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7 novembre 2012 3 07 /11 /novembre /2012 16:21
 
 
Interdite d'exposition à Versailles, "La Mariée", lustre géant avec pour bougies des tampons hygiéniques, s'expose au Centquatre, à Paris. Pour Catherine Pégard, présidente du château, l'œuvre n'était pas "en résonance" avec la demeure royale. "Censure" crie l'artiste portugaise Joana Vasconcelos.
(Heu, Jeff Koons$$$$$$ est-il en résonance avec la demeure royale ??)
De loin, on distingue un lustre blanc imposant, de cinq mètres de hauteur. Mais lorsque le visiteur approche, en lieu et place des bougies ou ampoules attendues, son regard est happé par l'éclat d'une multitude de tampons hygiéniques... 25 000 pièces cotonneuses immaculées, plastifiées, reflètent la lumière naturelle : un détournement inattendu du décorum de prestige des salons du 18ème siècle.
"C'est sans doute ma création la plus importante et emblématique, c'est elle qui m'a fait connaître sur la scène internationale de l'art contemporain, avec une première présentation lors de la Biennale de Venise, en 2005", confie l'artiste portugaise Joana Vasconcelos, pétulante quadragénaire.
 
 
Cela se passe en Ecosse, à l’aéroport d’Edimbourg.
Depuis le 4 août (2012) une exposition consacrée à Picasso est organisée dans la capitale écossaise. Elle sera en place pendant trois mois…
Mais c’est surtout une affiche pour en faire la promotion, à l’aéroport, qui a suscité une polémique parmi les voyageurs…
C’est un poster qui représente un nu peint par l'artiste : "Femme nue dans un fauteuil rouge". Face au scandale suscité par cette affiche, la direction l’a d’abord recouverte mardi puis dévoilée à nouveau mercredi, à la suite de la protestation des voyageurs indignés ! La direction va présenter ses excuses aux organisateurs de l’expo…
Le Directeur des National Galleries of Scotland s’est étonné que cette image reproduisant la peinture d’un grand peintre suscite de telles réactions, alors que la  publicité utilise des femmes dénudées sans problème
picasso 2.jpg 
En mars 2010, l’affiche annonçant les concerts du chanteur Damien Saez, représentant une jeune femme nue dans un chariot de supermarché, a été refusée dans les couloirs du métro parisien et par plusieurs sociétés d'affichage dont Decaux et Clear Channel. Ces refus font suite à l'avis de l'Autorité de Régularisation Professionnelle de la Publicité qui estime que l'affiche «présente un caractère dégradant pour l'image de la femme dans la mesure où elle apparaît nue, et qui plus est dans un chariot de supermarché, donc comme une marchandise (...) La publicité ne peut réduire la personne humaine, et en particulier la femme, à une fonction d'objet».Les recommandations de l'autorité sont généralement suivies par les afficheurs dont Média Transports, régie du métro et des bus parisiens. «Une femme nue dans un caddie, outrage aux moeurs du commerce ?»
 
Selon le chanteur, une deuxième affiche sans la photo de la jeune femme, mais soulignant en gros caractères l'interdiction d'affichage, a été également refusée. «Une femme nue dans un caddie, outrage aux moeurs du commerce ? Remise en question du système ? Droit d'informer ?». «Cette interdiction aurait pour but de protéger l'image de la nature humaine, j'en doute. Mais protéger l'image du caddie ? (...) Une chose est sûre, les caddies valent plus que les hommes dans nos pays», écrit-il dans une lettre mise en ligne. «J'ai honte pour ces gens, honte pour mon pays, honte pour ce qu'il est devenu, honte pour cette auto-censure que la société s'inflige à chaque fois qu'elle ouvre sa bouche», poursuit le chanteur qui avait indiqué son intention de porter l'affaire en justice.
 
 
Le week-end dernier (3 et 4 novembre 2012), les artistes locaux d’Altenstadt exposaient leurs œuvres à la salle communale. Peintures, patchwork, photographie… Il y en avait pour tous les goûts. Mais une toile a choqué. Il s’agit d’une reproduction interprétée du tableau de Gustave Courbet intitulé L’Origine du monde, peint en 1866 et visible au musée d’Orsay.
 
Audrey Gentner, son auteur, étudiante aux Beaux-Arts de Bruxelles, voulait souligner par une mise en abyme la souffrance de la femme face aux contraintes corporelles qu’elle subit. Sous la pression d’exposants et de visiteurs, l’œuvre a été recouverte de papier dimanche matin, avec la précision « ce tableau n’a pas sa place dans notre exposition tout public ».
 En février 2011, Frode Steinicke, un artiste danois, avait commenté sur son profil Facebook une émission de télé en accolant à son commentaire une reproduction du tableau de Courbet.
 
Résultat : son compte Facebook a été désactivé. Raison invoquée par le réseau social américain : interdiction d’afficher des personnes nues sur le site, pour faire en sorte que Facebook « demeure un milieu virtuel sûr à visiter, y compris pour les nombreux enfants qui l’utilisent ».
 
Dépité et indigné, Frode Steinicke a contacté Facebook en répliquant qu’il ne connaissant pas cette règle de ne pas afficher de nus sur son profil et en regrettant son geste « fait pas mégarde ».
 
Après ce mea culpa forcé, FB avait décidé de réactiver le compte de l’artiste danois…


Mais alors, quand va-t-on censurer ces propos ??
 
Serge Dassault : « Y’a plus de renouvellement de la population, à quoi ça rime ? On veut un pays d’homos ? Dans dix ans, y’a plus personne, c’est stupide. »
 
 « Regardez dans l’Histoire, la Grèce, c’est une des raisons de sa décadence. C’est l’arrêt de la famille, c’est l’arrêt du développement des enfants, c’est l’arrêt de l’éducation, c’est un danger énorme pour l’ensemble de la nation, énorme. »
 

Christine Boutin : "L'homoparentalité est une tromperie, c'est une construction puisque l'enfant a besoin d'avoir un homme et une femme pour exister".
 
«Il est vraisemblable que si on accepte le mariage homosexuel, on sera amené dans les années à venir à accepter la polygamie»
 
François Lebel, maire UMP : "Si le tabou immémorial du mariage hétérosexuel vient à sauter, qui et quoi s'opposera désormais à ce que d'autres tabous le concernant, bien moins anciens, bien moins universels, ne tombent à leur tour ?"
 
"Par exemple : comment s'opposer demain à la polygamie en France, principe qui n'est tabou que dans la civilisation occidentale ? Pourquoi l'âge légal des mariés serait-il maintenu ? Et pourquoi interdire plus avant les mariages consanguins, la pédophilie, l'inceste qui sont encore monnaie courante dans le monde ?"
 
André Vingt-Trois : "ce ne serait pas le mariage pour tous, ce serait le mariage de quelques-uns imposé à tous"
me-paris.jpg
 
 
 
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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 16:54

 

La lutte contre l’immigration est le nouveau marché en vogue pour les sociétés de sécurité et d’armement. Dans un livre, la juriste Claire Rodier décrypte le boom de cette « xénophobie business ». Où l’on apprend que les sociétés privées, appuyées par la Commission européenne, investissent des dizaines de millions d’euros dans des technologies anti-migrants, que GDF-Suez, via une filiale, gère des centres de rétention… Entretien.

Basta ! : Lorsque le business de l’immigration est évoqué, c’est le plus souvent pour pointer du doigt les « passeurs ». Qui d’autre profite de la sécurisation des frontières ?

Claire Rodier : Les discours des responsables politiques sur les « affreux passeurs » sont une façon pour les États de se dédouaner, comme si ceux qui font passer les frontières moyennant finances étaient les seuls responsables de ce qui arrive aux migrants. D’autres « acteurs économiques » profitent de ces politiques de contrôle des frontières, en particulier les sociétés de sécurité. C’est un marché qui ne cesse de croître depuis plus d’une décennie. En 2009, le chiffre d’affaires de la « sécurité globale » est estimé à plus de 450 milliards d’euros, ce qui représente une progression annuelle de plus de 10% en moyenne. Aux côtés de la lutte contre le terrorisme et de la sécurisation des lieux sensibles, comme les aéroports, on trouve la protection des frontières contre l’immigration désignée comme clandestine.

Les entreprises de sécurité organisent un « salon mondial de la sécurité intérieure des États », Milipol, en région parisienne. Le marché de la sécurité intérieure détrônerait-elle l’industrie de l’armement ?

On observe un glissement progressif du marché de l’armement militaire vers le secteur civil, où le marché de la lutte contre l’immigration est très porteur. Le salon Milipol a été organisé au départ par des entreprises françaises, soucieuses de se doter d’un outil de communication à destination d’un marché en pleine expansion. Leur objectif est de développer une véritable industrie européenne de la sécurité en mesure de concurrencer les pionniers que sont les États-Unis et Israël. Lancé fin 2010, le projet Oparus rassemble plusieurs entreprises européennes – BAE systems (Grande-Bretagne), Dassault Aviation (France), EADS (France et Allemagne), Sagem (France), Thales (France) – pour élaborer une stratégie commune d’exploitation des drones pour la surveillance des frontières terrestres et maritimes. Le projet est financé à hauteur de 1,19 million par le département recherche et développement de la Commission européenne.

L’argent public finance donc des recherches privées, à but lucratif. Ce business est-il plus largement soutenu ?

En 2007, Franco Frattini, alors commissaire européen chargé de la Justice et des Affaires intérieures, affirme que « la sécurité n’est plus un monopole des administrations mais un bien commun, dont la responsabilité et la mise en place doivent être partagées entre le public et le privé ». Par bien commun, il faut entendre « partage du gâteau ». Cela va au-delà d’une stratégie de lobbying auprès de tel ou tel parlementaire. C’est un travail de fond, en particulier dans les enceintes institutionnelles dédiées à la recherche. Les industriels y côtoient les décideurs politiques, ce qui leur permet de récupérer de l’argent pour mener des recherches grâce auxquelles ils vont faire évoluer leurs produits.

Dans un second temps, ils seront bien placés pour répondre aux appels d’offres des États et obtenir des marchés. Le parti pris du recours à la technologie de pointe est un facteur d’obsolescence rapide du matériel utilisé, donc de nécessité de son renouvellement. Un nouveau système de surveillance maritime, qui associe les forces armées maltaises, des sociétés privées et l’université de Las Palmas aux îles Canaries, repose par exemple sur des balises flottantes dotées de caméras infrarouges et d’hydrophones pour détecter les sons sous l’eau. Il est censé identifier les embarcations illégales. Budget total prévu pour la seule phase d’élaboration du dispositif, subventionnée par l’Union européenne : 5 millions d’euros.

La sécurité des frontières serait-elle en voie de totale privatisation ?

En France, nous ne connaissons pas encore une privatisation à tout va. Nous ne sommes pas aux États-Unis ou en Grande-Bretagne où le tournant libéral a été très sévère à partir des années 80. Ici, la délégation de prérogatives régaliennes, comme la sécurité, est souvent une étape plus difficile à franchir. Mais la Commission a récemment révisé les seuils communautaires, à partir desquels une procédure européenne s’impose dans la commande publique. Les marchés liés à la sécurité vont donc, de plus en plus, s’ouvrir aux partenaires européens.

 

En 2011, les résultats d’un appel d’offres lancé par le gouvernement italien pour la gestion de deux centres de rétention a été remporté par Gepsa, une filiale de GDF-Suez. C’est la première incursion hors du territoire national de cette entreprise française qui est l’un des principaux partenaires de l’administration pénitentiaire. Gepsa prend également en charge pour le compte du ministère de l’Intérieur quatre centres de rétention administrative. Cette privatisation permet la dilution des responsabilités. L’État déléguant n’est plus vraiment responsable de ce qui s’y passe. Sauf éventuellement, de mettre fin au contrat d’une entreprise qui exagèrerait un peu trop. Mais la responsabilité de ceux qui sont en première ligne est très ténue. La justice britannique a récemment décidé qu’il n’y aurait pas de poursuites pénales contre les responsables de la mort de Jimmy Mubenga, un angolais décédé par asphyxie lors de son refoulement de Grande-Bretagne.

A quoi sert l’agence européenne de contrôle des frontière, Frontex ?

Au départ, Frontex était chargée de coordonner les initiatives entre États membres en matière de contrôles extérieurs. Il s’agissait par exemple de ne pas envoyer deux patrouilles, l’une italienne, l’autre grecque, pour surveiller un même endroit sur l’Adriatique. C’est une entité susceptible d’être une interface entre les polices. Au nom de ce principe, le directeur de Frontex peut toujours dire qu’il n’est pas responsable des agents qui interviennent puisqu’ils sont mandatés par les États membres ! Frontex coordonne. Voilà pour l’affichage. En réalité, l’agence a un rôle d’acteur plus que de coordonnateur. Elle a de plus en plus de pouvoirs d’initiative, et a toute autonomie pour dire aux États membres où il faut intervenir, avec combien d’hommes et quel type de matériel. Cela permet ensuite de mobiliser des flottes, d’acheter des avions, des hélicoptères ou des bâtiments. Son budget a connu une croissance exponentielle passant de 6 millions d’euros en 2005 à 86 millions d’euros six ans plus tard. En 2011, le Parlement a voté un complément de 43,9 millions d’euros « en raison d’une augmentation considérable des activités opérationnelle de l’agence ». Qui fait quoi ? Et qui est responsable de quoi ? Personne ne le sait vraiment. Frontex est une caricature de la dilution des responsabilités.

Quel est l’impact de cette militarisation des contrôles aux frontières sur les migrants ?

Ils ont des effets concrets en terme de déplacements des trajectoires de migration. Depuis environ 8 ans, il y a un glissement des migrants de l’ouest vers l’est : ils essaient d’entrer en Europe par sa frontière méridionale. Cela correspond à des points de verrouillage successifs. Mais ces effets ponctuels ne remettent pas en cause les franchissements des frontières. On connait des gens qui sont passés cinq, six, dix fois entre la Tunisie et l’île de Lampedusa (Italie). C’est dire le peu d’effets sur la volonté de passer des migrants. Mais on continue d’expliquer aux populations européennes qu’il faut des systèmes de protection des frontières. C’est pourquoi je dis que le but, c’est plus la mise en place des dispositifs eux-mêmes que le fait d’empêcher les gens de passer.

(source : bastamag.net)

 

 

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5 novembre 2012 1 05 /11 /novembre /2012 18:22

De plus en plus, face à la souffrance de certains enfants, se met en place une réponse institutionnelle sécuritaire. Cachez ces « troubles du comportement » que l’on ne saurait voir. Il est tellement plus rassurant de ne voir qu’une seule tête, de préférence formatée ! LA réponse répressive (exclusion, isolement, stigmatisation, médicalisation, médication…) est tellement plus rapide que la prise en compte de la complexité de l’enfant et de son histoire...

 

Agités de tous les pays, fermez vos gueules !

Votre enfant est agité ? Vous vous sentez un peu dépassé ? Pas de problème, on va « gèrer » ces « troubles » à coups de cachetons... Ainsi s’avance le traitement psychiatrique contemporain, à rebours de toute prise en compte de la complexité des sujets. Une approche évoquée par Yann Diener dans « On Agite un enfant ».

En arrivant aux États-Unis, Freud aurait dit qu’il apportait la peste aux Américains en glissant la psychanalyse dans ses bagages. En retour, les États-Unis nous amènent aujourd’hui les thérapies cognitivo-comportementales, avec l’immense marché des « troubles » et des médicaments qu’elles inventent. Dans le champ médico-social, plus particulièrement dans les Centres médico-psychopédagogiques (CMPP) financés par la Sécurité sociale, les psychanalystes qui accueillent des enfants, des adolescents et leurs parents résistent encore à la tentation de considérer leurs patients comme des « fauteurs de troubles » qu’il faudrait « traiter », « évaluer »... « dresser ». Entretien avec Yann Diener, l’un des « tranquilles ouvriers de la parole » qui « s’activent dans ces joyeuses niches » que sont les CMPP, psychanalyste et auteur de l’ouvrage On agite un enfant : l’État, les psychothérapeutes et les psychotropes.

Certains textes produits par des psychanalystes peuvent avoir une portée politique. Vous avez fait le choix de publier à La Fabrique, maison d’édition agissant dans le champ de la critique sociale et politique...

J’avais invité l’éditeur de La Fabrique, Éric Hazan, à intervenir lors des journées de la fédération des CMPP suite à la sortie de son livre, LQR. Nous voulions travailler sur l’apparition et l’imposition d’un nouveau langage médico-social, et j’avais envie que l’on parte de son travail à lui, plus large, sur la langue, pour ne pas rester entre psys à parler de ce sujet. Éric Hazan était justement en train de travailler avec le groupe du Manifeste pour la psychanalyse qui propose une analyse critique des conséquences du pacte noué par les psychanalystes avec l’État.

Ces deux publications à La fabrique ont lieu à un moment où de plus en plus d’analystes pensent qu’il n’y a pas une opposition si marquée entre l’acte analytique et l’acte politique, si l’on considère que le symptôme est un petit grain de sable dans le système familial ou plus largement dans la sphère sociale. Il serait réducteur de dire que le symptôme est un acte politique, mais la question de la portée insurrectionnelle du symptôme ouvre le débat.

Comment expliquez-vous l’existence d’une certaine forme de défiance vis-à-vis de la psychanalyse dans les milieux militants ?

C’est comme s’il existait une contradiction à la base – pas tellement théorique, mais sur le mode d’action : avec la caricature de la psychanalyse qui se replie sur le sujet (« c’était pour des bourgeois viennois qui avaient des problèmes de riches ») et du marxiste ou du post-marxiste qui n’est qu’un contestataire.

Je pense que la publication à La Fabrique permet d’un peu faire tomber ces oppositions. Ce qu’on voulait faire, c’était adresser ce travail à d’autres lecteurs en portant la critique au niveau du langage. Les instituteurs s’en servent par exemple pour puiser des arguments dans d’autres champs ; je voulais justement que le livre puisse être transposé à d’autres champs de pratique. La psychanalyse, ce n’est pas juste un cabinet et quelqu’un qui a beaucoup d’argent et qui vient se plaindre. La psychanalyse, c’est par exemple ce qui se passe dans les CMPP avec les enfants qui viennent en consultation. Les gamins eux-mêmes disent parfois : « Ah mais c’est ça, alors, tu es psychanalyste ? Je pensais que ça avait une longue barbe, un psychanalyste ! Il y a pas de divan ? On peut pas s’allonger ? »

Pourquoi ce titre, On agite un enfant ?

Il s’agit d’une reprise du titre de Freud Ein kind wird geschlagen, qui a été traduit par On bat un enfant et par Un enfant est battu. L’idée, dans ce livre, est de démonter la logique de l’agitation de l’enfant en montrant qu’on y participe – le on désignant les personnes qui pensent avoir de bonnes solutions pour calmer les enfants. Le premier chapitre parle de ce qui se passe à l’école, où le nombre d’enfants « agités » augmente. Il s’agit aussi du moment où l’institution scolaire impose une pression croissante sur l’enfant. Il y a toujours eu une pression scolaire (il faut être bon à l’école) mais elle s’exprime aujourd’hui d’une autre manière, par la transposition du langage et des techniques entrepreneuriales dans le milieu scolaire. Les analystes ont pour hypothèse l’idée selon laquelle le contexte familial – et plus largement, institutionnel – participe de l’élaboration du symptôme qui peut être, dans ce cas, l’agitation. L’enfant, en choisissant d’exprimer certains symptômes, réagit à l’emprise de sa famille ou de l’école, refuse la place qui lui est assignée, se fait porte-parole de malaises qui le dépassent (familiaux, par exemple), malaises qu’on lui enjoint de ne surtout pas formuler en lui disant de « tenir en place ». Plusieurs facteurs participent de ce qu’on appelle « un trouble » mais que l’on désigne trop rapidement comme quelque chose qui vient de l’enfant uniquement.

Vous citez aussi Freud en exergue de votre livre : « On cède d’abord sur les mots et puis peu à peu aussi sur la chose »...

Un certain nombre d’instituteurs et de pédopsychiatres pensent que la maladie de l’enfant « agité » (le TDAH, soit trouble déficit de l’attention/hyperactivité) existe et qu’il faut donc trouver le bon médicament pour le soigner. Ou plutôt, le bon circuit neuronal et la molécule qui convient. TDAH est un sigle passé dans le langage médico-social qui apparaît maintenant dans le discours des enfants : eux-mêmes commencent à penser que cela existe. Depuis quelque temps, on reçoit des enfants qui disent « je suis TDAH » ou « je suis un petit peu TDAH », comme en psychiatrie on entend des personnes dire « je suis schizophrène ». L’enfant pense que c’est parce qu’il est agité qu’il y a un malaise dans la famille ou dans la classe, et les parents, de plus ou moins bonne foi, pensent que c’est parce que l’enfant est agité qu’eux-mêmes sont en difficulté, qu’ils ne dorment plus, etc... Or, quand une personne intègre le stigmate, dit qu’elle « est » cela (plutôt que d’utiliser une phrase plus longue pour se définir : « Je souffre de troubles qui s’apparentent à ... »), la personne ne parle pas d’elle : elle se cache derrière la désignation, elle répond à l’attente des autres.

Dans la novlangue psychothérapeutique, on ne parle d’ailleurs plus de « symptôme » mais de « handicap »...

Il s’est opéré un glissement significatif entre « cet enfant souffre d’un trouble de la concentration » et « il est agité, il est comme ça ». Le remplacement de « symptôme » par « handicap » revient à nier l’expression et l’autonomie du sujet. Dans ses textes fondamentaux, Freud montre que les symptômes, les actes manqués et les rêves participent de l’expression de l’inconscient. Le symptôme est une solution du sujet pour faire un compromis entre le normal et le pathologique, entre ce qui se dit et ce qui ne se dit pas, entre les désirs et l’interdit. Le symptôme permet de dire et de ne pas dire. Bref, le symptôme est une invention du sujet alors que le handicap est une invention de l’institution. Il s’agit de deux créations, sauf qu’une des deux est imposée à la personne.

Jusqu’à présent, entamer une analyse est une démarche qui relève d’une décision de la personne. Il est vrai que les enfants sont a priori amenés au CMPP à partir du constat que quelque chose ne va pas bien, souvent en tant que fauteurs de trouble. Ils se défont très rapidement de cette assignation en montrant qu’ils ont d’autres plaintes qui ne concernent pas directement le motif pour lequel ils ont été amenés au CMPP. La première demande, le symptôme, cache une autre demande. Et ça ne prend pas tant de temps pour que les choses se déplient, au CMPP, pour retourner les liens de causalité.

Comme vous l’expliquez dans votre livre, l’obtention d’un auxiliaire de vie scolaire (AVS) pour un élève est aujourd’hui conditionnée par la reconnaissance du statut de handicapé.

Jusqu’à présent, les parents pouvaient choisir pour leur enfant. Mais pour des raisons de financement, les demandes d’AVS ne sont désormais acceptées que si un dossier a été constitué auprès de la Maison départementale des personnes handicapées. Certains parents ne demandent donc plus d’AVS alors que ça pourrait être utile à leur gamin.

Dans le même sens, la fédération des CMPP a beaucoup lutté pour que ne soit pas appliquée aux Centres médico-psychopédagogiques une durée maximale de consultation de six mois pour les enfants. Le symptôme doit avoir le temps de se déplier dans toutes ses composantes – ça ne veut pas dire que ça prend dix ans : il faut prendre un minimum de temps avec les gamins. Grâce à notre travail d’explicitation, les gens qui siègent dans les commissions régissant l’action médico-sociale ont compris ceci : si au bout de six mois de consultation en CMPP, un enfant voulait continuer le travail, il fallait qu’il ait le statut de « handicapé », et ce, quelle que soit sa pathologie. L’idée de handicap était jusqu’alors déterminée par une durée de traitement ; nous avons finalement obtenu que ça ne se passe pas de cette façon.

Vous écrivez que laisser s’exprimer le symptôme, c’est laisser s’exprimer une part de rébellion du sujet...

L’analyste ne s’attache pas à supprimer le symptôme, qui n’est pas uniquement un truc mauvais, qui l’embête ou qui embête les autres, mais une solution de compromis. C’est pour ça que ça tient, un symptôme : tant qu’il « aide », ça va, jusqu’à ce qu’il devienne insupportable. Dans le symptôme il y a une part de soumission qui fait que l’on n’arrive pas à faire certaines choses et en même temps une part de symbole qui permet de dire, de ruer dans les brancards, d’embêter les autres. Le principe de l’analyse, c’est de modifier son rapport avec ce symptôme-ci, non pas de le faire disparaître d’un coup puisqu’il signifie quelque chose.

L’idée, avec les pratiques médicamenteuse et comportementaliste – c’est-à-dire les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) – est de faire revenir le patient à son état d’avant la maladie. Ce qui est un problème : si l’on revient à l’état d’avant le symptôme, on revient aux conditions qui ont permis l’apparition du symptôme. C’est tout à fait assumé par les labos qui fabriquent les médicaments : « Nous pouvons enlever votre symptôme », disent-ils. C’est vrai, ça marche. Un conditionnement, une hypnose ou un médicament éradiquent l’expression du symptôme. Sauf que bien souvent, un autre symptôme se forme, ou le symptôme se déplace (dans la famille, un autre enfant se « charge » d’exprimer le malaise). Disons qu’à court terme, les résultats sont évidents avec ces méthodes-ci, mais je considère qu’à long terme, les conséquences seront plus coûteuses pour le sujet et en terme de lien social.

On a souvent caricaturé la psychanalyse en disant qu’elle ne s’intéresse pas à la souffrance de la personne, qu’elle ne fait que tourner autour ou valoriser le symptôme ou encore qu’il ne s’agit pas d’une thérapie. Bien entendu, c’est faux, on le vérifie tous les jours, au CMPP ou ailleurs, il s’agit de traiter de profondes souffrances, non pas réductibles à des « bobos à l’âme » mais à des questions de vie ou de mort, plus ou moins directement. L’analyse peut viser la levée du symptôme mais dans un deuxième temps. Une fois qu’il a pu se déplier avec ses bénéfices et ses coûts et qu’à ce moment-là, on choisit de le garder ou pas. Certes, cela nécessite du temps. Or le temps est une dimension complètement niée dans l’approche comportementaliste.

Dans tous les cas, il y a un intérêt idéologique et pratique sur le court terme à appréhender le symptôme autrement que comme il l’est fait dans la psychanalyse : si les désirs se réalisaient tous en même temps, ce serait difficile pour le lien social. C’est une entreprise de refoulement qui est en partie salutaire mais qui permet beaucoup de soumission et de domination. La logique d’État va plutôt dans le sens d’une répression de cette rébellion qui est une partie du symptôme. Il est donc logique que la réponse au symptôme soit plutôt de l’ordre de son éradication ; s’il y a de l’insurrection, même si elle se situe au niveau du sujet, il y a toujours une opposition entre une logique répressive et une logique préventive. Et la réponse de l’État, c’est plutôt la répression ou l’évaluation – qui est une autre forme disant « ce qu’on peut faire » et « ce qu’on ne peut pas faire ».

La logique d’évaluation par l’État que vous décrivez dépasse le cadre des CMPP : elle est également à l’œuvre dans le champ de l’éducation spécialisée...

C’est une logique binaire : aucune variation n’est possible. Dans les derniers textes de 2002 qui régissent le médico-social, le terme de « symptôme » n’apparaît plus, pas plus que dans les manuels nosographiques7. Les termes de « sujet », de « malade » ou de « patient » n’apparaissent plus. Ils sont parfois remplacés par le mot « client » ou par le mot « usager » quand demeure un vague vernis de service public. C’est comme à la RATP : c’est le même terme. Il y a des « usagers » qui ont – au mieux – des « troubles » ou un « handicap ». Il existe là un renforcement de ce clivage « normal/pathologique » qui fait que, quand vous devez remplir des cases ou des grilles, vous avez à cocher – d’une certaine façon – « normal » ou « pathologique ». Mais attendez, c’est plus compliqué... Ça ne rentre pas dans un logiciel, il y a le contexte...

Le texte de référence des thérapies cognitivo-comportementales s’appelle le DSM : en inventant des maladies, il invente de façon concomitante des médicaments...

Le DSM fait disparaître l’idée de symptôme, il prend chaque signe pour une maladie en soi, pour une pathologie. Par exemple, les catégories classiques de « névrose » ou d’« hystérie » n’existent plus. Chaque signe – le rituel, le TOC : c’est la maladie. On ne traite plus le symptôme, on traite le signe. Effectivement, on peut éradiquer le signe, on l’efface, il s’efface. Si vous continuez avec l’idée de névrose, vous ne pouvez pas : on sait qu’on ne peut pas sucrer la névrose. Cette disparition de la « névrose » dans la classification est aussi une attaque de cette complexité entre le « normal » et le « pathologique ». Il y a des molécules qui font disparaître un délire alors que le délire dit quelque chose du sujet. Le délire est en effet éradiqué par les molécules des antipsychotiques. D’ailleurs, le terme est extraordinaire : avant on disait « neuroleptiques », là ce n’est plus une molécule anti-délire mais c’est une molécule « anti-psychotique » : contre le psychotique lui-même. Les gens disent : « Je suis psychotique, je prends un antipsychotique. » C’est contenu dans les mots.

À l’invention des « troubles du comportement » telle que l’ « hyperactivité » chez l’enfant correspond une réponse médicamenteuse connue sous le nom de Ritaline. L’ État encourage-t-il à l’école la systématisation de cette réponse ?

Le passage ne s’est pas encore fait en France. Dans les formations, les instits sont incités à détecter, à diagnostiquer le TDAH. Là, le mot est utilisé. La conséquence est simple : il faut de la Ritaline. Ce n’est pas écrit mais c’est dit par des directeurs d’établissements scolaires. J’en ai même entendu dire à des parents : « Si vous ne mettez pas votre enfant sous Ritaline, on ne le garde pas à l’école. » En revanche, en Allemagne, les labos viennent faire la promotion de la Ritaline dans les écoles – qu’ils peuvent subventionner par ailleurs. Là-bas, c’est considéré comme un service, comme un plus.

ll existe pourtant des risques liés à la prise de Ritaline, relevés notamment par la revue médicale indépendante Prescrire.

Il y a des risques cardiovasculaires, sur la croissance et la maturité sexuelle, ainsi que des risques de troubles neurologiques. Les États-Unis commencent d’ailleurs à faire attention à cela parce que des procès sont intentés et que ça va leur coûter de l’argent. Jusqu’à maintenant en France, on ne pouvait pas prendre de Ritaline avant six ans, mais le seuil vient d’être abaissé au moment même où l’AFSSAPS fait entrer la Ritaline dans sa liste de médicaments à surveiller. Ça sent le scandale sanitaire. Dans le même temps, un changement a été opéré pour faciliter la prescription de Ritaline : ce n’était avant possible qu’à l’hôpital, car la Ritaline est considérée comme un stupéfiant. Et en ce moment, les labos cherchent un nom pour un médicament destiné à traiter les adultes « agités ». C’est dans leurs cartons.

(source : article 11)

 

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 17:37

  http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/161.jpg

 

 

Notre Dame des Landes : c'est « l'Ayraultport » qu'il faut expulser !

(communiqué d’Attac France)

Ce matin (30 octobre), depuis 8 h, des centaines de gardes mobiles tentent d’expulser les habitants du lieu-dit La Saulce à Notre Dame des Landes et continuent de détruire des maisons occupées. Ils rencontrent une résistance déterminée de la part des habitants et des citoyens venus les soutenir. Attac France condamne la répression employée face à cette résistance légitime. Elle soutient la lutte des opposants face aux appétits dévastateurs de la multinationale Vinci et exige l’arrêt immédiat des expulsions et des destructions.

Les forces de l'ordre mobilisées sont disproportionnées et n'hésitent pas à utiliser la violence, en témoigne ce qui est arrivé à Geneviève Coiffard-Grosdoy militante d'Attac, dangereuse « anarchiste » de 65 ans pour 1m50 ! Le 24 octobre dernier elle tentait de filmer la destruction du toit de la maison de la Gaîté Elle s'est fait "maîtriser", puis violemment arracher son caméscope au prix d'une fracture du doigt et de 21 jours d'ITT (interruption totale de travail).

Malgré cette violence, les opposants à l'aéroport sont de plus en plus nombreux à se mobiliser. La solidarité s'organise : depuis plusieurs jours, des centaines de personnes apportent nourriture, vêtements, et matériel, pour participer à cette lutte. Des gens du coin, mais également des gens venus de loin, car la mobilisation face à ce projet d'aéroport, écologiquement désastreux, budgétairement stupide et socialement injuste prend une dimension nationale.

Cette lutte exemplaire, vieille de plusieurs dizaines d'années, devient jour après jour un symbole de la résistance à un modèle de développement destructeur de la nature et des liens sociaux. Un modèle au service de la rentabilité des capitaux, puisque c’est pour installer « l'Ayraultport de Vinci » que des centaines de personnes vont être expulsées, des paysans mis sur la paille et des milliers d’hectares de bocage massacrés.

 

http://juralib.noblogs.org/files/2012/11/102.jpg 

 

 

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2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 17:17
 
 
Une foule en colère, contre un village d’insertion pour cinq familles roms. A Hellemmes (18 000 habitants), dans la banlieue de Lille, environ 200 personnes ont manifesté leur opposition à ce projet, samedi 27 octobre. Après avoir défilé devant le chantier du village, le cortège est parti à la recherche du maire, Frédéric Marchand (PS). Les manifestants l’ont alors violemment pris à partie, lui suggérant d’accueillir les Roms dans son jardin et surtout d’aider les « vrais Hellemmois ». « Je n’ai même plus de mots tellement je suis surpris et choqué par un tel déferlement de haine », décrit le maire. « J’ai failli me faire lapider ». Alors qu’il souhaitait s’éloigner de la foule, les manifestants lui ont barré la route, certains leaders appelant à le « bloquer ». Il n’est pas « Hellemmois d’origine », lui reproche l’un d’entre eux.
« Il y a eu certains crachats dans la foule et même quelques coups de pieds. (...) Tout en l’insultant, des membres du cortège ont même tenté de poursuivre le maire lorsqu’il s’est échappé par une porte », décrit le journal Nord Eclair. Les pères des familles Roms étaient prêts à discuter, explique l’élu. « Je leur ai dit : "N’y allez pas, vous allez vous faire lyncher" »
  
 
Le 22 octobre, des manifestants avait bloqué le chantier de ce village d’insertion. Quelques jours plus tard, une réunion publique d’information a failli dégénèrer en affrontements physiques. Il y a dix jours, quatre familles roms ont été expulsées de logements vacants qu’elles occupaient à Roubaix. Ces Quatre familles, qui occupaient depuis six mois deux maisons vides à Roubaix, ont été expulsées par la mairie avec l’aide de la police municipale. Une vingtaine de personnes, dont une quinzaine d’enfants, ont été mises à la rue. Les associations de quartier dénoncent une expulsion illégale. En guise de relogement, le maire a proposé quatre tentes...
 
 Les 5 familles d'Hellemmes vont être accueillies dans une démarche d’insertion. Un collectif s’est créé, et a recueilli en quelques jours plus de 400 signatures de soutiens.

Collectif « Soutien aux Roms à Hellemmes »

http://www.hellemmes-roms.org

 
(source texte : bastamag)
 
 
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1 novembre 2012 4 01 /11 /novembre /2012 16:42

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L'hypertension artérielle sévère ne sera plus prise en charge à 100%.

En France, 4,2 millions de personnes seraient concernées. Alors que 15 millions de Français souffrant d'hypertension artérielle sont recensés chaque année, la forme jugée "sévère" de cette maladie ne sera plus prise en charge à 100% par la Sécurité sociale, ont déploré mercredi 31 octobre la Fédération française de cardiologie, la Société française de cardiologie et l'Alliance du cœur. En cause : une décision du Conseil d'Etat qui la retire de la liste des "affections longue durée" (ALD), condition d'une prise en charge totale.

Le Conseil d'Etat "vient de rejeter le recours contre le décret du 24 juin 2011 supprimant l'hypertension artérielle (HTA) sévère de la liste des ALD", déplorent les associations dans un communiqué. Selon ce décret, l'hypertension artérielle était "la seule ALD à constituer un facteur de risque et non une pathologie avérée".

Les associations dénoncent une mesure d'économies

Cette disposition, contestée par les associations de patients, était prévue dans le budget de la Sécurité sociale 2011 et devait permettre d'économiser 20 millions d'euros, selon le précédent gouvernement. "L'hypertension artérielle sévère compliquée d'affections cardiovasculaires et rénales très handicapantes n'est plus reconnue pour des raisons purement économiques comme elle doit l'être : une maladie chronique très grave !" soulignent les associations.

Selon elles, les patients "verront donc dès à présent les frais médicaux restant à leur charge augmenter de plus 30%", précisent-elles, redoutant des "conséquences préjudiciables".

 (source texte : francetvinfo.fr)

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Ambroise Croizatest un homme politique français, il fut l'un des fondateurs de la Sécurité siciale et du système des retraites en France. Il est également secrétaire général de la Fédération CGT des travailleurs de la métallurgie et Ministre du travail et de la Sécurité sociale de 1945 à 1947.

En 1917, il s'inscrit aux Jeunesse socialistes et adhère au Parti socialiste en 1918. Il se déclare partisan de l'affiliation du parti SFIO à l’Internationale communiste. Il anime les grandes grèves de la métallurgie lyonnaise. Ambroise Croizat entre lui-même au Parti communiste dès sa fondation en 1920 et il est l'un des dirigeants des Jeunesses communistes de 1920 à 1928. Il devient un permanent du Parti communiste en 1925. En 1928[3], il est nommé secrétaire de la Fédération unitaire des métaux. En 1929 – et jusqu'à sa mort en 1951 – il est membre du Comité central, puis membre du Bureau de la Fédération de la jeunesse. Il déploie une intense activité militante dans de multiples endroits en France. En 1936, au moment où se réalise l'unité syndicale, il devient secrétaire général de la Fédération unique des métallurgistes rattachée à la CGT[5]. Aux élections générales législatives du 26 avril 1936, il est élu dans la deuxième circonscription du 14e arrondissement de la Seine.

Ambroise Croizat est député communiste de la Seine de 1936 à 1940. Il est négociateur de la convention de la métallurgie parisienne, négociateur des  accords de Matignon, rapporteur sur la loi des conventions collectives à la Chambre. Il est également négociateur dans le secteur des grands magasins et membre à la Chambre de la commission sur les armements. Arrêté dans la nuit du 7 au 8 octobre 1939 — comme d'autres députés communistes —, déchu de son mandat de député le 20 février 1940, il est condamné le 3 avril à cinq ans de prison et à 4 000 francs d'amende. Ayant transité par 14 prisons, il finit par être transféré en mars 1941 au bagne de la Maison carrée dans la banlieue d’Alger. Libéré le 5 février 1943, lors du débarquement allié en Afrique du Nord, il est nommé par la CGT clandestine à la commission consultative du gouvernement provisoire d'Alger. Ce n'est qu'une fois sa déchéance annulée le 28 octobre 1944 qu'il peut siéger à l'Assemblée consultative provisoire, au titre de la CGT. À la Libération, il est élu membre des deux Assemblées constituantes (scrutins du 21 octobre 1945 et du 2 juin 1946) puis de l'Assemblée nationale de 1946 à 1951.

Croizat est ministre du Travail du général de Gaulle du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946, puis ministre du Travail et de la Sécurité sociale du 26 janvier au 16 décembre 1946 (gouvernements Gouin et Bidault) et du 22 janvier au 4 mai 1947 (fin de la participation communiste au gouvernement).

Surnommé le « ministre des travailleurs », son nom reste attaché aux grandes lois relatives à la Sécurité sociale : mise en place de celle-ci, organisation administrative des caisses et des élections aux conseils d'administration des caisses et régimes des fonctionnaires. Son influence s'exerce aussi sur les projets concernant les comités d'entreprise, le statut des délégués du personnel, les conventions collectives, la prévention et la réparation des accidents du travail, le régime des prestations familiales. En vingt-huit mois, il accomplit ainsi une œuvre considérable.

"Jamais nous ne tolérerons que ne soit renié un seul des avantages de la sécurité sociale. Nous défendrons à en mourir et avec la dernière énergie, cette loi humaine et de progrès..." Dernier discours d’Ambroise Croizat à la tribune de l’Assemblée Nationale, en octobre 1950.

(source texte : wikipédia)

 

 

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31 octobre 2012 3 31 /10 /octobre /2012 19:33
 
-Quand on vous dit : Projet de réhabilitation des quartiers populaires
Comprenez : Comment se débarrasser des quartiers pauvres

- Quand on vous dit : Modernisation des bâtiments
Comprenez : Construire des logements plus chers

- Quand on vous dit : Lutter contre le mal logement
Comprenez :   Déplacer les populations qui ne peuvent pas se payer de bons logements

- Quand on vous dit : Dynamiser les quartiers
Comprenez :   Ne pas construire de HLM mais faire des bureaux car ça permet de récupérer la taxe professionnelle

- Quand on vous dit : Aménager l’offre de services
Comprenez :   Installer une grande surface pour tout avoir à portée de main sans avoir à se déplacer dans les quartiers commerçants

Quand on vous dit : Centraliser les services de proximité
Comprenez :   Pour accéder à votre service de santé vous ferez 10 km si vous le pouvez avec votre angine, votre entorse

- Quand on vous dit : Restructurer le réseau urbain
Comprenez :   Empêcher, au moyen de sens interdits, les habitants des quartiers populaires de se rendre dans le centre-ville ; en effet on n’a pas trop envie que ces habitants viennent se mélanger à ceux du centre-ville, alors que celui-ci est maintenant un peu plus propre

- Quand on vous dit : Améliorer la sécurité de vos quartiers
Comprenez :   Éliminer les squats

- Quand on vous dit : Développement des espaces sécurisés
Comprenez :   Installer des portails en fer et des caméras

- Quand on vous dit : Réaménagement des espaces verts
Comprenez :   Supprimer les jardins ouvriers pour les remplacer par des espaces verts avec des géraniums

- Quand on vous dit : Lutter contre l’insalubrité
Comprenez :   Ne pas donner d’argent pour rendre les logements salubres mais virer les squats

- Quand on vous dit : Lutter contre les nuisances sonores
Comprenez :   Fermer les lieux de vie car les gens trop joyeux ça fait trop de bruit

- Quand on vous dit : Favoriser la mixité sociale
Comprenez :   Construire des lofts et des maisons écologiques plutôt que des HLM où il n’y a que des pauvres

- Quand on vous dit : Responsabiliser la population
Comprenez :   Culpabiliser la population. Lui laisser faire les trucs un peu toute seule. La population doit bosser parce qu’elle nous saoule ; les habitants doivent s’organiser pour le traitement des déchets, faire 5 km à pied pour aller à la benne à verre avec leurs caddies

- Quand on vous dit : Mettre en place une police de propreté
Comprenez :   Arrêter de traiter les encombrants parce que ça fait venir les manouches ; si vous mettez vos déchets dans la rue une police viendra fouiller les poubelles pour retrouver votre nom

- Quand on vous dit : Répondre aux urgences
Comprenez :   Virer les mal-logés et les installer dans un camping

- Quand on vous dit : Améliorer la gestion du parc automobile
Comprenez :   Supprimant les places de parking gratuites en installant des parkings privés payants

- Quand on vous dit : Restructurer le tissu scolaire
Comprenez :   Fermer des classes et regrouper les élèves dans des classes de 50

- Quand on vous dit : Recruter des agents de proximité et des médiateurs
Comprenez :   Pour éviter de voir défiler des gens à la mairie avec leurs doléances ; désormais les habitants iront pleurer auprès de ces agents de proximité

- Quand on vous dit : Développer le réseau associatif
Comprenez :   Subventionner les associations qui sont d’accord avec nous et qui vont faire le travail à notre place.
Quand on vous dit : Manifestation
Comprenez : déploiement de CRS pour expulser les opposant(e) aux aéroports inutiles
Quand on vous dit : suivi d'élèves en difficulté dans la classe
Comprenez : on va ENCORE supprimer des postes de RASED
Quand on vous dit : nous avons déjà recréé une centaines de postes de RASED (sur les mille qu'on avait)
Comprenez : Je suis un gros menteur, et les RASED je m’en tape.
Quand on vous dit : Aménagement du temps de vie de l’enfant.
Comprenez : Se soumettre au lobby du tourisme.
Quand on vous dit : Aide aux élèves en difficulté(s).
Comprenez : S’ATTAQUER aux symptômes et mettre en place des réponses sécuritaires.
Quand on vous dit : Le changement c’est maintenant.
Comprenez : Vous allez encore en chier pendant 5 ans.
  
(Merci Michelle !!!)
    
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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 17:44

Oaxaca

 

Bettina Cruz Velasquez, indigène zapotèque en guerre contre les multinationales de l’éolien : « Ils sont en train de nous briser en morceaux »

L’Isthme de Tehuantepec est cette mince bande de terre séparant l’Atlantique et le Pacifique, au Sud du Mexique. Un territoire à l’écart, dont on parle généralement très peu. Les luttes menées par les peuples indigènes de la région méritent pourtant un large coup de projecteur. Présent sur place, l’ami Alèssi s’en charge, avec cet entretien conduit en mai 2012.

Bettina Cruz Velasquez habite Juchitan, petite ville dans l’Isthme de Tehuantepec, au sud de l’État d’Oaxaca. En mai dernier, elle nous parlait de la résistance des communautés indigènes de sa région contre les multinationales qui veulent en faire le plus grand parc éolien d’Amérique latine, et ce avec la complicité d’une classe politique régnant par un savant mélange de corruption et d’intimidation violente. Mais les gens de l’Assemblée des Peuples Indigènes de l’Isthme de Tehuantepec en Défense de la Terre et du Territoire ne se laissent ni corrompre ni intimider. Où l’on voit que la soi-disant énergie propre et renouvelable passe par des procédés bien sales...

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Tu es engagée dans le combat de l’Assemblée des Peuples Indigènes de l’Isthme en Défense de la Terre et du Territoire. Comment est-elle née et quels sont ses objectifs ?

Il s’agit d’une assemblée qui s’oppose aux mégaprojets éoliens actuellement en cours dans l’Isthme de Tehuantepec. Elle regroupe des camarades ikoots de San Mateo del Mar, San Dionisio del Mar, San Francisco del Mar ainsi que des camarades zapotèques de Santa Maria Xadani, Alvaro Obregon, Juchitan, La Ventosa, La Venta, Union Hidalgo, et San Blas Atempa (ce dernier pueblo n’est pas menacé par les projets éoliens mais est en lutte contre l’imposition de ses autorités communales et pour la récupération de ses terres communales). L’assemblée s’est formée en 2007 pour réagir à la présence dans la région de compagnies éoliennes multinationales ayant commencé depuis un certain temps à faire signer des contrats à des paysans indigènes. Des contrats léonins : tous les avantages et tout le profit vont à ces entreprises tandis que les gens ne récupèrent même pas 1 % de l’argent généré par ces projets.

Il s’agit de projets conçus sur trente ans. Quand leurs promoteurs ont présenté aux gens les contrats de location, ceux-ci étaient rédigés exclusivement en espagnol. Ils ne leur parlèrent qu’en espagnol alors que nous-autres ici parlons des langues indigènes. Nous appelons notre idiome didxaza, et les peuples ikoots parlent ce qu’ils appellent umbeyajtz. À aucun moment, les contracteurs ne leur ont parlé en ces langues. Beaucoup de paysans indigènes étant analphabètes et monolingues, il y avait dès le départ violation claire des droits des peuples indigènes. En outre, ils leur ont affirmé qu’il s’agissait seulement d’occuper une petite partie de leur terre et qu’ils pourraient continuer à utiliser la plus grande partie de celle-ci comme ils voudraient. Ce n’est pas du tout ce qui se passe. À présent que se déploie ce projet dans l’Isthme, nous voyons qu’il produit un désert, avec des conséquences désastreuses pour l’agriculture. En outre, le projet spécifique qu’ils veulent réaliser dans la zone lacustre de l’Isthme de Tehuantepec prévoit 132 aérogénérateurs sur la barre Santa Teresa. Ils veulent également y construire des quais de débarquement qui, à terme, détruiront les mangroves. Tout cela, ils ne l’ont jamais dit au début du projet, mais l’ont avoué bien plus tard. Comme il s’agit de contrats d’usufruit, ils peuvent modifier le projet quand ils veulent et utiliser les parties du territoire concerné comme ils veulent. Beaucoup de pueblos ont changé d’avis en apprenant cela.

Notre assemblée fournit des informations - que nul n’a jamais donné aux gens - sur les impacts écologiques de tels projets et passe beaucoup de temps à expliquer ce qu’impliquent les innombrables clauses des contrats civils qu’ils ont signé, contrats qui octroient aux entreprises l’usage et l’usufruit de leurs terres. Quand les gens s’en avisent, ils réfléchissent, et beaucoup décident ensuite de lutter pour défendre leur terre, leur territoire.

Il y a un précédent avec les parcs éoliens qui fonctionnent depuis une dizaine d’années à La Venta…

Dans les années 1980, l’éolien a commencé à se développer dans le monde et des entreprises se sont mises en quête des meilleurs emplacements pour produire cette énergie. C’est ainsi qu’ils ont découvert qu’il y avait beaucoup de vent dans cette partie de l’Isthme de Tehuantepec. Ils y ont ouvert en 1994 un premier parc éolien de six aérogénérateurs qui produisaient ensemble 1,5 mégawatt. Et en tirèrent de tels profits que le gouvernement mexicain décida d’impulser l’éolien dans cette région et convoqua les investisseurs pour exploiter nos ressources et s’installer sur notre territoire. Différentes rencontres se déroulèrent en 2000, et les gouvernants ont commencé à proposer le territoire de l’Isthme aux entreprises multinationales. Ces rencontres se déroulaient à Huautulco, dans l’État d’Oaxaca, un centre touristique « de classe mondiale »... Ils n’ont jamais invité aucun représentant du monde paysan, seulement des investisseurs. En fait, ils se sont répartis le territoire, exactement comme à l’époque coloniale ils se répartissaient l’Afrique ou l’Amérique entre chaque pays : une partie échoit à Prénéal, une partie à Endesa, à Emesa, à EDF, à ENEL… Tous ont récolté un morceau et sont ensuite allé trouver les paysans et les embobiner, leur raconter qu’ils allaient avoir le plein emploi et le développement en échange de ce qu’eux allaient gagner avec leur terre en produisant de l’énergie électrique. Ils ont commencé à recourir à diverses tactiques déjà utilisées à l’époque coloniale, allant jusqu’à s’introduire dans notre propre système d’us et coutumes : certains de leurs représentants ont tenté d’être nommés mayordomos ou de distribuer de la nourriture, de la bière. En parallèle, ils ont commencé à corrompre les autorités agraires, civiles…

En plus de la dépossession territoriale, il y a les dégâts écologiques considérables. En Europe, pourtant, les compagnies éoliennes parlent d’énergie propre…

Ce projet a des conséquences écologiques, sociales, culturelles et économiques sur toute la région de l’Isthme. Et ils n’ont jamais évoqué l’impact écologique, jamais. Alors qu’il est évident à plusieurs niveaux. Il y a déjà l’impact sur les oiseaux : l’Isthme est l’une des zones de migration les plus importantes en Amérique, des millions d’oiseaux y passent chaque année. En juillet dernier fut déclassifiée une note de la Banque Mondiale où il était dit que 6 000 oiseaux et 3 200 chauves-souris meurent chaque année à cause des hélices des 98 aérogénérateurs du second parc éolien qui a été installé ici, celui de La Venta. Quant on sait que dans notre région, ils veulent imposer une capacité de production éolienne de 33 000 megawatt… L’impact est trop brutal pour être ignoré. Non seulement parce que nous devons protéger les oiseaux qui font partie de l’équilibre écologique de notre planète, mais aussi parce que nous allons subir des conséquences sanitaires : les oiseaux et les chauves-souris mangent les moustiques, dispersent les semences, ils tiennent un rôle important dans la nature. De même, les entreprises éoliennes rasent d’énormes surfaces boisées bien entretenues jusqu’ici, ou des taillis où vivent de nombreuses espèces, depuis les fourmis jusqu’aux cerfs en passant par les tortues. Eux arrivent, rasent tout, arrachent de grands arbres, creusent des cavités énormes qu’ils remplissent de ciment et où ils viennent planter les aérogénérateurs… Leurs excavations atteignent jusqu’à nos ressources en eau : dans l’Isthme, les nappes phréatiques sont situées près de la surface, et ils sont en train de les endommager.

Et puis, le projet s’installe dans des zones agricoles importantes, dans ce que nous nous appelons le district d’irrigation. C’est là que nous produisons nos aliments, le maïs qui est la base de notre alimentation, le sorgo qui sert pour le bétail. Sans parler du bétail lui-même qui est affecté, notamment au niveau de la reproduction à cause du champ magnétique.
Ces projets remettent donc en cause notre souveraineté alimentaire, au moment même où nous voyons surgir des méga-entreprises comme Wal Mart et Soriana qui ouvrent des supermarchés dans l’Isthme… Ils veulent que les gens renoncent à semer, à cultiver, qu’ils soient payés pour louer leurs terres et qu’ensuite ils aillent acheter leur nourriture dans ces supermarchés.

Ils sont également en train de rompre tous les nœuds du tissu communautaire en provoquant des conflits entre familles, entre proches : certains acceptent les projets après avoir reçu de l’argent ou bien la promesse d’un emploi, ou quelque bénéfice que l’entreprise leur a octroyé via son réseau de corruption ; cela entraîne des litiges dans les familles, mais aussi entre pueblos, entre quartiers. Cette conflictualité nous fait perdre la base de notre identité : pour qu’un peuple indigène se perpétue, il faut avant tout qu’il conserve sa propre organisation et cohésion. Dans ce cas précis, les entreprises multinationales essayent de rompre notre cohésion pour pouvoir pénétrer.
Il y a aussi autre chose. Ces entreprises faisant venir leurs travailleurs d’Europe, notamment d’Espagne, cela a provoqué une vague de prostitution féminine. Cette exploitation sexuelle de nos femmes nous renvoie aux pires temps du colonialisme.

Nous n’avons jamais été consultés sur ces projets en tant que peuples indigènes. Le Mexique a pourtant signé en 1990 un traité international qui devrait s’appliquer à notre cas : l’article 169 de l’OIT prévoit l’organisation d’une consultation libre et informée avant d’entreprendre la réalisation d’un quelconque projet en territoire indigène. Il dit également qu’il faut respecter la décision finale des peuples. Rien de tout cela n’a été fait ici. Ni information ni consultation.

Au final, il se développe une situation de conflit global, conséquence du projet éolien. Les gens qui protestent et exigent qu’on respecte leurs droits sont menacés, voire agressés. Dans la communauté de San Dionisio del Mar, quarante camarades ont reçu des ordres d’arrestation envoyés par le président municipal, allié des compagnies éoliennes. Il se dit que ce dernier a reçu 20 millions de pesos en échange de sa signature sur le décret de changement d’usage du sol (qui d’agricole est subitement devenu industriel, et ce sans consulter en rien l’assemblée des comuneros).
À Union Hidalgo, des camarades en lutte contre le projet éolien ont été emprisonnés sur la demande de ces mêmes entreprises. Il y a persécution, il y a affrontement. Le 28 octobre 2011, ils nous ont délogés de La Venta où nous bloquions les accès au chantier. Là, c’étaient des transporteurs travaillant pour les entreprises Acciona et Eurus et des agents municipaux armés qui nous ont évacués et frappés. Ils m’ont personnellement frappée et menacée de mort ainsi que d’autres camarades. En plus, une personne a perdu la vie dans cette affaire, qui n’a toujours pas été éclaircie.

Puis, voici deux mois, tu as été arrêtée par les flics…

Le 28 février dernier, la Policia Federal m’a arrêtée, sans me dire quel était l’ordre d’appréhension. Ils m’ont embarquée dans une camionnette et m’ont amenée à Salina Cruz. Je suis restée cinq heures sans pouvoir contacter personne, les camarades ne savaient pas où j’étais. L’ordre d’appréhension stipulait « Privation illégale de la liberté » et « atteinte à la richesse nationale ». La « privation de liberté », c’était pour une manif que nous avons faite à Santa Maria Xadani dans une officine de la Compagnie Fédérale d’Électricité [CFE] ; et le délit d’ « atteinte à la richesse nationale », pour avoir dit publiquement qu’il faut se défendre, ne pas se laisser déposséder de nos terres, ne pas abandonner le territoire et refuser de payer les tarifs exorbitants.
Ce dernier point renvoie au fait que les tarifs électriques ne cessent d’augmenter dans la région, dans des proportions hallucinantes. Cela peut paraître paradoxal. La raison en est pourtant simple : du moment que l’énergie électrique se retrouve entre des mains privées, les soutiens et subsides que l’État pouvait accorder aux usagers disparaissent
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La CFE est l’une des entreprises la plus étroitement liée aux entreprises éoliennes - c’est sur sa requête que j’ai été appréhendée, parce que je participe aux mouvements de lutte contre les tarifs élevés. Je suis sortie assez vite, sous caution. L’affaire suit son cours et maintenant je suis censée démontrer mon innocence – au Mexique, les magistrats n’ont pas à démontrer ma culpabilité mais c’est à moi de prouver mon innocence et démontrer que nous avons le droit, après tout garanti par la Constitution, de manifester et de dénoncer ce qu’ils nous imposent…

Dans beaucoup d’autres États du Mexique on retrouve cette même lutte contre les tarifs élevés de la CFE, non ?

Oui, nous participons à un réseau national regroupant de nombreux pueblos du pays, de Campèche jusqu’à Chihuahua et qui a assuré une mobilisation dans tout le pays le 29 mars dernier. Nous souffrons tous de ces tarifs. Un paysan qui possède un frigo, quatre lampes, une radio et une télé payait récemment encore 300 pesos bimestriels ; aujourd’hui, il reçoit des notes de 800, 1 000, voire 1 500 pesos. Ce n’est pas possible.
En plus, le gouvernement mène actuellement une campagne visant à remplacer nos compteurs manuels par des digitaux, parce qu’il prépare la privatisation totale de l’énergie et qu’il entend contrôler notre consommation par satellite. Il ne sera même plus possible d’exiger une facture. Ils prétendent que tout fonctionnera bien mieux de manière digitale, mais nous savons qu’il n’en est rien, qu’il ne s’agit que d’un pas vers le contrôle et la privatisation totale de l’énergie. Voilà pourquoi nous disons à tout le monde de refuser de changer son compteur manuel pour un digital. Le pire, c’est qu’ils sont censés demander l’autorisation aux gens mais que la CFE entre clandestinement chez eux pour changer les compteurs. Et si les gens s’opposent, ils s’énervent et les menacent. Notre mouvement lutte donc aussi contre les nouveaux tarifs et les nouveaux compteurs.

Autre point : nous exigeons que les pueblos indigènes où existe une source d’énergie en soient les premiers bénéficiaires. Pour l’heure, nous n’en retirons aucun bénéfice. Dans l’État voisin du Chiapas est produite la majeure partie de l’énergie que consomme le pays, quasiment les ¾, et pourtant beaucoup de pueblos n’ont même pas l’électricité. Dans l’Isthme, on trouve dans la région montagneuse des Chimalapas des pueblos qui n’ont pas l’énergie électrique. Cette région est pourtant une importante productrice d’électricité : elle est passée de 1,5 mégawatt en 2006 à presque 1 300 actuellement ; ils disent même qu’en 2014 ils pourront en produire 5 000, et 14 000 en 2020.
Il s’agit d’une appropriation totale de notre territoire de la part d’entreprises multinationales qui veulent imposer leur vision du futur. Elles ne considèrent en rien qu’il s’agisse d’une zone habitée : pour elles, ce n’est qu’un espace vide où elles ont toute latitude de faire ce qu’elles veulent. Malheureusement, nos gouvernements, tant au niveau fédéral que régional et municipal, sont totalement corrompus. Ces entreprises achètent tout : les autorisations administratives, les gens, les consciences, les autorités communautaires... Et les compagnies qui vont bénéficier de ces projets sont des mastodontes du type Coca-Cola, Oxxo, Heineken, Moctezuma, Bimbo, les Ciments de Mexico, Walt Mart, Soriana, Aurera…

Il y a un véritable matraquage médiatique en faveur de l’éolien avec l’argument du développement : j’ai vu un nombre incalculable de fois en première page des journaux de Oaxaca que « L’Isthme a une forte potentialité dans l’éolien »…

Positionner l’énergie éolienne comme une énergie verte est un objectif politique du gouvernement de Calderon. Parmi les engagements qu’ils ont signés dans le protocole de Kyoto, il y a celui d’avoir en 2012 au moins 4 % de l’énergie qui soit renouvelable. Ils mettent le paquet là-dessus, font de la promotion tous azimuts comme si c’était la panacée, en prétendant que cela va amener du travail et du développement. Mais nous ne voyons rien de tel, ni travail ni développement, nous voyons seulement que c’est synonyme de conflit, d’appauvrissement et de toutes sortes de problèmes dans l’Isthme ; ils sont en train de nous briser en morceaux.
Concernant l’emploi, par exemple : pendant les travaux, 300 à 500 personnes travaillent dans la maçonnerie, le démontage ; mais une fois le projet terminé, il ne restera qu’une personne pour dix ou quinze aérogénérateurs. Ces techniciens viennent tous d’Espagne, il n’y a même pas d’emploi pour les gens d’ici. Quant au reste, comment parler de développement quand ils nous enlèvent nos moyens de subsistance, ce dont nous vivons, la terre, l’eau, l’air, tout ce que nous offre la nature ? Que nous apporte le développement ?
Le gouvernement parle lui en termes d’investissements millionnaires dans chaque parc ; mais 80 % de l’investissement sert à l’achat du matériel qui vient d’Espagne, d’Allemagne, du Danemark. Tout cet argent ne profite ni à l’Isthme ni au Mexique. Les 20 % restants sont destinés aux travaux d’installation, à payer la main d’œuvre et la maintenance des installations. Et ce qu’ils donnent aux gens dont ils occupent les terres est simplement dérisoire : 12 500 pesos annuels pour installer un aérogénérateur sur un hectare de terrain, quelque chose comme 100 $ par an. Autrement dit, ils paient un peso par mètre carré affecté –avec un peso mexicain, tu n’achètes même pas un chewing gum...

Quand les gens viennent ensuite leur demander une contribution pour un projet d’intérêt communal, comme une salle de classe par exemple, ils répondent « Nous ne sommes pas une œuvre de bienfaisance, nous vous payons la somme prévue par le contrat et c’est tout... » Tout ce matraquage médiatique est un mensonge ; il n’y a pas d’emploi, pas de développement. Par contre, il y a des dommages écologiques, il y a arnaque, il y a appauvrissement, il y a violence, il y a prostitution... Voilà ce que nous apporte le projet éolien dans l’Isthme de Tehuantepec.

Pour terminer : comment vois-tu la suite ? Étant donné que les entreprises viennent d’Europe, vous envisagez une internationalisation de la lutte ?

Ce serait une très bonne chose. Nous sommes une organisation encore jeune, née de cette problématique précise ; mais nous nous sommes également joints à d’autres luttes dans le pays : contre les projets miniers ou contre les projets hydroélectriques, qui font partie d’un processus de dépossession territoriale de la part d’entreprises multinationales. C’est une phase que le capitalisme mondial doit mener à bien pour se recapitaliser en ces temps de crise : il a besoin d’autres espaces et d’autres ressources à exploiter, et il les cherche en grande partie dans les territoires indigènes où se trouvent l’eau, l’air, les minerais qui vont ensuite servir à la consommation des grandes métropoles. Voilà pourquoi ils nous dépossèdent. Et pas seulement dans l’Isthme, mais dans tout le pays, dans toute l’Amérique latine, où des fortes résistances sont en cours contre les mêmes entreprises - Endesa, Union Fenosa... - qui font assassiner des gens en Colombie, en Équateur, au Nicaragua, ou qui sont en train de privatiser l’eau au Guatemala...

Pour cela il est important de construire des réseaux de résistance au niveau local, au niveau national et au niveau international. Je crois que beaucoup de gens en Europe en ont aussi marre de ces entreprises, qui agissent de la même manière partout. Le capital n’a pas de nation, dit-on.

Il ne s’agit pas d’une lutte étrangère. Nous nous battons pour la reconnaissance du fait que les peuples indigènes sont ceux qui savent le mieux conserver l’habitat, ce qui reste de cette planète, à l’encontre du marché. Mais c’est une responsabilité qui incombe à tous, pas seulement aux peuples d’Amérique latine. Nous devons tous défendre ce patrimoine universel. Parce que la question des énergies renouvelables laissée aux mains de ces multinationales va tous nous conduire à un semblable désastre. On parle du changement climatique tout en confiant la solution aux entreprises qui en sont responsables ! Celles-ci prônent la marchandisation de tout type d’énergie alors qu’il faudrait s’en remettre au peuple : c’est seulement aux mains du peuple qu’elle produirait une valeur d’usage et non de vente. Voilà ce que nous autres pensons depuis ce territoire de l’Isthme.

La lucha sigue...

 

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 17:09

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Mariage homo, mariage gay, mariage pour tou-te-s ?

Les opposant-e-s au projet de loi utilisent les expressions “mariage homo” et “mariage gay" pour donner l’impression que ce sont des revendications communautaristes qui réclament des lois spécifiques, alors que c’est exactement l’inverse : aujourd’hui le mariage est réservé à la "communauté" présumée hétéro ! Avec le mariage pour tou-te-s, il s’agit d’obtenir les mêmes droits pour toutes et tous. Les lesbiennes, les trans, les bi, les gays, les hétéros composent la société ensemble et à ce titre, ils et elles ont droit aux mêmes droits.

 

Pourquoi les opposant-e-s au mariage mettent-ils le mot “mariage” entre guillemets ?

Pour dénigrer cette forme d’union. Certain-e-s parlent aussi de “duos homosexuels” dans le but de rabaisser les couples de même sexe qui ne mériteraient donc même pas le qualificatif de couple... Pourtant, la loi de 1999 sur le Pacs et le concubinage prévoit déjà que le couple peut être formé de deux personnes de sexes différents ou du même sexe. “Couple”, c’est donc le bon mot selon le Code civil et aussi selon le dictionnaire.

 

Le Pacs ne suffit-il pas ?

Non. Les droits donnés par le Pacs et le mariage sont très différents ! Contrairement au mariage, le Pacs ne prévoit pas la protection du ou de la partenaire survivant-e en cas de décès (pensions de reversion, droits de succession). Il ne prévoit pas non plus les droits extra-patrimoniaux liés à la famille, comme le port du nom de son ou de sa partenaire, ou les liens de parentalité et droits de filiation. En conclusion, le couple marié est mieux protégé par la loi que le couple pacsé.
Il est inacceptable que l’Etat français, dont la devise est pourtant "liberté, égalité, fraternité", discrimine légalement les couples sur la base de l'orientation sexuelle des partenaires.

 

Est ce qu'il pourrait suffire d'améliorer le Pacs, ou de proposer aux couples homosexuels une union civile ?

Il est symboliquement très important que la loi donne aux couples homosexuels les mêmes droits qu'aux couples hétérosexuels, et que leurs unions portent le même nom. Si le mariage civil des couples hétérosexuels devait aussi être renommé "union civile" alors pourquoi pas ! Mais n'est-il pas plus simple et plus clair d'ouvrir à tous et à toutes la possibilité de se marier ?

 

Le mariage est-il une attente du “lobby homosexuel” ?

S’il existe un lobby homosexuel, nous en voulons bien l’adresse ! L’homophobie aurait été annihilée et le mariage pour tou-te-s voté depuis longtemps.
Plus sérieusement, il existe des associations militantes qui revendiquent certains droits mais elles peuvent difficilement être qualifiées de lobby puisqu’elles ne revendiquent pas l’octroi de droits spécifiques ! L’objet des revendications est bien d'obtenir les mêmes droits que les hétérosexuel-le-s.
L’objet des revendications des associations telles que SOS homophobie est bien que les couples de même sexe aient les mêmes droits que les couples hétérosexuels.

 

Est-ce que l'ouverture de mariage à tous les couples risque de bouleverser notre société ?

Non ! L’homosexualité a toujours existé, de même que les couples de même sexe. Par ailleurs notre société a évolué… maintenant la loi doit suivre. La majorité de la population française est favorable à cette loi, la société est prête.
Onze pays, de trois continents différents, ont déjà légalisé le mariage pour les personnes homosexuelles sur l'ensemble de leur territoire. Par exemple, les Pays Bas, il y a déjà onze ans, et ce pays ne s’en porte pas plus mal. De même que l’Afrique du Sud depuis 2006, l’Espagne depuis 2005 ou la Belgique depuis 2003. Pas de bouleversements de société en vue. La crise économique internationale n’a rien à voir avec la généralisation du mariage pour tou-te-s.

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Le mariage pour tou-te-s va-t-il dénaturer l’institution du mariage ?

Non. Le mariage est une institution qui n’a rien de naturel. D’ailleurs, dans la loi, le mariage n’est que partiellement une institution, c’est aussi un contrat. Donner de nouveaux droits aux homosexuel-le-s n'enlèvera rien aux hétérosexuel-le-s.

 

Le mariage est-il sacré ?

Cette question est hors sujet. C’est du mariage civil dont il est question ici. L'évolution du mariage religieux ne dépendra que des institutions religieuses concernées.

 

Les Eglises n’ont-elles pas leur mot à dire ?

Tout le monde peut contribuer au débat, puisqu’en France, l’expression est libre. Mais nous sommes dans un pays laïc. Les Eglises et l’Etat sont séparés depuis la loi de 1905, et les responsables des différentes confessions ne peuvent pas interférer avec le processus législatif.

 Le mariage est-il une institution millénaire ?

Certainement pas. Quand bien même il le serait, est-ce que cela voudrait dire qu’il ne doit pas évoluer ?
Le mariage civil est régi par un ensemble de lois qui donnent des droits et imposent des obligations au couple, pour l’organiser et pour protéger les plus faibles à l'intérieur de la famille (conjoint-e-s, enfants quand le couple se sépare ou qu’un parent décède). Les lois doivent s'adapter à l’évolution de la société. Et en la matière, le droit français n’est pas un grand rapide. La dernière grande réforme du droit matrimonial date de 1985, moment où les deux époux devenaient enfin égaux devant la loi. La dernière grande réforme de la famille date elle de 2004, quand les enfants (né-e-s de parents hétérosexuel-le-s) sont aussi enfin devenus égaux : légitimes, naturel-le-s, adultérin-e-s, ils et elles ont désormais les mêmes droits. Seuls restent à l’écart les enfants né-es de parents homosexuel-le-s.

 

Le mariage, c’est un homme et une femme !

Ce n’est qu’une question de définition. Oui pour l’instant selon le droit français ; non ailleurs ou en France lorsque la loi aura changé.
Rappelons qu’au départ le Code civil n’indique pas explicitement que les marié-e-s doivent être de sexes différents. L’article 144 du Code civil, qui est interprété comme imposant que le mariage soit conclu entre un homme et une femme, indique seulement que “L'homme et la femme ne peuvent contracter mariage avant dix-huit ans révolus.” C’est la Cour de Cassation, lors de la fameuse affaire du mariage de Bègles, qui a annoncé en 2007 que selon cet article “le mariage est l'union d'un homme et d'une femme".

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Je connais un-e homosexuel-le qui ne veut pas se marier !

Oui, et alors ? Il y a aussi des hétéros qui sont pour le mariage pour tou-te-s et des hétéros qui ne veulent pas se marier. Le mariage pour tou-te-s doit permettre à chaque couple de choisir entre l’union libre, le Pacs et le mariage. Que chaque couple ait le droit de ne pas se marier ! Le droit de se marier, ce n’est pas l’obligation de se marier, les hétérosexuel-le-s sont bien placé-e-s pour en parler.

 

Les maires pourront-ils refuser de marier les homosexuels ?

Evidemment pas. Est-ce qu’il serait acceptable qu’un maire refuse de marier un couple d’âges, d’origines ethniques, d’origines sociales ou de confessions religieuses différentes par exemple ? Quand la loi sera en vigueur, le mariage pour les couples de même sexe sera légal, ce sera un droit.
Le-la maire est non seulement un-e citoyen-ne – donc soumis-e à la loi comme les autres – mais aussi et surtout il-elle est un-e représentant-e de l’Etat. A ce titre il-elle est chargé-e de l’exécution de la loi dans sa commune (article L2122-27 du Code général des collectivités territoriales). Il-elle ne peut donc pas s’y soustraire et refuser de marier un couple de même sexe si la loi autorise ce mariage.

 

Le mariage sert-il à faire des enfants ?

Non, les couples hétérosexuels stériles et les personnes hétérosexuelles trop âgées pour faire des enfants ont le droit de se marier. Le mariage n’impose aucune obligation de faire des enfants. Ne s’agit-il pas là d’une confusion avec le mariage religieux qui lui conçoit l’union comme ayant vocation à construire une famille ?

 

Existe-t-il des études qui montrent que les enfants sont moins bien élevé-e-s par des parents gays ou lesbiens ?

Non. 70 articles scientifiques consacrés au développement de l’enfant dans les familles homoparentales n’ont pas montré de différences significatives entre les enfants élevé-e-s dans des familles homoparentales et les autres, et en particulier aucun impact sur l'orientation sexuelle : évidemment, on ne devient pas homo quand on est élevé par des homos ! Sinon les hétéros n’auraient que des enfants hétéros... Les enfants élevés par des couples homosexuels ne souffrent pas de l’homosexualité de leurs parents, mais de l’homophobie de celles et ceux qui, à l’école ou ailleurs, cherchent à les stigmatiser. C’était la situation des enfants de divorcés avant que le divorce ne devienne plus fréquent et que cette stigmatisation ne disparaisse.

 

Il y a déjà trop peu d’enfants adoptables par des couples hétéros !

Il y a effectivement beaucoup moins d’enfants légalement adoptables en France que de candidat-e-s à l'adoption. Il serait toutefois parfaitement discriminatoire de décider que, lorsque l’adoption par les couples homos sera possible, les couples hétéros seront prioritaires. La remarque trahit précisément l’idée d’établir une hiérarchie entre les couples en fonction de l’orientation sexuelle des partenaires. Un couple dont l’un-e, l’autre ou les deux partenaires sont bisexuels aurait-il moins de droits que le couple hétérosexuel ?

 

L'adoption va-t-elle faire arriver les enfants dans les familles homoparentales ?

Ils y sont déjà ! Selon les sources, entre 50 000 et 300 000 enfants vivent déjà dans des familles homoparentales en France. Il s’agit de situations diverses : des enfants initialement né-e-s alors que leurs parents étaient en couple hétérosexuel, des enfants né-e-s grâce à une PMA réalisée à l’étranger, des ami-e-s qui forment un projet parental entre eux-elles... Ce que la loi va apporter à ces enfants, c’est une sécurité supplémentaire, les mêmes droits que ceux qu’elle donne aux enfants élevé-e-s dans des familles hétéros, la même protection en cas de décès d’un des parents ou en cas de séparation du couple. Permettre l’adoption de l’enfant du-de la conjoint-e à l’intérieur d’une famille homoparentale, c’est sécuriser les enfants !

 

Pourquoi revendiquer la procréation médicalement assistée pour les couples de lesbiennes ?

Parce que la loi va entériner le fait qu’un enfant peut avoir deux parents du même sexe, et que les couples hétérosexuels stériles ont, d'après la loi actuelle, le droit d’avoir recours à la PMA. L’impossibilité d’accéder à la PMA pour les lesbiennes serait incohérente et injuste : mariées, elles doivent avoir le même droit à la PMA que les couples hétéros eux aussi mariés. Les lesbiennes devraient y avoir accès suivant les mêmes conditions que les couples hétérosexuels : si elles sont mariées ou peuvent justifier d'une vie commune d'au moins deux ans.

 

Les enfants ont-ils le droit d’avoir un père et une mère ?

Oui les enfants ont le droit d’avoir un père et une mère mais ils n’ont pas l’obligation d’avoir un père et une mère ! Corrélativement, les parents d’un enfant n’ont pas l’obligation de lui « fournir » un père et une mère. Sinon l'état devrait imposer au million de femmes élevant seules un enfant de vivre avec un homme et vice versa pour les pères qui élèvent seuls leurs enfants. Il faudrait aussi supprimer les procédures qui ont pour conséquence de ne laisser qu’un parent à l’enfant (adoption par un-e célibataire) ou même aucun (accouchement sous X). Et que faire en cas de décès d’un des deux parents ?
Le droit de l’enfant, c’est celui d’être protégé par l’Etat. De fait, aujourd’hui en France, des dizaines de milliers d’enfants vivent dans des familles homoparentales sans aucune reconnaissance légale, dans un total vide juridique.

 

"Les enfants ont besoin d'un double référent paternel/maternel"

Ces “référentiels” binaires ne cachent-ils pas une vision sexiste de la famille ? Est-ce qu’il doit réellement y avoir un rôle attribué au papa et un autre à la maman ? Quel rôle exactement ? L’homme, viril nécessairement, doit travailler pour représenter l’autorité, rapporter de l’argent dans le ménage et aller regarder des matchs de foot ? Pendant que la femme, elle, jolie, douce, soumise, s’occupe des enfants et fait le ménage ? Encore une fois, que faire des parents célibataires ?
Et puis, les parents ne sont pas les seuls référents adultes d’un enfant : le reste de sa famille et de son entourage sont autant de modèles possibles.
Ce dont les enfants ont besoin, c’est de parents qui les aiment et prennent soin d’eux, deux caractéristiques qui ne sont pas liées à l’orientation sexuelle des parents.

 

Peut-il y avoir un référendum sur le sujet ?

Oui, mais est-ce que la tenue d'un référendum sur le sujet serait plus démocratique? Non, car le suffrage universel a déjà tranché : le mariage et l’accès à la parentalité pour tou-te-s étaient l’engagement 31 du candidat François Hollande, et cinq autres candidats s’étaient clairement engagés pour l’égalité des droits.
Par ailleurs, de nombreuses avancées sociales n’ont pas fait l’objet d’un referendum (autorisation du divorce, légalisation de l’interruption volontaire de grossesse). Et que dire de l’abolition de la peine de mort qui n’était même pas soutenue, en son temps, par une majorité de la population ? N’était-ce pas pour autant une grande avancée de société ?

 

Bientôt des enfants avec quatre parents ?

Cette structure familiale existe déjà et peut être vécue en tout équilibre ; il s'agit principalement de familles dans lesquelles les parents hétérosexuels se sont séparés et ont trouvé un nouveau ou une nouvelle partenaire, mais aussi de certaines familles homoparentales. C’est le principe des familles recomposées que d’avoir pour effet de donner plus de deux parents à un enfant.

 

 Aujourd'hui, le mariage, demain la pédophilie, l'inceste ?

Ce sont des amalgames particulièrement insultants ! La polygamie, l’inceste et la pédophilie ne sont pas des synonymes de l’homosexualité ! Polygamie, inceste et pédophilie sont des actes interdits par la loi et leur commission n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle de leur auteur-e. Tout cela relève de la manipulation par la peur et du fantasme, fantasmes par ailleurs déjà exprimés lors des débats sur le Pacs…

 

Le mariage homosexuel c'est consacrer le droit à l'enfant, au lieu des droits de l'enfant !

Si permettre aux homosexuel-le-s d’avoir des projets de parentalité consacre le droit à l’enfant au lieu des droits de l’enfant, alors cela revient à considérer que les couples hétérosexuels n’ont des enfants que par accident ! Les couples hétérosexuels ont eux aussi des projets, d’avoir des enfants ou non, d’utiliser des moyens de contraception, d’avoir des enfants à telle époque de leur vie et de leur couple ou non, de recourir en cas de besoin à différentes techniques telles que le don de gamètes, la fécondation in vitro, l’adoption, etc. Les hommes et les femmes décident donc déjà de quand et comment avoir leurs enfants. Le droit de l'enfant est celui d'être élevé dans un cadre protecteur et aimant !

 (Plus d'infos et de liens sur le site de sos-homophobie.org d'où est tiré cet article)

 

 

 

 

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30 octobre 2012 2 30 /10 /octobre /2012 15:49
 
Humayun est journaliste. En octobre 2011, il  a fui le Bengladesh en raison de tortures et de menaces de mort. Au Bengladesh, écrire sur la corruption du gouvernement c’est risquer sa vie. Pourtant, le Bengladesh est considéré comme un…pays sûr. En d’autre termes, venir d’un pays « sûr » signifie qu’on pas le de droit à l’hébergement, ni au travail…
 
 
 
 
 
 
 
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