe à la Ville de Grenoble, lors des dernières législatives.

Clinatec, rêve des ingénieurs du nucléaire

Geneviève Fioraso : l’actuelle ministre de l’Enseignement supérieur la Recherche, chargée de l’« innovation » dans l’équipe de campagne de François Hollande, est une autre actrice clé de Clinatec. La société d’économie mixte qu’elle préside, la SEM Minatec entreprises, accueille Clinatec sur son pôle d’activité. Son concubin, Stéphane Siebert, est directeur adjoint du CEA Grenoble. « Destot, Fioraso, Siebert, c’est le CEA dans la mairie, Fioraso à l’enseignement supérieur, c’est le CEA au ministère », analyse l’écologiste grenoblois Raymond Avrillier.

« Le directeur du CEA nous fait courir, mais nous suivons », confie Geneviève Fioraso, à propos de Jean Therme. Directeur du CEA Grenoble, il est le concepteur de Clinatec. Un « rêve » débuté le 2 juin 2006 dans son bureau, en présence d’Alain Bugat, ingénieur général de l’Armement, alors administrateur général du CEA, et de Bernard Bigot alors haut-commissaire à l’énergie atomique (et aujourd’hui vice-président du Conseil de surveillance d’Areva et administrateur général du CEA). Ce rêve caressé par les hommes du nucléaire, civil et militaire, se muera-t-il en cauchemar pour la démocratie ?

Secret industriel ou secret défense ?

Des élus locaux de poids, le CEA, l’argument de l’innovation : c’est donc sans surprise que le projet est financé par un contrat de plan entre État et région. Plus de 20 millions d’euros sont abondés par l’État et les collectivités. La municipalité de Grenoble participe à hauteur de 2,2 millions d’euros. Sans information ni approbation du Conseil municipal, tempêtaient en 2009 les élus écologistes, qui ont publié un dossier complet sur Clinatec. Malgré leurs demandes répétées et un avis favorable de la Commission d’accès aux documents administratifs, ces élus affirment n’avoir obtenu en deux ans d’enquête qu’un seul document de la part des services de l’État. Motif : secret industriel ou secret défense.

 

Trois ans plus tard, les chercheurs peuvent désormais officier. Mais avant le lancement des essais cliniques, un autre feu vert doit être donné par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ainsi qu’un Comité de protection des personnes (CPP), comme le veut la loi sur la recherche biomédicale. Problème : du côté de l’ANSM et des CPP de la région Rhône Alpes, personne n’a vu passer de demande d’autorisation. « Normal », répond la responsable du pôle recherche du CHU de Grenoble : « Il n’y a pas de projets de recherche clinique en cours. »

Les personnages dans Pinocchio

Premiers patients en février 2013

Les recherches en seraient au stade de « projets de projets », pas encore aux « protocoles de recherche » ou aux essais cliniques. Une date est-elle prévue pour l’accueil de patients ? « Aucun calendrier n’est fixé », répond la responsable du CHU. Visiblement les questions ne sont pas les bienvenues. « La date d’inauguration de Clinatec est le secret le mieux gardé de Grenoble », ironise de son côté le collectif grenoblois Pièces et Main d’Œuvre (PMO), très opposé au projet.

Selon l’arrêté de l’Agence régionale de santé d’avril 2012, les recherches biomédicales doivent cependant être entreprises dans l’année, sinon l’autorisation devient caduque. Le lieu est opérationnel, confirme-t-on au CHU, et « des projets de l’hôpital pourraient basculer sur ce site ». Par exemple ? Un « réglage de machines sur volontaires sains »… Le premier protocole de recherche – non-thérapeutique – est prévu pour mi-novembre, confirme François Berger, à Basta !. Une cinquantaine de personnes travaillent déjà à Clinatec, précise son directeur. Les premiers protocoles chirurgicaux sur des patients sont prévus pour février-mars 2013. Reste à obtenir les autorisations.

Bloc opératoire du futur

Ingénieurs et médecins seront donc réunis dans un même bâtiment sécurisé de 6 000 m2, qui n’est pas un établissement hospitalier. Avec une mission commune : placer des nanos dans la tête de patients-cobayes. Ils bénéficieront de moyens conséquents : labos de recherche, zones expérimentales pré-cliniques, blocs opératoires et même une animalerie pour fournir des cobayes – rats, mini porcs et primates – avant les tests sur les humains.

 

Ceux-ci séjourneront dans une « salle d’opération du futur où médecins et technologues uniront leurs compétences », et six chambres d’hospitalisation. Pour que médecins et ingénieurs puissent se comprendre, « il faut que les ingénieurs soient présents dans le bloc opératoire jusqu’à la fin », plaide François Berger. Les innovations « seront testées sur des patients volontaires qui auront donné leur consentement éclairé », décrit Clinatec, précisant que les « activités médicales et chirurgicales de CLINATEC® relèvent des chercheurs et des chirurgiens d’organismes de recherche (Inserm) ou de CHU ». Et non du Commissariat à l’énergie atomique. Les patients apprécieront.

« Transfert de connaissances à l’industrie »

Mener des recherches, y compris sur des êtres humains avec des technologies à risques, est une chose. En commercialiser les applications pour l’industrie en est une autre. Cette frontière entre essais cliniques et applications industrielles existe-t-elle à Clinatec ? Le centre est un « hôtel à projets, ouvert aux collaborations académiques et industrielles ». L’infrastructure peut être louée pour des recherches publiques comme privées. Clinatec est décrit comme permettant le « transfert de connaissances et de savoir-faire à l’industrie » et présenté comme un partenariat public-privé exemplaire. En intégrant en un même lieu toutes les compétences nécessaires, les promoteurs du projet espèrent « accélérer le processus de transfert des technologies vers le patient ». Via l’industrie pharmaceutique ou médicale.

Avant même que les travaux ne commencent, les possibilités de débouchés économiques semblent assurés. Le Laboratoire d’électronique et de technologies de l’information (Leti) du CEA Grenoble, dont dépend Clinatec, est particulièrement attaché aux collaborations étroites avec le secteur privé. Son slogan ? « L’innovation au service de l’industrie ». Son objectif ? Contribuer à « renforcer la compétitivité de ses [365] partenaires industriels ». Le Leti se targue d’être l’un des instituts de recherche les plus prolifiques au monde en matière de start-up technologiques. La proximité géographique de Clinatec avec les entreprises du site – Siemens, Philips, Thales, Bio-Mérieux, Becton Dickinson ou Sanofi Aventis – semble assurément un atout pour accélérer le transfert de ces innovations nano-médicales !

Quels débouchés commerciaux ?

Une société états-unienne, Medtronic, commercialise déjà les « kits de stimulation cérébrale neurologique profonde » à destination des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Un système qui est l’aboutissement travaux du professeur Alim-Louis Benabid. La firme, surnommée « le Microsoft des implants médicaux » selon PMO, a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 16,2 milliards de dollars, sans doute grâce à la nouvelle version de son stimulateur neurologique.

 

Grâce à cet implant, les patients peuvent améliorer leurs facultés de parole ou de mobilité. Mais il ne faut pas se tromper de programme, la stimulation de la fonction « parole » pouvant entraver la mobilité et réciproquement ! Cette technologie reste à risque : mal implantée, elle peut provoquer le coma, voire le décès du patient.

Du traitement de Parkinson à la « médecine régénérative »

« La définition de nouvelles voies pour la médecine de demain implique une nouvelle culture de la recherche », précise le dossier de présentation de Clinatec. On espère aller bien au-delà de ces premières utilisations. Les chercheurs travailleront principalement sur la neurostimulation, l’administration localisée de médicaments (grâce à des pompes situées dans le corps par exemple) ou la suppléance fonctionnelle (des machines qui prennent le relais de fonctions défaillantes). Ils pourraient se pencher également sur la stimulation magnétique pour lutter contre la dépression.

On s’aventure ici beaucoup plus loin que le traitement des mouvements incontrôlés de la maladie de Parkinson. Il s’agit de stimuler par des électrodes le circuit cérébral de la récompense, comme le montrent des expériences menées en Allemagne sur le traitement de la dépression sévère. A Grenoble, on n’en est qu’à la recherche théorique, pas encore aux essais cliniques sur ce sujet, précise François Berger. Aurons-nous bientôt des implants cérébraux pour effacer nos mauvais souvenirs, stimuler notre jovialité, ou changer notre perception du monde ?

En 2008, le directeur du centre pointait une autre application possible : l’utilisation d’implants pour une « médecine régénérative ». La neurostimulation débuterait avant l’apparition des symptômes, pour ralentir le processus dégénératif. Elle « devrait alors être beaucoup plus précoce, peut-être pré-clinique, dans l’hypothèse où l’on disposerait de bio marqueurs, ce qui ne manquerait pas de poser des problèmes éthiques », admet François Berger... Imaginez des électrodes implantés dans le cerveau à la naissance, qui s’activeront pour prévenir le vieillissement.

« On peut changer la personnalité de quelqu’un »

« Avoir des outils implantés qui traiteront la maladie avant qu’elle n’apparaisse peut aussi être un avantage, même si cela a un côté impressionnant », argumentait François Berger devant les parlementaires. « C’est vrai qu’un des buts de la nanomédecine est de ne pas avoir à réparer. (...) À travers la nanomédecine, on dressera une nouvelle frontière entre le normal et le pathologique. Il faudra être extrêmement prudents. Il s’agit de décisions de société », prévient le directeur de Clinatec .

Qu’en pense son collègue Alim-Louis Benabid ? « Avec les électrodes et les implants cérébraux, on peut changer la personnalité de quelqu’un qui était anormal, pour le remettre dans la normalité. On peut faire passer les gens d’un état suicidaire à un état jovial. Faut-il en conclure qu’on peut manipuler les gens et les faire marcher au pas cadencé ? Certes, mais on les fait tellement marcher au pas cadencé par d’autres moyens », aurait-il déclaré en janvier. Pour l’Union syndicale de la psychiatrie, pas de doute : « La création de Clinatec constitue manifestement un pas de plus dans une fuite en avant techno-scientiste qui n’a d’autre finalité que de contrôler les populations, en réduisant l’homme à son cerveau, à son comportement, à son utilité, à sa docilité. »

Quid du principe de précaution ?

Clinatec incarne donc une « nouvelle culture de la recherche » aux implications sans précédents pour l’être humain, qui vise de surcroît à « accélérer » le transfert de ces technologies à l’industrie. Un double objectif loin d’être compatible avec le principe de précaution. « Le clinicien que je suis ne peut cependant que lancer un cri d’alarme : attention au principe de précaution. Trop de régulation tue l’innovation thérapeutique », déclarait ainsi François Berger lors d’une audition par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. « A l’évidence, les citoyens ont peur », constatait le chercheur, qui salue l’organisation de conférences pour donner aux chercheurs « la possibilité d’éduquer des citoyens » sur le sujet.

« Faire croire que l’on imposerait un "nanomonde" totalitaire à la population sans débat préalable relève non seulement de la manipulation mensongère mais aussi d’une forme de paranoïa politique bien connue, qui s’appuie sur la théorie du complot, la haine des élites (sic), des élus, des responsables », lançait le maire de Grenoble Michel Destot, lors de l’inauguration du pôle Minatec en 2006. « On parle beaucoup de principe de précaution pour les domaines où l’on ne voit pas très clair, où les scientifiques ne peuvent prendre position. L’application de ce principe conduit à mon sens à l’inaction et à l’immobilisme, ce qui ne me semble pas le meilleur choix », estime l’élu, qui semble préférer l’action et le volontarisme – indéniable en matière nucléaire... – du CEA en la matière. Tout questionnement philosophique et éthique serait-il assimilé à de la craintive inertie ?

Des bugs dans le cerveau

Implanter des électrodes dans le cerveau n’est cependant pas sans danger : « Une mauvaise localisation de l’électrode risque aussi de provoquer des rires ou, au contraire, des états de tristesse », pointe François Berger. Et la technique pas tout à fait sûre : des chercheurs de l’entreprise d’informatique McAfee ont découvert le moyen de détourner une pompe à insuline installée dans le corps d’un patient. Ils pouvaient injecter d’un coup l’équivalent de 45 jours de traitement... D’autres ont montré la possibilité de reprogrammer à distance un défibrillateur implanté. Et les bugs informatiques de ces dispositifs médicaux ne sont pas rares .

Un hacker aurait même trouvé le moyen de pirater à distance les pacemakers, et de provoquer des chocs électriques mortels en réécrivant le code informatique... Imaginez les conséquences sur le cerveau ! Medtronic, principal fabricant de stimulateurs neurologiques, conseille d’éviter les portiques de sécurité des aéroports, et prévient que le neurostimulateur peut s’allumer ou s’éteindre lorsqu’il se trouve à proximité de petits aimants permanents, comme ceux des haut-parleurs ou des portes de réfrigérateur.

Une version high tech de l’électrochoc ?

La nano-miniaturisation de ces dispositifs les rendra-t-il plus sûrs ? Ou au contraire plus incontrôlables ? Dans la course aux nanotechnologies , des projets comme Clinatec sont présentés comme des symboles de l’excellence française. Que nous réserve le passage de la médecine actuelle, basée sur l’anatomie et les symptômes, à la nano-médecine « régénérative » ? Où se situe la limites entre médecine et « augmentation » humaine, chère aux transhumanistes ? Jusqu’où peut-on plonger dans le cerveau ?

Et est-il souhaitable de traiter les symptômes plutôt que les facteurs environnementaux des maladies neurodégénératives ? La neurostimulation, « corrige les symptômes, et non la pathologie. Autrement dit, comme le reconnaît Benabid lui-même, les électrodes ne soignent pas. Appliquées aux souffrances psychiques, elles ne sont que la version high tech de l’électrochoc, analyse le collectif Pièces et Main d’œuvre. Peu importe la cause de la dépression, de l’addiction, du désordre alimentaire, des TOC : envoyez la bonne fréquence et n’en parlons plus. »

Choix de société

Si ces techniques ont permis de rendre la vie de malades de Parkinson plus facile, les risques de dérive n’en sont pas moins immenses. Les neuroprothèses liant homme et machine existe depuis quelques décennies. Mais « la miniaturisation due aux nanotechnologies promet un saut qualitatif inédit », résume PMO. L’utilisation des nanotechnologies est d’ores et déjà envisagé « à des fins agressives, qu’elles soient militaires, ou consuméristes », pointait en 2007 le Comité Consultatif National d’Ethique. « Investir sans réflexion sociétale, sans conscience de la dignité humaine, avec une sorte de naïveté, dans un environnement et une médecine qui produiraient a priori le bien être et la santé par les nanotechnologies aboutirait de façon paradoxale à "exiler l’homme de lui-même". »

Des inquiétudes que ne semblent pas partager les promoteurs de Clinatec. 60 000 personnes reçoivent chaque année en France un pacemaker pour leurs insuffisances cardiaques, explique le dossier de présentation de Clinatec, et « un nombre encore plus conséquent de personnes disposent de prothèses auditives et le port de lunettes est très largement répandu dans nos sociétés ». Pourquoi donc s’inquiéter d’un « dispositif médical » de plus ? Des lunettes aux nanoélectrodes dans le cerveau, il n’y aurait qu’un pas, suggèrent les promoteurs de Clinatec. Un pas que nous sommes en train de franchir, sans aucun débat.

 

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 18:16

 

Forcer les salariés à accepter un baisse temporaire de leurs salaires pour garder leur l'emploi. La recette n'est pas nouvelle. Sauf que cette fois-ci elle est défendue par Nicolas Sarkozy, le Président du « Travailler plus pour gagner plus » !

 

En juillet 2009, Laurent Jeanneau écrivait dans le magazine Alternatives Economiques : « (...) Gagner moins pour continuer à travailler ! A la faveur de la crise, la tentation de rogner sur les salaires se fait de plus en plus pressante. Fiches de paie tronquées, rémunérations gelées, RTT supprimées… (...) Une pilule amère, que les entreprises tentent de faire avaler aux syndicats en invoquant la préservation de l'emploi (...) »

Or, en 2011, nous expliquent Le Monde et Les Echos, une idée forte pour l'emploi, défendue par Nicolas Sarkozy ferait son chemin : « (...) le développement d'accords compétitivité-emploi, sur le modèle de l'Allemagne. Le principe : échanger temporairement des baisses de salaires et/ou de temps de travail contre une préservation de l'emploi (...) En clair, il s'agirait de permettre aux chefs d'entreprise de négocier avec les représentants du personnel des accords (...) En échange d'une flexibilité accrue des salariés, ceux-ci obtiendraient des garanties pour leur emploi ou des investissements. Ces accords s'imposeraient automatiquement aux salariés, sans nécessité de signer des avenants individuels au contrat de travail comme actuellement (...) »


Il va de soi que cette idée est accueillie avec la plus grande bienveillance par le Medef et surtout l'UIMM dont l'un de leurs représentants déclare : « Nous sommes prêts à avancer sur cette question qui s'inscrit dans notre réflexion plus large sur la compétitivité équitable» Pour la bonne raison que ce sont eux qui en sont les initiateurs !

Ce qui reviendrait à transformer les salariés en sorte « d'actionnaires » sans titre ni droit, si ce n'est celui de participer aux pertes mais jamais au bénéfices. Où alors avec des montants indécents de 8 à 20 €, comme ceux de la prime dividendes !

Quelle confiance peut-on accorder aux organisations patronales et au gouvernement tous deux promoteurs de cette « voie d'avenir » ?

A priori aucune, dans la mesure où rien n'empêchera une baisse continue des salaires en fonction de la durée de la (ou des ) crise(s) et des impératifs de compétitivité. Car, à la moindre revendication d'augmentation de salaire ou d'amélioration des conditions de travail, on leur opposera : le coût trop élevé de la main d’œuvre qui plombe la compétitivité de l’entreprise au niveau mondial !

D'où un abandon progressif mais définitif pour les salariés de l'idée d'un simple retour à leur salaire antérieur ou du rétablissement d'acquis sociaux sacrifiés en échange du maintien dans l'emploi !

La CGT a raison de rapeller les engagements non tenus par plusieurs entreprises ayant eu recours à cette technique du « Gagner moins pour continuer à travailler »

Le plus symbolique étant Continental : « (...) Une majorité (52 %) des 2.500 employés des trois usines Continental Automotive du sud-ouest de la France ont voté pour le plan présenté par la direction de Continental (...) Pour mémoire, les 1 120 salariés de Continental de Clairoix avaient eux aussi accepté de revenir aux 40 heures et d’abandonner des primes pour sauver l’emploi sur le site. Quelques mois plus tard, en 2009, dans une vague de colère sans précédent, les « Conti » avaient appris la décision de, finalement fermer le site »


On pourra aussi évoquer : « (...) General Motors, la société américaine avait raisonné en ces termes. Au Mexique, la main-d’œuvre est de 14 % moins élevée qu’en France, alors si les Strasbourgeois voulaient retourner dans le giron américain, ils devaient faire un effort et baisser de 10 % le coût de leur main-d’oeuvre. Leur travail n’était pas mis en cause, ni la santé de l’entreprise qui était bénéficiaire, mais, leurs salaires étaient tout simplement plus élevés que ceux pratiqués au Mexique (...) »

 



Deux exemples parmi tant d'autres, qui permettent de mettre en doute la sincérité des engagements revendiqués par les organisations patronales et qui séduisent notre Président.

« (...) Dans un contexte de concurrence mondiale, pour garder nos industries et donc nos emplois, serions-nous amenés à allonger notre temps de travail et à baisser nos salaires ? Sommes-nous à même de sortir gagnants de cette compétition ? (...) » Demande le site Emploi-pro, qui nous assène un exemple que n'aurait pas renié le Medef.

« (...) Fin juillet 2008, Herbert Hainer, patron d’Adidas, avait estimé que, « en Chine, les salaires, qui sont fixés par le gouvernement, sont progressivement devenus trop chers ». Une partie de la production du groupe allemand a, dès lors, été transférée au Laos, Cambodge, Vietnam, considérés comme plus compétitifs (...) »

Alors, direz-vous, devant une possible détresse des actionnaires menacés ... de gagner moins, comment les salariés pourraient-ils refuser de diminuer leurs salaires ? D'ailleurs, Xavier Bertrand totalement séduit par le concept affirme que la généralisation d'accords compétitivité-emploi : « peuvent être une voie d'avenir »

Quel timing pour la mise en place de cette « voie d'avenir » ?

Dans l'immédiat, Nicolas Sarkozy et les organisations patronales reconnaissent que le projet à peu de chance d'être adopté avant les élections présidentielles et législatives. Néanmoins, le message est clair : les salariés savent maintenant à quoi ressemblerait leur avenir, en cas de reconduction du Président sortant, et de son actuelle majorité !

(Source texte : Slovar sur Marianne2.fr)

 

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 15:29

 Soupe à l'oignon gratinée

 

Quand Pôle emploi traite les chômeurs comme des enfants.

 

Des membres du Mouvement des chômeurs et précaires en lutte (MCPL) se sont présentés dans une des agences de Pôle emploi à Rennes pour assister à un entretien collectif « obligatoire » destiné aux enseignants chômeurs. Outrés par l’attitude méprisante et les propos infantilisants tenus par madame C., responsable d’équipe à l’agence, les membres du collectif ont réagi en lui adressant une lettre ouverte.

 

Rennes, le 5 décembre 2011

Madame C.,

Le 14 novembre 2011, à 13 h 15, un entretien collectif était organisé dans votre agence Pôle emploi de Rennes. Cet entretien obligatoire, à destination des enseignants chômeurs, visait, d’une part, à leur rappeler que le pays n’avait plus besoin de leurs services – l’Éducation nationale étant devenue le champ de ruines que l’on sait – et, d’autre part, à les orienter poliment vers des dispositifs de reclassement grotesques, nommés cible-emploi ou trajectoire-emploi, dont le suivi est assuré par des sous-traitants privés, afin qu’ils puissent ambitionner au plus vite les dernières sous-offres des secteurs dits en tension (restauration, bâtiment, services), et goûter aux joies de la flexibilité, des cadences infernales et des salaires de quatre sous.

je lutte des classes

 

 

Ayant eu vent de l’existence de cette mascarade, c’est tout naturellement que le Mouvement des chômeurs et précaires en lutte (MCPL) a tenu à s’y présenter, afin de voir à quelle sauce les personnes convoquées allaient être mangées ce jour-là, et afin de leur faire connaître l’existence, à Rennes, d’un collectif de soutien et d’organisation des chômeurs.

Malheureusement, madame C., le 14 novembre 2011 à 13 h 15, abusant de votre physionomie, vous vous êtes interposée physiquement pour nous empêcher de pénétrer dans votre salle de réunion et de nous mêler aux autres participants. Un des chômeurs présents ayant manifesté son incompréhension et sa colère, parce qu’il souhaitait justement que nous y fassions entendre notre voix, vous avez débarqué en furie dans la pièce, jouant les flics pour identifier celui qui avait eu l’outrecuidance de réclamer notre présence, avant de lui dire comme une vieille maîtresse : « Soit vous restez-là et vous vous taisez, soit vous m’accompagnez dans mon bureau ! »

Ce ne sont pas nos mots, ce sont les vôtres !

Pensez-vous vraiment, madame C., qu’un chômeur c’est seulement quelqu’un qui doit fermer sa gueule ? N’est-ce pas vous qui auriez été mieux inspirée de vous taire, ce jour-là, plutôt que de nous ressortir les uns après les autres tous vos clichés méprisants sur les cancres du marché du travail, les mêmes qui circulent aujourd’hui dans les hautes sphères de la direction nationale de Pôle emploi et du ministère de l’Effort national ?

Non mais, écoutez-vous !

Alors comme ça, si vos foutus entretiens collectifs sont obligatoires, sous peine de radiation – nous répétons : sous peine de radiation –, ce serait parce qu’une majorité d’usagers n’aurait pas, selon vos propres termes, les « capacités intellectuelles » d’en évaluer tous les bienfaits ? Comme s’il n’était pas de notoriété publique que vos petites animations et vos dispositifs à deux balles n’étaient rien d’autre qu’une mise en scène grossière et ridicule pour persuader l’opinion publique que vous vous préoccupez réellement de notre sort, et du problème du chômage !

Quant aux autres, chômeurs récalcitrants, « philosophes » comme vous dites, rebelles, vous voudriez les envoyer faire un petit tour en « maçonnerie », hein ! Parce que ça leur « ferait le plus grand bien » ? Est-ce vraiment l’idée que vous vous faites de la maçonnerie, madame C. : un châtiment corporel et un instrument de rééducation politique ? Ou est-ce le sort que vous voudriez réserver à tous ceux qui ne goûtent pas vos entretiens collectifs, auxquels on les prie de participer en leur mettant le couteau sous la gorge : les travaux forcés ?

 Le jour où le soleil a éclaté

 

 

On n’ose imaginer, à vous entendre, ce que vous devez penser des camps de travail obligatoire que le gouvernement nationaliste hongrois veut imposer aujourd’hui aux allocataires des prestations sociales (en grande partie Roms), sous la surveillance de policiers à la retraite ? On n’ose imaginer encore ce que vous devez penser des heures de travaux d’intérêt général que le gouvernement français veut imposer prochainement aux bénéficiaires du RSA, pour les punir de profiter honteusement du système ?

Mais c’est quand nous avons fini par évoquer le droit à l’accompagnement, qui est aussi pour nous une forme concrète et élémentaire de solidarité entre les chômeurs, que vous nous avez sorti le grand jeu. Ça vous aurait fait tellement mal au cul d’avoir à vous plier devant la loi, et de céder à notre requête, que vous avez simplement feint d’en ignorer l’existence au point de contredire sous nos yeux l’une de vos subordonnées ! Et parce que nous refusions de lâcher le morceau, vous avez poussé la mauvaise foi jusqu’à nous demander textuellement (quel sang-froid !) : « Eh bien montrez-le moi, ce document qui prouve que vous avez le droit d’accompagner cette personne ! » Belle preuve de zèle à l’égard de la maison : à quand une promotion à la direction régionale ? À quand la Légion d’honneur ? En vérité, madame C., vous auriez été bien avisée de relire l’article 24 de la loi 2000-321 du 12 avril relative au droit des citoyens dans leurs relations avec les administrations, qui stipule noir sur blanc que tout chômeur, dans ses rapports avec Pôle emploi, peut se faire assister par un conseil ou représenter par un mandataire de son choix .

Vous nous direz que ce sont seulement trois mots en l’air de votre part. Mais ces trois mots révèlent bien l’image dégradée et dégradante que vous vous faites aujourd’hui des chômeurs et des laissés-pour-compte de la guerre économique, vous et tous les cadres de Pôle emploi ; ainsi que votre obstination à prendre les causes de la crise pour des remèdes miracles. Si ça va si mal pour les chômeurs, est-ce que c’est vraiment « la faute aux 35 heures », comme vous nous l’avez confié, donc au partage du temps de travail, ou est-ce que c’est à cause de cette idéologie rétrograde et arriérée des heures supplémentaires, de la baisse des salaires et du productivisme effréné, qui dégouline de vos bouches comme de celles de Laurent Wauquiez, de Laurence Parisot et des néo-esclavagistes du CAC 40 ?

 luter plus

 

 

Surtout, madame C., n’avez-vous pas conscience, en nous parlant de la sorte, c’est-à-dire en nous prenant quand même un peu pour des cons, que vous aggravez de manière préoccupante la fracture qui sépare les usagers et les conseillers de Pôle emploi, et que vous exposez par là même ces derniers à la colère – bien légitime – de tous les chômeurs humiliés. C’est qu’il y a ceux qui cassent les pots. Et il y a ceux qui les payent...

De toute façon, madame C., le chômage, c’est aussi ce qui vous pend au nez, à vouloir confier comme ça tous vos usagers à des organismes privés, qui se font des couilles en or sur leur dos et celui du contribuable. Et elles se frotteront bien les mains, ces boîtes de gestion de la misère, quand les salariés de Pôle emploi auront tous été mis au rancart pour restrictions budgétaires, comme les enseignants que vous infantilisez en leur imposant vos fichus entretiens collectifs. Vous vous retrouverez plus vite que prévu à nos côtés, pour partager une réjouissante séance de coaching organisée par l’un ou l’autre de vos partenaires privés sur le banc des « déficients intellectuels » et des « analphabètes », comme vous dites.

Satiété générale

 

 

Quoi qu’il en soit, ceux qui tiennent de tels propos sont nuisibles pour les chômeurs et les précaires, mais aussi pour toute la collectivité, et ils n’ont assurément rien à faire dans un service public de l’emploi ! Pardonnez-nous de vous rappelez cette évidence, madame C., mais Pôle emploi appartient surtout et d’abord à ses usagers ! Dans ces conditions, nous pourrions demander votre renvoi immédiat, et applaudir en voyant votre nom s’ajouter à la longue liste des demandeurs d’emploi, juste à côté des nôtres. Mais contrairement aux petits chefs et aux irresponsables de votre espèce, nous ne résoudrons jamais à radier qui que ce soit ; même une mauvaise comédienne comme vous, madame C.. Nous nous contenterons donc d’exiger, auprès de qui de droit, que l’on vous trouve un autre poste, dans une autre agence ; un poste où vous ne serez plus en rapport ni avec des conseillers ni avec des chômeurs, ce dont nous croyons que tout le monde trouvera à se féliciter.

Veuillez agréer, madame C., nos plus sincères salutations.

Le Mouvement des chômeurs et précaires en lutte

Contact : mcpl2008@gmail.com / mcpl.revolublog.com

 

(source texte : bastamag.net)

 

 Sans la nommer

 

 

 

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 20:31

Solidaires

 

Communiqué de l'Union Syndicale Solidaires

 

Répression syndicale, crimina­li­sation du mouvement social, limites du droit de grève, réquisition de grévistes et aujourd’hui utilisation de forces « de l’ordre » pour casser une grève : notre démocratie est en danger.

La répression syndicale est un élément omniprésent dans les relations de travail en France, où faire taire les syndica­listes et les salariés qui troublent le climat serein nécessaire à l’exploi­tation, est une conception particulière des relations sociales. La répression se banalise, devient une pratique courante. Selon les statis­tiques des inspecteurs du travail, de plus en plus d’élus et mandatés sont licenciés chaque année. Des milliers de militants supportent petits harcèlements quotidiens, retard de carrière, licenciement, procès…

Tout le mouvement social subit la répression, voire la crimina­li­sation. Ainsi plus de 2 ans après la lutte des Continental contre les 1 113 licenciements annoncés par un groupe multimilliardaire, se tiendra mercredi 4 janvier 2012 à 13h30 à la Cour d’appel d’Amiens le procès pour juger Xavier Mathieu, pourtant relaxé par le tribunal de Compiègne, pour avoir refusé le prélèvement ADN suite à la simple amende à laquelle il avait été condamné, comme cinq autres travailleurs de Continental, pour leur partici­pation à la manifes­tation contre la fermeture de l’usine de Clairoix, à la sous-préfecture de Compiègne en avril 2009. Nos syndicats SUD Energie et SUD PTT défendent actuel­lement des militants ayant eu le tort de faire grève.

Les limites au droit de grève ne cessent de s’étendre. Les salariés des transports terrestres ne peuvent faire grève qu’après une procédure de 2 semaines (non utilisée pour négocier réellement) et en annonçant 48h à l’avance leur intention de faire grève, ce qui permet toutes les pressions de la hiérarchie.

La réquisition des grévistes : le gouver­nement a tenté de casser les grèves des raffineries de Grand-puits et Gargenvile contre la contre-réforme des retraites en 2010. Le 17 novembre 2011, l’OIT a condamné cette atteinte à la démocratie : les préfets ne pourront plus réquisi­tionner des grévistes qui ne mettent pas en danger la vie, la santé ou la sécurité des personnes.

Et maintenant le gouver­nement envoie des forces « de ­l’ordre » jouer le briseurs de grève en remplaçant les grévistes sur ­leur poste de travail. Après des semaines de refus de négocier, le gouver­nement tente de casser la grève des agents de sûreté (Securitas, Brink’s, Alyzia Sûreté, Vigimark, Samsic, ICTS...) qui contrôlent les passagers avant embarquement.

Le gouver­nement veut passer en force sa politique de régression sociale, d’austérité au profit d’une petite minorité de personnes de plus en plus riche. Il refuse le dialogue social et utilise la répression comme une pression permanente pour pousser le syndicalisme à s’inscrire dans ces relations, en excluant les syndica­listes rebelles, en réprimant un syndicalisme combatif.

Le droit de grève et la démocratie ne sont pas négociables, ils doivent être défendus. Solidaires, avec d’autres forces, s’y emploie avec toute son énergie.

 

Objet de révolte

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