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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 18:38

 

Communiqué de presse SNES-FSU, CGT Educ’action, Sud Education et FNEC FP FO

Le ministre de l ‘Education a annoncé le 16 octobre, les mesures qu’il comptait inclure dans le projet de loi sur la refondation de l’Ecole, concernant le service public territorialisé d’orientation. Celles-ci ont recueilli une forte opposition du SNES-FSU, de la CGT Educ’action, de Sud Education et de la FNEC FP FO.

En effet, le ministère transfèrerait l’ensemble des CIO aux Régions, leur laissant la charge de la construction et de la maintenance mais également de l’élaboration des missions. Il se débarrasserait ainsi de son service public d’orientation. Il abandonnerait les missions institutionnelles que remplissent actuellement les CIO dans l’Education nationale et supprimerait du même coup, le lieu de travail des équipes de conseillers d’orientation-psychologues (CO-Psy) et directeurs de CIO (DCIO). Cette décentralisation des CIO s’accompagnerait d’une remise en cause des missions et du statut des personnels.

En effet, la décision de faire passer les personnels sous une double autorité, Etat et Région inaugurerait un nouveau style de fonctionnaires, dépendant de l’Education nationale le matin et de la Région l’après-midi ! Les conflits de priorité, de qualité du travail et le non-respect des missions et des conditions d’exercice seraient nécessairement au rendez-vous. Ce sont les élèves qui feraient, les premiers, les frais de cet écartèlement puisque les personnels, normalement formés et qualifiés pour les accompagner, les conseiller contribuer à leur réussite, seraient encore moins présents dans les établissements scolaires. Les et les directeurs de CIO se retrouveraient isolés, soumis à des conditions d’exercice ingérables transformant leur statut et leurs conditions de travail (horaires, congés..).

L’intersyndicale des CO-Psy et des DCIO juge ses propositions très graves pour l’avenir de l’orientation scolaire et du service public d’éducation et d’orientation. Elle appelle les personnels à se réunir dès la semaine de la rentrée en assemblée générale, à informer largement les parents et les élus, à signer et faire signer la pétition intersyndicale et à intervenir en direction des Recteurs et du ministre. Le réseau des CIO doit être maintenu dans l’Education nationale. Les CO-Psy et les DCIO doivent continuer à exercer la totalité de leurs missions dans les établissements scolaires et les CIO.

Les organisations syndicales attendent des évolutions positives et des engagements précis sur ces propositions. Si ces intentions étaient maintenues dans le projet de loi, l’intersyndicale appellera les personnels à une mobilisation nationale pouvant s’inscrire dans un cadre d’actions plus larges.

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 18:49

Clinatec : cette discrète clinique où l’on implante des nanos dans le cerveau

Un centre de recherche d’un nouveau genre s’apprête à mener ses premières expériences. Implants de nanotechnologies dans le cerveau, neurostimulation, « médecine régénérative », jusqu’à des technologies pouvant changer le comportement : tels seront les recherches menées à Clinatec, à Grenoble, sur des patients volontaires. Problème : une certaine opacité entoure ce projet, résultat d’une alliance entre industrie nucléaire, « start-up » de nanotechnologies et neurochirurgiens. Comment seront encadrées ces recherches ? Quel contrôle sera exercé sur leurs applications commerciales et industrielles ? Basta ! a mené l’enquête.

C’est une « clinique expérimentale » où l’on teste des dispositifs électroniques implantés dans le cerveau. Baptisée Clinatec, cette neuro-clinique, pilotée par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de Grenoble, travaille sur les applications des nanotechnologies dans le champ des neurosciences, en particulier sur les maladies neurodégénératives, comme Parkinson. Mais difficile de savoir ce qui s’y passe vraiment : une certaine opacité entoure ses activités. Cas unique en France, l’établissement est situé en dehors du milieu hospitalier, sur un terrain du CEA dont certains bâtiments sont soumis au secret défense.

Au sein de Clinatec, on parle interface cerveau-machine, neurostimulation profonde, nano-implants dans le crâne. Ces dispositifs médicaux inédits seront testés d’ici quelques mois sur des patients. Cette alliance entre l’industrie nucléaire, celle des nanotechnologies et des chercheurs en neurosciences augure mal du nécessaire contrôle démocratique qui devrait encadrer le périlleux usage de ces sciences pour le moins futuristes. Car les nanotechnologies ne sont pas sans poser de nombreux problèmes. A Clinatec, serait-on en train d’inventer en toute discrétion l’homme bionique de demain, bardé d’électrodes et surveillé par des capteurs ?

Des implants cérébraux contre la dépression ou l’obésité

Point commun de ces recherches : le développement de dispositifs médicaux implantés dans le corps humain. Tel ce kit de stimulation électrique du cerveau qui permet d’atténuer les effets de la maladie de Parkinson. Une sorte de pacemaker cérébral. Plus de 40 000 malades dans le monde ont déjà été « implantés », selon une technique développée par le professeur Alim-Louis Benabid, l’un des concepteurs du projet Clinatec. L’objectif est aujourd’hui de développer des techniques moins invasives, de taille réduite, grâce aux micro et nanotechnologies. Autre exemple : des neuroprothèses, pour permettre à des patients tétraplégiques de contrôler un bras robotisé, via des électrodes implantées dans le crâne. Ou de se mouvoir grâce à un exosquelette motorisé.

Clinatec est le résultat d’un partenariat entre le CEA, le CHU de Grenoble et l’Inserm. Le projet est porté par Jean Therme, directeur du CEA de Grenoble et par le neurochirurgien Alim-Louis Benabid, actuellement conseiller scientifique au CEA. Clinatec s’inscrit dans le prolongement des travaux du neurochirurgien sur la stimulation cérébrale profonde et la maladie de Parkinson. Mais le champ de recherche s’élargit : épilepsie, troubles mentaux, troubles obsessionnels compulsifs (Toc)... Le directeur de Clinatec, François Berger, professeur de médecine, évoque la possibilité de traiter l’obésité ou l’anorexie par la neurostimulation . Et peut-être, demain, la dépression.

 

Ces champs de recherche inédits, avec des technologies dont on ne maîtrise pas les conséquences, ne semble pas émouvoir outre mesure les pouvoirs publics. L’Agence régionale de santé (ARS) a délivré une autorisation en 2010 pour l’ouverture de Clinatec. Après une visite de contrôle, le 16 avril 2012, un arrêté autorise l’activité du centre en tant que « lieu de recherches biomédicales dédiées aux applications des micro-nanotechnologies à la médecine ». Une définition bien vague. Qu’importe, les recherches peuvent commencer. Se feront-elles de la même opacité que celle qui entoure l’élaboration du projet dès son origine ?

Geneviève Fioraso, ministre de Clinatec

La construction de Clinatec est lancée en 2008 avec une « procédure restreinte » : le CEA en tant qu’organisme de droit public classé défense n’est pas soumis au Code des marchés publics. Le culte du secret est fortement critiqué par ses détracteurs. Pourquoi faire de la recherche clinique en dehors d’un hôpital ? Quel est le statut de Clinatec ? A-t-il un comité d’éthique ? Qui compose son « directoire », dont font partie François Berger et Alim-Louis Benabid ?

« Nous n’avons pas voulu parler du projet tant que nous n’avions pas l’autorisation (de l’ARS, ndlr), répond aujourd’hui François Berger, interrogé par Basta !. Nous commençons tout juste à communiquer. Nous avons aussi décidé de ne pas faire une communication de science-fiction, mais d’être plus humbles sur ce qu’on fait à Clinatec. » Après l’opacité, le temps de la transparence ?

Le projet Clinatec est ardemment soutenu par la ville de Grenoble. Son maire, Michel Destot (PS), en est un fervent partisan. Rien d’étonnant : ancien ingénieur du CEA, il a aussi dirigé une start-up née dans le giron de celui-ci. En tant que maire, il préside depuis 1995 le CHU de Grenoble, autre acteur clé de Clinatec. Lors des dernières élections municipales, le Professeur Alim-Louis Benabid figure sur sa liste. Le chercheur a également présidé le comité de soutien de Geneviève Fioraso, alors adjointe à la Ville de Grenoble, lors des dernières législatives.

Clinatec, rêve des ingénieurs du nucléaire

Geneviève Fioraso : l’actuelle ministre de l’Enseignement supérieur la Recherche, chargée de l’« innovation » dans l’équipe de campagne de François Hollande, est une autre actrice clé de Clinatec. La société d’économie mixte qu’elle préside, la SEM Minatec entreprises, accueille Clinatec sur son pôle d’activité. Son concubin, Stéphane Siebert, est directeur adjoint du CEA Grenoble. « Destot, Fioraso, Siebert, c’est le CEA dans la mairie, Fioraso à l’enseignement supérieur, c’est le CEA au ministère », analyse l’écologiste grenoblois Raymond Avrillier.

« Le directeur du CEA nous fait courir, mais nous suivons », confie Geneviève Fioraso, à propos de Jean Therme. Directeur du CEA Grenoble, il est le concepteur de Clinatec. Un « rêve » débuté le 2 juin 2006 dans son bureau, en présence d’Alain Bugat, ingénieur général de l’Armement, alors administrateur général du CEA, et de Bernard Bigot alors haut-commissaire à l’énergie atomique (et aujourd’hui vice-président du Conseil de surveillance d’Areva et administrateur général du CEA). Ce rêve caressé par les hommes du nucléaire, civil et militaire, se muera-t-il en cauchemar pour la démocratie ?

Secret industriel ou secret défense ?

Des élus locaux de poids, le CEA, l’argument de l’innovation : c’est donc sans surprise que le projet est financé par un contrat de plan entre État et région. Plus de 20 millions d’euros sont abondés par l’État et les collectivités. La municipalité de Grenoble participe à hauteur de 2,2 millions d’euros. Sans information ni approbation du Conseil municipal, tempêtaient en 2009 les élus écologistes, qui ont publié un dossier complet sur Clinatec. Malgré leurs demandes répétées et un avis favorable de la Commission d’accès aux documents administratifs, ces élus affirment n’avoir obtenu en deux ans d’enquête qu’un seul document de la part des services de l’État. Motif : secret industriel ou secret défense.

 

Trois ans plus tard, les chercheurs peuvent désormais officier. Mais avant le lancement des essais cliniques, un autre feu vert doit être donné par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), ainsi qu’un Comité de protection des personnes (CPP), comme le veut la loi sur la recherche biomédicale. Problème : du côté de l’ANSM et des CPP de la région Rhône Alpes, personne n’a vu passer de demande d’autorisation. « Normal », répond la responsable du pôle recherche du CHU de Grenoble : « Il n’y a pas de projets de recherche clinique en cours. »

Les personnages dans Pinocchio

Premiers patients en février 2013

Les recherches en seraient au stade de « projets de projets », pas encore aux « protocoles de recherche » ou aux essais cliniques. Une date est-elle prévue pour l’accueil de patients ? « Aucun calendrier n’est fixé », répond la responsable du CHU. Visiblement les questions ne sont pas les bienvenues. « La date d’inauguration de Clinatec est le secret le mieux gardé de Grenoble », ironise de son côté le collectif grenoblois Pièces et Main d’Œuvre (PMO), très opposé au projet.

Selon l’arrêté de l’Agence régionale de santé d’avril 2012, les recherches biomédicales doivent cependant être entreprises dans l’année, sinon l’autorisation devient caduque. Le lieu est opérationnel, confirme-t-on au CHU, et « des projets de l’hôpital pourraient basculer sur ce site ». Par exemple ? Un « réglage de machines sur volontaires sains »… Le premier protocole de recherche – non-thérapeutique – est prévu pour mi-novembre, confirme François Berger, à Basta !. Une cinquantaine de personnes travaillent déjà à Clinatec, précise son directeur. Les premiers protocoles chirurgicaux sur des patients sont prévus pour février-mars 2013. Reste à obtenir les autorisations.

Bloc opératoire du futur

Ingénieurs et médecins seront donc réunis dans un même bâtiment sécurisé de 6 000 m2, qui n’est pas un établissement hospitalier. Avec une mission commune : placer des nanos dans la tête de patients-cobayes. Ils bénéficieront de moyens conséquents : labos de recherche, zones expérimentales pré-cliniques, blocs opératoires et même une animalerie pour fournir des cobayes – rats, mini porcs et primates – avant les tests sur les humains.

 

Ceux-ci séjourneront dans une « salle d’opération du futur où médecins et technologues uniront leurs compétences », et six chambres d’hospitalisation. Pour que médecins et ingénieurs puissent se comprendre, « il faut que les ingénieurs soient présents dans le bloc opératoire jusqu’à la fin », plaide François Berger. Les innovations « seront testées sur des patients volontaires qui auront donné leur consentement éclairé », décrit Clinatec, précisant que les « activités médicales et chirurgicales de CLINATEC® relèvent des chercheurs et des chirurgiens d’organismes de recherche (Inserm) ou de CHU ». Et non du Commissariat à l’énergie atomique. Les patients apprécieront.

« Transfert de connaissances à l’industrie »

Mener des recherches, y compris sur des êtres humains avec des technologies à risques, est une chose. En commercialiser les applications pour l’industrie en est une autre. Cette frontière entre essais cliniques et applications industrielles existe-t-elle à Clinatec ? Le centre est un « hôtel à projets, ouvert aux collaborations académiques et industrielles ». L’infrastructure peut être louée pour des recherches publiques comme privées. Clinatec est décrit comme permettant le « transfert de connaissances et de savoir-faire à l’industrie » et présenté comme un partenariat public-privé exemplaire. En intégrant en un même lieu toutes les compétences nécessaires, les promoteurs du projet espèrent « accélérer le processus de transfert des technologies vers le patient ». Via l’industrie pharmaceutique ou médicale.

Avant même que les travaux ne commencent, les possibilités de débouchés économiques semblent assurés. Le Laboratoire d’électronique et de technologies de l’information (Leti) du CEA Grenoble, dont dépend Clinatec, est particulièrement attaché aux collaborations étroites avec le secteur privé. Son slogan ? « L’innovation au service de l’industrie ». Son objectif ? Contribuer à « renforcer la compétitivité de ses [365] partenaires industriels ». Le Leti se targue d’être l’un des instituts de recherche les plus prolifiques au monde en matière de start-up technologiques. La proximité géographique de Clinatec avec les entreprises du site – Siemens, Philips, Thales, Bio-Mérieux, Becton Dickinson ou Sanofi Aventis – semble assurément un atout pour accélérer le transfert de ces innovations nano-médicales !

Quels débouchés commerciaux ?

Une société états-unienne, Medtronic, commercialise déjà les « kits de stimulation cérébrale neurologique profonde » à destination des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Un système qui est l’aboutissement travaux du professeur Alim-Louis Benabid. La firme, surnommée « le Microsoft des implants médicaux » selon PMO, a réalisé en 2012 un chiffre d’affaires de 16,2 milliards de dollars, sans doute grâce à la nouvelle version de son stimulateur neurologique.

 

Grâce à cet implant, les patients peuvent améliorer leurs facultés de parole ou de mobilité. Mais il ne faut pas se tromper de programme, la stimulation de la fonction « parole » pouvant entraver la mobilité et réciproquement ! Cette technologie reste à risque : mal implantée, elle peut provoquer le coma, voire le décès du patient.

Du traitement de Parkinson à la « médecine régénérative »

« La définition de nouvelles voies pour la médecine de demain implique une nouvelle culture de la recherche », précise le dossier de présentation de Clinatec. On espère aller bien au-delà de ces premières utilisations. Les chercheurs travailleront principalement sur la neurostimulation, l’administration localisée de médicaments (grâce à des pompes situées dans le corps par exemple) ou la suppléance fonctionnelle (des machines qui prennent le relais de fonctions défaillantes). Ils pourraient se pencher également sur la stimulation magnétique pour lutter contre la dépression.

On s’aventure ici beaucoup plus loin que le traitement des mouvements incontrôlés de la maladie de Parkinson. Il s’agit de stimuler par des électrodes le circuit cérébral de la récompense, comme le montrent des expériences menées en Allemagne sur le traitement de la dépression sévère. A Grenoble, on n’en est qu’à la recherche théorique, pas encore aux essais cliniques sur ce sujet, précise François Berger. Aurons-nous bientôt des implants cérébraux pour effacer nos mauvais souvenirs, stimuler notre jovialité, ou changer notre perception du monde ?

En 2008, le directeur du centre pointait une autre application possible : l’utilisation d’implants pour une « médecine régénérative ». La neurostimulation débuterait avant l’apparition des symptômes, pour ralentir le processus dégénératif. Elle « devrait alors être beaucoup plus précoce, peut-être pré-clinique, dans l’hypothèse où l’on disposerait de bio marqueurs, ce qui ne manquerait pas de poser des problèmes éthiques », admet François Berger... Imaginez des électrodes implantés dans le cerveau à la naissance, qui s’activeront pour prévenir le vieillissement.

« On peut changer la personnalité de quelqu’un »

« Avoir des outils implantés qui traiteront la maladie avant qu’elle n’apparaisse peut aussi être un avantage, même si cela a un côté impressionnant », argumentait François Berger devant les parlementaires. « C’est vrai qu’un des buts de la nanomédecine est de ne pas avoir à réparer. (...) À travers la nanomédecine, on dressera une nouvelle frontière entre le normal et le pathologique. Il faudra être extrêmement prudents. Il s’agit de décisions de société », prévient le directeur de Clinatec .

Qu’en pense son collègue Alim-Louis Benabid ? « Avec les électrodes et les implants cérébraux, on peut changer la personnalité de quelqu’un qui était anormal, pour le remettre dans la normalité. On peut faire passer les gens d’un état suicidaire à un état jovial. Faut-il en conclure qu’on peut manipuler les gens et les faire marcher au pas cadencé ? Certes, mais on les fait tellement marcher au pas cadencé par d’autres moyens », aurait-il déclaré en janvier. Pour l’Union syndicale de la psychiatrie, pas de doute : « La création de Clinatec constitue manifestement un pas de plus dans une fuite en avant techno-scientiste qui n’a d’autre finalité que de contrôler les populations, en réduisant l’homme à son cerveau, à son comportement, à son utilité, à sa docilité. »

Quid du principe de précaution ?

Clinatec incarne donc une « nouvelle culture de la recherche » aux implications sans précédents pour l’être humain, qui vise de surcroît à « accélérer » le transfert de ces technologies à l’industrie. Un double objectif loin d’être compatible avec le principe de précaution. « Le clinicien que je suis ne peut cependant que lancer un cri d’alarme : attention au principe de précaution. Trop de régulation tue l’innovation thérapeutique », déclarait ainsi François Berger lors d’une audition par l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. « A l’évidence, les citoyens ont peur », constatait le chercheur, qui salue l’organisation de conférences pour donner aux chercheurs « la possibilité d’éduquer des citoyens » sur le sujet.

« Faire croire que l’on imposerait un "nanomonde" totalitaire à la population sans débat préalable relève non seulement de la manipulation mensongère mais aussi d’une forme de paranoïa politique bien connue, qui s’appuie sur la théorie du complot, la haine des élites (sic), des élus, des responsables », lançait le maire de Grenoble Michel Destot, lors de l’inauguration du pôle Minatec en 2006. « On parle beaucoup de principe de précaution pour les domaines où l’on ne voit pas très clair, où les scientifiques ne peuvent prendre position. L’application de ce principe conduit à mon sens à l’inaction et à l’immobilisme, ce qui ne me semble pas le meilleur choix », estime l’élu, qui semble préférer l’action et le volontarisme – indéniable en matière nucléaire... – du CEA en la matière. Tout questionnement philosophique et éthique serait-il assimilé à de la craintive inertie ?

Des bugs dans le cerveau

Implanter des électrodes dans le cerveau n’est cependant pas sans danger : « Une mauvaise localisation de l’électrode risque aussi de provoquer des rires ou, au contraire, des états de tristesse », pointe François Berger. Et la technique pas tout à fait sûre : des chercheurs de l’entreprise d’informatique McAfee ont découvert le moyen de détourner une pompe à insuline installée dans le corps d’un patient. Ils pouvaient injecter d’un coup l’équivalent de 45 jours de traitement... D’autres ont montré la possibilité de reprogrammer à distance un défibrillateur implanté. Et les bugs informatiques de ces dispositifs médicaux ne sont pas rares .

Un hacker aurait même trouvé le moyen de pirater à distance les pacemakers, et de provoquer des chocs électriques mortels en réécrivant le code informatique... Imaginez les conséquences sur le cerveau ! Medtronic, principal fabricant de stimulateurs neurologiques, conseille d’éviter les portiques de sécurité des aéroports, et prévient que le neurostimulateur peut s’allumer ou s’éteindre lorsqu’il se trouve à proximité de petits aimants permanents, comme ceux des haut-parleurs ou des portes de réfrigérateur.

Une version high tech de l’électrochoc ?

La nano-miniaturisation de ces dispositifs les rendra-t-il plus sûrs ? Ou au contraire plus incontrôlables ? Dans la course aux nanotechnologies , des projets comme Clinatec sont présentés comme des symboles de l’excellence française. Que nous réserve le passage de la médecine actuelle, basée sur l’anatomie et les symptômes, à la nano-médecine « régénérative » ? Où se situe la limites entre médecine et « augmentation » humaine, chère aux transhumanistes ? Jusqu’où peut-on plonger dans le cerveau ?

Et est-il souhaitable de traiter les symptômes plutôt que les facteurs environnementaux des maladies neurodégénératives ? La neurostimulation, « corrige les symptômes, et non la pathologie. Autrement dit, comme le reconnaît Benabid lui-même, les électrodes ne soignent pas. Appliquées aux souffrances psychiques, elles ne sont que la version high tech de l’électrochoc, analyse le collectif Pièces et Main d’œuvre. Peu importe la cause de la dépression, de l’addiction, du désordre alimentaire, des TOC : envoyez la bonne fréquence et n’en parlons plus. »

Choix de société

Si ces techniques ont permis de rendre la vie de malades de Parkinson plus facile, les risques de dérive n’en sont pas moins immenses. Les neuroprothèses liant homme et machine existe depuis quelques décennies. Mais « la miniaturisation due aux nanotechnologies promet un saut qualitatif inédit », résume PMO. L’utilisation des nanotechnologies est d’ores et déjà envisagé « à des fins agressives, qu’elles soient militaires, ou consuméristes », pointait en 2007 le Comité Consultatif National d’Ethique. « Investir sans réflexion sociétale, sans conscience de la dignité humaine, avec une sorte de naïveté, dans un environnement et une médecine qui produiraient a priori le bien être et la santé par les nanotechnologies aboutirait de façon paradoxale à "exiler l’homme de lui-même". »

Des inquiétudes que ne semblent pas partager les promoteurs de Clinatec. 60 000 personnes reçoivent chaque année en France un pacemaker pour leurs insuffisances cardiaques, explique le dossier de présentation de Clinatec, et « un nombre encore plus conséquent de personnes disposent de prothèses auditives et le port de lunettes est très largement répandu dans nos sociétés ». Pourquoi donc s’inquiéter d’un « dispositif médical » de plus ? Des lunettes aux nanoélectrodes dans le cerveau, il n’y aurait qu’un pas, suggèrent les promoteurs de Clinatec. Un pas que nous sommes en train de franchir, sans aucun débat.

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 18:07

Quelques données...


■ Une salariée a un entretien de licenciement pour absence répétée et injustifiée au travail qui se cumule avec des retards fréquents. En préparant sa défense, il s’avère qu’elle est battue et séquestrée par son mari...

■ Une salariée est en congé longue maladie car elle ne supporte plus les avances répétées de son supérieur hiérarchique. Sa situation financière est désespérée et elle désire reprendre le travail. Elle ne peut, en revanche, retourner là où elle travaillait : le harceleur sexuel y est encore.

■ En 1999, plus d’un million et demi de femmes ont été confrontées à une situation de violence, verbale, physique et/ou sexuelle. *

■ Les violences conjugales relevées par l’enquête vont des menaces, chantage affectif sur les enfants, mépris, à la séquestration, la mise à la porte, les rapports sexuels imposés, les coups et la tentative de meurtre. Elles concernent une femme sur 10 vivant en couple en 1999.*

■ Au travail, le harcèlement moral concerne 3,9 % des femmes (situations imposées, critiques injustes, mises à l’écart répétées...), les injures et menaces 8,5 %, les agressions physiques 0,6 %. Le harcèlement sexuel, avances ou agressions sexuelles, frappent 1,9 % des salariées. Une fois sur 5, il s’agit d’un supérieur hiérarchique.*

* Enquête Nationale Droits des Femmes 1999-2000 dite Enveff (Enveff = enquête nationale sur les violences envers les femmes en France)

 

Que peut faire le syndicat ?



Injures sexistes, affichage pornographique, propos sexistes, attouchements, agressions sexuelles, viols... les violences sexistes et sexuelles existent aussi dans le monde du travail. A ce titre, le syndicalisme est directement concerné mais il s’agit aussi de pouvoir apporter un soutien efficace aux femmes victimes de violences en dehors du travail, dans leur vie familiale. Ces violences ont toujours des conséquences négatives pour les salariées qui les subissent. Le syndicalisme doit donc être à l’écoute de ces femmes et intervenir au niveau le plus efficace.

■ La défense individuelle des salariées

Par des actions concrètes, parfois dans l’urgence, pour protéger la salariée ou la collègue : il s’agit d’intervenir auprès de l’employeur pour que les violences conjugales n’entrainent pas des conséquences telles qu’un licenciement, une précarité financière et de rappeler à l’employeur son obligation de sécurité vis-à-vis de ses salarié-es.
Mais aussi, il s’agit d’avoir le réflexe de donner à la salariée/collègue les coordonnées des associations locales qui prendront le relais et l’accompagneront dans toutes les démarches judiciaires à entamer...

■ Des actions pour promouvoir des comportements non sexistes

Au niveau de l’entreprise, dans le cadre des CHSCT, de la médecine du travail et de prévention, mais aussi des accords égalité professionnelle, il s’agit de développer un panel de mesures et de revendications pour accompagner le départ du domicile (foyer, hôtel, hébergement d’urgence pris en charge...), des facilités pour changer de service, de mutation géographique si besoin... Comme d’obliger l’employeur à interdire, sur le lieu de travail, toute référence à des propos sexistes, et d’avoir une politique de prévention active contre toutes les autres pratiques discriminatoires : racisme, homophobie, ou concernant le handicap...

Au niveau syndical, il s’agit également de promouvoir dans nos formations internes, comme dans notre comportement quotidien, tout ce qui relève des pratiques anti-discriminatoires, anti-sexistes particulièrement. Il convient, constamment, et toujours collectivement, d’intervenir sur ce qui n’est rien de moins qu’une expression de la hiérarchie entre les hommes et les femmes, hiérarchie incompatible avec nos valeurs d’émancipation, d’égalité et de solidarité.

La législation actuelle



■ Viol

La loi du 23 décembre 1980 (Art. 222-23 du Code Pénal) a défini le viol comme « tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace et surprise ».

Parallèlement, en 1990, la cour de Cassation a fait rajouter à cet article : « n’a d’autre fin que de protéger la liberté de chacun et n’exclut pas de ses prévisions les actes de pénétration sexuelle entre personnes unies par les liens du mariage, lorsqu’ils sont imposés dans les circonstances prévues par ce texte ». Les peines encourues vont de 20 à 30 ans de réclusion criminelle.

■ Violences conjugales

Loi n° 92-683 du 22 juillet 1992 du Code Pénal : les faits de violence sont constitutifs d’un délit avec circonstance aggravante de l’infraction commise par un conjoint (Art. 22-7 et suivants).

La loi du 4 avril 2006 élargit le texte aux concubins, pacsés et anciens conjoints. Les peines encourues varient selon les circonstances (aggravantes ou non), et peuvent aller de 3 ans d’emprisonnement avec amende à 20 ans de réclusion.

La loi n° 2010-769 du 11 juillet 2010 : le juge des affaires familiales peut ordonner l’éloignement du conjoint violent et mettre en place des mesures de téléprotection (bracelet électronique par exemple) ; un délit de violences psychologiques, passible de 3 ans de prison et 75 000 € d’amende, est créé.


■ Harcèlement sexuel

La loi n° 2012-954 du 6 août 2012 relative au harcèlement sexuel modifie le Code pénal et définit notament (art. 222-33) le harcèlement sexuel comme « le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante ». Par ailleurs, « est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers ». Ces faits sont punis de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. Ces deux définitions sont reprise dans le code du travail (Art. L 1153-1 modifié).

Ces peines sont portées à trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende lorsque les faits sont commis : « par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions ; sur un mineur de quinze ans ; sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de leur auteur ; sur une personne dont la particulière vulnérabilité ou dépendance résultant de la précarité de sa situation économique ou sociale est apparente ou connue de leur auteur ; par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteur ou de complice ».

 

Les associations

■ 3919
Appel gratuit et permanence téléphonique assurée du lundi au samedi de 8h à 22 h, les jours fériés de 10 h à 20 h.
Voir également le site pour toutes les adresses locales :
http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr

■ Violences conjugales Femmes Infos Service
01 40 33 80 60
http://www.femmes-infos-liaisons.org

■ Collectif féministe contre le viol
0800 05 95 95
http://www.cfcv.asso.fr

■ AVFT
(Association contre les violences faites aux femmes au travail) :
01 45 84 24 24
http://www.avft.org

■ MFPF
(Mouvement Français pour le Planning Familial) :
01 48 07 29 10
http://www.planning-familial.org

■ GAMS
(Groupe femmes pour l’abolition des mutilations sexuelles et autres pratiques affectant la santé des femmes et des enfants)
01 43 48 10 87

■ SOS Femmes Accueil
http://www.sosfemmes.com

 (Source texte :  union syndicale Solidaires)

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 18:53
 
 
À porter ma vie sur mon dos, j'ai déjà mis cinquante berges
Sans être un saint ni un salaud, je ne vaux pas le moindre cierge
Marie, maman, voilà ton fils qu'on crucifie sur des affiches
Un doigt de scotch et un gin-fizz et tout le reste je m'en fiche!
Ils ont voté et puis, après?

J'ai la mémoire hémiplégique et les souvenirs éborgnés
Quand je me souviens de la trique, il ne m'en vient que la moitié
Et vous voudriez que je cherche la moitié d'un cul à botter?
En ces temps on ne voit pas lerche
Ils n'ont même plus de cul, les Français!
Ils ont voté et puis, après?

C'est un pays qui me débecte, pas moyen de se faire Anglais
Ou Suisse ou con ou bien insecte, partout ils sont confédérés
Faut les voir à la télé-urne avec le général Frappard
Et leur bulletin dans les burnes, et le mépris dans un placard!
Ils ont voté et puis, après?

Dans une France socialiste, je mettrais ces fumiers debout
À fumer le scrutin de liste jusqu'au mégot de mon dégoût
Et puis assis sur une chaise, un ordinateur dans le gosier
Ils chanteraient La Marseillaise, avec des cartes perforées
Le jour de gloire est arrivé.
 
 
 
 
 
 
 
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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 18:32

 

SUD éducation propose une présentation commentée des principales annonces.

La phase de concertation, ouverte à toutes sortes de contributions, s’est achevée avec la remise du rapport et le discours de F. Hollande. Le processus gouvernemental de préparation de la loi d’orientation est entré dans le temps de la concertation des organisations syndicales représentatives. Les 16 et 17 octobre, le ministère leur a exposé ses intentions. Le 18, il a présenté son projet de dispositif transitoire pour les concours supplémentaires de l’année prochaine. SUD éducation propose une présentation commentée des principales annonces. Il est pour nous clair que sans la mobilisation des personnels, il n’y aura pas de véritable alternative, pour les politiques éducatives comme pour le reste.

 

Sommaire

·         1. Calendrier

·         2. Budget

·         3. École et entreprises

·         4. “Pré-recrutement”, recrutement et formation des enseignant·e·s et CPE

·         5. Salaires, carrières, métiers

·         6. Précarité

·         7. Évaluation du système

·         8. Enseignement privé

·         9. Santé et social

·         10. Éducation prioritaire

·         11. Outremer

·         12. Numérique

·         13. Socle commun

·         14. Programmes

·         15. Éducation artistique et culturelle

·         16. Éducation Physique

Primaire

·         17. Rythmes scolaires dans le premier degré

·         18. Maternelle

·         19. Élémentaire

·         20. RASED

Secondaire

·         21. Vie scolaire

·         22. Décrochage scolaire

·         23. Orientation

·         24. Collège

·         25. Lycées généraux et technologiques

·         26. Enseignement professionnel et carte des formations

·         27. Place des collectivités territoriales dans les établissements

Enseignement supérieur recherche

·         28. Enseignement supérieur et recherche

 "Propositions" et contre-argumentaire   cliquer ICI

 

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 12:49

 

Témoignage d’un participant à la manifestation du 13 octobre à Paris.

Paris, le 13 octobre, à l’occasion de la journée mondiale de mobilisation #Global Noise, nous étions quelques centaines de manifestants à partir des abords de Golman Sachs pour arriver près de l’assemblée nationale.

Nous étions encerclés pendant toute la manifestation par près de 200 gendarmes mobiles et quelques policiers. Plusieurs camionnettes de gendarmerie mobile ouvraient la voie, suivies, de deux rangs de gendarmes, sur chaque côté de la rue, même chose dernière nous ainsi que quelques véhicules.

Comment justifier un tel déploiement de forces de répression pour quelques centaines de manifestants, ayant déjà fait preuve à de maintes reprises pendant 1 an et demi de mobilisation, de leur non-violence, vis à vis des biens et des personnes ?

Comment peut-on justifier d’interdire à des manifestants de distribuer des tracts aux passants ? N’avons-nous donc pas, plus de liberté d’expression ?

Comment justifier d’empêcher à des manifestants de mettre des déchets dans les poubelles situées sur le trottoir, leur interdire de sortir du cortège pour aller aux toilettes ou pour simplement boire de l’eau ? N’avons-nous pas, plus la liberté de circuler ?

Notre manifestation contre la dette, pour la démocratie réelle, est allée à la rencontre de quelques militants qui rendaient hommage aux victimes de Fukushima. En queue de cortège j’ai voulu m’attarder pour prendre une photo de leur banderole et discuter avec eux, j’ai avec peine pu prendre la photo mais il m’a été refusé de pouvoir aller leur parler. J’ai dit à un des gendarmes que ses ordre étaient illégaux et qu’il était de son devoir était de ne pas y obéir. Il m’a répondu : « Je me fous que l’ordre soit illégal maintenant avance ».

Plus tard à l’Assemblée Populaire qui s’est tenue aux abords de l’Assemblée Nationale, de nombreuses personnes venues pour réfléchir, pour s’exprimer, pour faire des propositions, pour faire la démocratie, se sont vues refuser le droit de nous rejoindre.

Dans cette même assemblée il a été décidé de mener une action en justice contre ces pratiques, nous recherchons tous les relais juridiques, citoyens, médiatiques afin de dénoncer l’inacceptable.

Je peine à finir ce billet tellement je sanglote, toutes les larmes de mon corps n’y pourront rien, le totalitarisme a t’il hier fait un pas de plus ? Encore un pas de trop.

Vous qui lirez ce message, s’il vous plaît diffuser-le et joignez-vous à nous pour dénoncer l’intégralité de la chaîne de commandement, qui permet que des gendarmes ne respectent pas la loi.

(source : actualutte.com)

 

 

 

 

 

 

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 18:05

 

Communiqué de Sud santé

Ce vendredi 19 octobre 2012, une jeune femme a perdu son enfant alors qu’elle se rendait à la maternité de Brive, distante de plus d’une heure de transport.

En 2009, la maternité de Figeac dans le Lot a été fermée. Après la fermeture de Gourdon et Decazeville il ne reste dans ce département qu’une maternité pour 170 000 habitants avec des conditions de transports problématiques liées à la géographie, sans parler des conditions climatiques parfois difficiles. C’est le cas dans de nombreux autres départements.

Ce drame de plus constitue la terrible conséquence d’une politique publique exclusivement comptable, orchestrée par les ARH et poursuivie aujourd’hui par les ARS (Agence Régionale de Santé).

On est ainsi passé de 1370 maternités en 1975 à 526 en 2010. Les incidents dramatiques se multiplient et les Services Départementaux d’Incendie et de Secours transformés, malgré eux, en unité d’accouchement d’urgence tirent la sonnette d’alarme depuis lors.

Alors que le nombre des naissances a connu un record en 2011, les autorités continuent de fermer des maternités publiques comme à la Seyne-sur-mer, il y a quelques mois ou à Marie-Galante, en Guadeloupe tout récemment. La pression est maintenue contre des hôpitaux comme à Le Blanc en région Centre, aux Bluets (Paris) et ailleurs sur tout le territoire. Elles continuent de réduire le nombre de lits et de favoriser la concentration de grosses maternités véritables ‘’usine à bébés’’.

La fédération Sud Santé Sociaux Solidaires dénonce cette situation depuis plus de dix ans. Elle est le produit de la logique de l’hôpital-entreprise, au mépris des besoins des populations et parfois de leur vie.

Avec les autres organisations composant le Collectif « Notre Santé en Danger »,la fédération Sud Santé Sociaux Solidaires exige un moratoire sur l’arrêt immédiat de toutes les restructurations hospitalières, qui crée de véritables déserts sanitaires. Elle exige d’urgence l’organisation d’un débat démocratique associant professionnel-les, usager-es et collectivités territoriales pour l’établissement d’une carte sanitaire répondant aux besoins de la population en matière d’accès aux soins.

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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 17:52
 
Les BAC, une police d’exception
Comparée aux autres pays occidentaux, la France se singularise par la place qu’elle accorde aux questions de sécurité dans l’espace public. Cette particularité remonte aux années 1980, dans le contexte de recomposition du paysage politique liée à la victoire de la gauche, à l’affaiblissement de la droite et à la montée du Front national. Face à cette situation, les partis conservateurs, reprenant à l’extrême droite ses thèmes favoris, se sont servis de celui de l’insécurité pour remobiliser leur électorat et reconquérir le pouvoir. Deux ministres de l’intérieur ont marqué de leur empreinte cette reconversion, Charles Pasqua et Nicolas Sarkozy, qui ont transformé en profondeur la visibilité et l’approche des questions sécuritaires.
 
Ce changement est passé par un contrôle croissant exercé sur l’appareil statistique et la recherche, un durcissement de l’arsenal législatif, une pression exercée sur les magistrats et un élargissement des prérogatives des policiers en matière de contrôle d’identité. Cette stratégie s’est avérée doublement efficace. Elle a contribué à la victoire de la droite à trois présidentielles successives, et contraint la gauche à suivre le mouvement, les parenthèses de sa présence au gouvernement au cours des deux dernières décennies n’ayant pas changé la donne, malgré l’intéressante mise en place d’une éphémère police de proximité.
 
IMAGE AMBIGUË
L’un des éléments essentiels de ce dispositif sécuritaire à la française est le déploiement de ces unités spéciales que sont les brigades anticriminalité (BAC). Bien qu’on ait parfois cherché à en faire remonter la genèse aux brigades de surveillance nocturne mises en place à Paris en 1971, les BAC ont en réalité une histoire plus récente : celles de nuit ont été créées en 1994 et celles de jour en 1996. Composées de gardiens de la paix, souvent en civil, circulant dans des véhicules banalisés et supposées mieux armées pour le flagrant délit, les BAC ont été conçues pour intervenir dans les quartiers réputés difficiles, et donc les banlieues des grandes agglomérations, avant de se multiplier sur tout le territoire national, jusque dans des petites villes de province.
Au sein de la police nationale, leur image est ambiguë : on les respecte et on les craint. D’un côté, elles constituent presque un corps d’élite, puisqu’on les intègre à la suite d’épreuves, certes peu sélectives, et par cooptation, soit sur la base d’affinités. De l’autre, on les considère souvent comme brutales, peu contrôlables, opérant aux limites de la légalité, susceptibles de faire dégénérer les situations délicates par leur agressivité. Conséquence de cette ambiguïté, mais aussi du désenchantement de beaucoup de gardiens de la paix qui ont rejoint ces unités, les postes y sont difficiles à pourvoir, ce qui amène nombre de commissariats à diminuer le niveau de leurs critères de recrutement.
Leur très grande autonomie, tant dans le travail que dans sa supervision et son évaluation, en a rapidement fait un petit Etat dans l’Etat, les policiers qui les dirigent n’ayant souvent de comptes à rendre qu’au commissaire chef de la circonscription. Du reste, bras armé des politiques sécuritaires, elles sont devenues presque intouchables, car leur présence sur le terrain rassure, sinon les habitants, du moins une hiérarchie désireuse de se conformer à la culture du résultat qui a servi pendant dix ans de mot d’ordre aux ministres de l’intérieur successifs. Or, qu’en est-il de ces résultats ?
Difficile de répondre à cette question en l’absence de données disponibles sur l’activité des BAC. Même les autorités seraient bien en peine de le faire. Les chiffres produits sur le terrain ne différencient pas les types de faits enregistrés. Ce serait pourtant là un élément instructif. Contrairement à l’idée répandue selon laquelle les banlieues, notamment les cités, seraient minées par la délinquance et la criminalité, les statistiques du ministère de l’intérieur révèlent une situation moins sombre. La plupart des faits les plus graves sont en baisse depuis des décennies et leur incidence dans les zones urbaines sensibles n’est pas supérieure à ce qu’elle est dans les agglomérations environnantes.
Cette situation se traduit par une faible sollicitation de la part des habitants et par une démarche consistant à aller au contact de la population. S’agissant des BAC, ce contact prend la forme de contrôles d’identité ciblés sur deux catégories d’individus, les jeunes hommes résidant dans les cités et les personnes paraissant d’origine étrangère, avec l’espoir de constater une infraction à la législation sur les stupéfiants dans le premier cas ou à la législation sur les étrangers dans le second. Ainsi, faute de flagrant délit sur des affaires sérieuses, ces policiers doivent se contenter d’usagers de cannabis et de sans-papiers. Beaucoup déplorent ce décalage entre leur mission et leur action.
Si l’efficacité des BAC est donc loin d’être établie en matière de réduction de la délinquance et de la criminalité, elle est en revanche plus facile à démontrer sur un tout autre plan. Leur présence dans les quartiers populaires relève en effet d’une logique différente de celle dont se réclamaient leurs concepteurs. La pratique des contrôles d’identité et des fouilles au corps en livre la clé d’interprétation. Réalisés souvent sans justification et même en dehors des règles définies par le code de procédure pénale, ces actes s’accompagnent parfois d’insultes et de brutalités auxquels les intéressés savent qu’ils ne doivent pas répondre au risque de tomber sous le coup de l’accusation d’outrage et de rébellion, un délit dont les contrôles et les fouilles ont permis la multiplication. Alors que tous les gardiens de la paix, de même que leurs supérieurs, savent que les outrages et rébellions sont un marqueur non pas de la violence du public mais de l’agressivité des policiers concernés, les poursuites judiciaires ont été systématiquement encouragées par le ministère de l’intérieur depuis dix ans.
 
MAINTIEN DE L’ORDRE INÉGALITAIRE
 
La fonction sociale des BAC n’est donc pas la lutte contre l’insécurité, mais la constitution d’un ordre social dans lequel chacun doit savoir la place qui est la sienne et apprendre à la respecter : les jeunes des cités, indépendamment de leur implication dans la délinquance ; les immigrés, quelle que soit la régularité de leur séjour ; les minorités ethniques françaises, volontiers assimilées dans les faits aux groupes précédents ; la majorité des citoyens, qui se sait à l’abri de ces pratiques et souvent ignore même leur existence chez les autres. Le harcèlement des populations déjà précarisées, marginales et stigmatisées produit ainsi une forme singulière de maintien de l’ordre inégalitaire, dont l’action de la police redouble l’injustice puisqu’elle en évite toute contestation.
Pour en prendre la mesure, il faut tenter de s’imaginer les rondes des patrouilles qui sillonnent les rues des cités, les pratiques ordinaires de provocation en écho à celles des jeunes, les déploiements spectaculaires en réponse à des actes mineurs, les expéditions punitives qui prennent tous les résidents d’un immeuble ou d’un quartier en otages pour un délit, les frustrations causées par des plaintes pour violences policières qui n’aboutissent presque jamais mais se retournent parfois contre leurs victimes. Bref, tout cet ordinaire d’intimidation qui pèse sur la vie quotidienne d’habitants déjà pénalisés par l’état dégradé de leur habitat et les pratiques délinquantes de certains groupes.
Depuis vingt ans, les pouvoirs publics ont mis en place une police d’exception, qui ne se déploie que dans certains territoires et pour certaines populations. Cette rupture d’égalité des citoyens devant leur police est une brèche dans le contrat républicain, par lequel ils délèguent à l’Etat le monopole de la violence légitime à la condition qu’il s’applique de la même manière à tous - telle est la justification d’une police qui a été voulue nationale.
Accuser les gardiens de la paix qui composent les BAC de cette pratique discriminatoire serait pourtant aussi vain qu’injuste, car ils ne font que mettre en œuvre la politique qu’on leur demande d’appliquer. Si, comme le disent certains responsables, ils produisent souvent plus de dégâts par leurs interventions qu’ils ne résolvent de problèmes, ils permettent de justifier leur propre existence, puisque, une fois les drames survenus et les émeutes commencées, ce sont eux que l’on mobilisera pour rétablir l’ordre qu’ils ont troublé. La question est finalement politique : peut-on se satisfaire d’une situation dans laquelle on fait de l’exception une règle ?
Les diverses affaires qui secouent aujourd’hui l’institution policière à travers la mise en cause de plusieurs de ses BAC peuvent donc servir à engager le nécessaire travail de fond permettant de rétablir des relations de confiance entre la police et la population. Cet effort suppose une évaluation indépendante, réalisée dans d’autres pays mais jamais entreprise en France, en même temps qu’il implique une concertation entre tous les partenaires concernés, des syndicats de policiers aux associations d’habitants et aux élus locaux, en passant par les chercheurs. Chacun a intérêt à ce que les gardiens de la paix honorent la signification de leur nom. A terme, il s’agit que les forces de l’ordre retrouvent le sens d’agir au service non plus d’un gouvernement, mais de la société.
 
Débattons des atteintes ordinaires au droit
Vers la fin de l’enquête que j’ai conduite pendant quinze mois, entre 2005 et 2007, sur une brigade anticriminalité dans la région parisienne, j’ai demandé au commissaire adjoint du chef de la circonscription pourquoi lui et ses supérieurs avaient autorisé cette recherche, il a eu cette réponse : « Pourquoi cette question ? Nous n’avons rien à cacher. Il n’y a pas de ripoux parmi nous. » Il est vrai que je n’ai jamais eu vent de quelque corruption que ce soit au sein de ses services. Il est impossible de tirer de cette observation des conclusions sur le caractère marginal ou non de l’affaire de vol et d’extorsion impliquant la BAC du nord de Marseille, mais cette remarque montre que telle était la principale préoccupation en matière de bonnes pratiques : éviter l’opprobre de l’image de « ripoux ».
Or , il ne faudrait pas que l’arbre de l’affaire marseillaise cache la forêt des problèmes posés par l’action de la police dans les quartiers en difficulté. Bien plus que les affaires de corruption, ce sont les atteintes ordinaires aux droits des citoyens, régulièrement critiquées par la Commission nationale de déontologie de la sécurité, supprimée par le gouvernement en 2009, qui devraient susciter la réflexion et l’action. Comme le disait le secrétaire général d’un grand syndicat de police, les BAC se comportent souvent dans les banlieues comme des « meutes qui vont produire plus de dégâts en allant sur le terrain que régler des problèmes ». De fait, pratiquement tous les désordres urbains qu’a connus la France depuis vingt ans se sont produits à la suite d’interactions violentes entre des jeunes des cités et des policiers de ces unités.
Certes, toutes les BAC n’agissent pas de la sorte. Il existe en leur sein des policiers qui, parce qu’ils sont plus familiers des quartiers dans lesquels ils opèrent et plus soucieux des règles éthiques, parviennent à maintenir des conduites respectueuses du droit, tout en étant plus efficaces que les autres dans la lutte contre la délinquance. Mais il s’agit plutôt de comprendre comment le fonctionnement insulaire des BAC, leur soustraction aux modalités habituelles d’évaluation et la tolérance dont elles bénéficient de la part de leurs instances disciplinaires conduisent à des dérives. Le cas marseillais n’est probablement pas la règle, mais il est exemplaire en ce qu’il montre les conséquences extrêmes de ce mode de fonctionnement. L’enjeu ne relève pas seulement de la morale individuelle qu’il faut sanctionner, mais du dispositif institutionnel qu’il faut réformer.
 
Après un exposé des résultats préliminaires de ma recherche, un commissaire de Seine-Saint-Denis a dit : « Vous avez raison, mais voyez-vous, les BAC, c’est un mal nécessaire. » Alors que se multiplient les affaires graves - Amiens, Arras, Marseille -, révélant les problèmes structurels de ces unités spéciales, demandons-nous si tel est vraiment le cas.
(Dideir FASSIN sur danactu-resistance)
 
 
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22 octobre 2012 1 22 /10 /octobre /2012 17:44
 
Petit retour, nécessaire, sur le rôle des RASED et la position de Sud Education.
 
 
 
 
 
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20 octobre 2012 6 20 /10 /octobre /2012 21:07
Comédien, acteur, poète, et chanteur compositeur libertaire.
Il naît le 24 juillet 1918 à Paris. Après des études secondaires à Bordeaux et une formation de comédien (premier prix de comédie à 17 ans ), il "monte à Paris" où il est admis au conservatoire. Mais la guerre éclate et, mobilisé, il se retrouve en captivité. Libéré fin 1944, il peut enfin faire du théâtre, et tourner dans des films (une centaine). Il donne également des récitals de poésie et de chansons (de sa composition) dans divers cabarets de la capitale. Au "Lapin Agile", sa rencontre avec Léo Ferré (qui débute aussi), marquera sa carrière de chanteur engagé. En 1970, il enregistre son premier disque qui sera suivi par plusieurs autres, couronnés par de nombreux prix. Très loin de la variété commerciale, il saura enthousiasmer les gens, lors des 250 récitals donnés en France et à l'étranger.
Impossible de citer les titres de toutes ses chansons pleines de poésie et de révolte : "La Commune est en lutte", "Les Coeurs purs", " Si vis pacem", etc.
Parcours ton pays et la terre
A pied, à la nage, en ballon...
C'n'est pas partout paradisiaque
Mon fils, mais retiens la leçon :
Méfie-toi des paranoïaque

Surtout s'ils portent des galons! (bis)
 
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